TRIPOLI (Reuters) - Saïf al Islam Kadhafi, fils le plus engagé en politique de Mouammar Kadhafi, a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi dans le sud de la Libye puis transféré dans la ville de Zentane, plus au nord, ont annoncé samedi le ministre de la Justice du gouvernement provisoire et d'autres responsables libyens.
La chaîne de télévision Free Libya a diffusé une photo montrant Saïf al Islam après son arrestation. On le voit une main bandée, les jambes sous une couverture, assis sur un canapé.
Une foule de plusieurs centaines de personnes en colère s'est massée à l'aérodrome de Zentane, empêchant les gardiens de Saïf al Islam d'évacuer de l'appareil celui-ci ainsi que ses quatre gardes du corps arrêtés. Certains manifestants ont même tenté de monter à bord de l'avion mais ils ont été refoulés par les combattants. A l'intérieur de l'avion, un journaliste de Reuters a vu l'homme arrêté, qui ressemblait fort à Saïf al Islam, malgré la longue barbe qui lui a poussé.
A La Haye, la Cour pénale internationale (CPI), qui a inculpé Saïf al Islam de crimes contre l'humanité, a déclaré avoir reçu confirmation des autorités libyennes de la capture de celui-ci.
"Nous nous coordonnons avec le ministère libyen de la Justice pour faire en sorte que toute solution retenue concernant l'arrestation de Saïf al Islam soit conforme au droit", a déclaré Florence Olara, porte-parole de la CPI.
Le ministre de la Justice Mohamed Al Alagui a dit être en contact avec la CPI sur le traitement à réserver au captif, que soit en Libye ou à La Haye.
"Nous autres, Libyens, ne nous opposons pas à ce que des observateurs internationaux viennent superviser les procédures pénales qui viseront les emblèmes de l'ancien régime", a-t-il dit à la chaîne qatarie d'information en continu Al Djazira.
Les combattants de Zentane, l'une des puissantes factions qui détiennent le pouvoir en Libye actuellement, ont déclaré qu'ils comptaient détenir Saïf al Islam dans la ville de Zentane jusqu'à ce qu'un gouvernement libyen soit constitué, auquel ils pourront le livrer.
GRÂCE À UN RENSEIGNEMENT
Le Premier ministre désigné Abdel Rahim al Kib doit former un gouvernement d'ici mardi, et le sort de Saïf al Islam, que les Libyens veulent juger eux-mêmes avant de le transférer éventuellement à la CPI, sera l'un des premiers tests de son aptitude à se faire obéir.
Longtemps considéré comme l'héritier politique de son père, Saïf al Islam, qui est âgé de 39 ans, a été capturé près d'Obari, petite ville pétrolière au sud-ouest de l'oasis de Sebha, sur une piste menant vers la frontière algérienne.
"Nous avons arrêté Saïf al Islam Kadhafi dans la région d'Obari", a confirmé Mohamed al Alagui à Reuters, précisant qu'il n'avait pas été blessé.
Plusieurs gardes du corps se trouvaient avec lui, mais pas d'autres responsables de l'ancien régime.
Selon un combattant de la brigade anti-Kadhafi Khaled bin al Walid, Saïf al Islam, âgé de 39 ans, a été capturé sur la foi d'un renseignement indiquant qu'il se trouvait dans le secteur d'Obari depuis un mois.
"Ils (lui et ses hommes) ne pouvaient pas partir de là parce que nous avions pris nos dispositions", a dit ce combattant, Wissam Doughali, ajoutant que Saïf al Islam circulait à bord d'un 4x4.
Saïf al Islam n'a plus été vu en public depuis le 23 août dernier alors que les forces du Conseil national de transition libyen (CNT) étaient sur le point de prendre le contrôle total de la capitale, Tripoli.
Après s'être probablement replié sur Syrte, où son père a été capturé puis tué le 20 octobre, il aurait fui vers le sud, se rapprochant de la frontière avec le Niger.
Selon des informations confirmées partiellement par la CPI, il avait pris indirectement contact avec l'institution judiciaire internationale à la fin du mois dernier pour préparer semble-t-il sa reddition.
On ignore le sort de l'ancien chef du renseignement libyen, Abdallah al Senoussi, lui aussi visé par un mandat d'arrêt de la CPI. Des huit enfants qu'avaient eus Mouammar Kadhafi, trois sont morts, dont Mouatassim, tué le même jour que son père, lui aussi à Syrte, ou considérés comme tels. Quatre autres se sont exilés, Saadi au Niger, et Hannibal, Mohamed et Aïcha en Algérie, qu'ils ont gagnée avec leur mère dès le mois d'août.
reuters !
Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français
maintenant pourvu qu'on prenne le temps de le juger et le bien juger !!!