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| L'eau en Tunisie | |
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Ghoul Homo Pacificus
Nombre de messages : 2552 Age : 50 Date d'inscription : 02/07/2007
| Sujet: L'eau en Tunisie 5/11/2007, 14:24 | |
| Intéressant article sur l'eau en Tunisie - Spoiler:
Régime sans sel TUNISIE - 7 octobre 2007 - « On sait ce qu’il faut faire pour satisfaire les besoins en eau potable de l’ensemble des Tunisiens. Nous planifions aujourd’hui nos opérations jusqu’en 2030 », explique Fethi Zeriaa, directeur de l’exploitation à la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede), laquelle fêtera son quarantième anniversaire en 2008. Le taux d’alimentation en eau potable de la population rurale (3,5 millions d’habitants) devrait atteindre près de 95 % l’an prochain, contre 10 % en 1968. La population urbaine (6,5 millions de personnes) est déjà desservie à 100 % depuis 1982. Ces pourcentages sont les plus forts d’Afrique. La Sonede dispose aujourd’hui d’un réseau de 43 400 km (qui s’accroît chaque année de 1 200 km) et produit 440 millions de m3 (contre 260 millions en 1987).
Pourquoi, dans ces conditions, planifier jusqu’en 2030 ? Parce que l’équation de l’eau n’est pas facile à résoudre dans un pays semi-aride comme la Tunisie, analyse Mourad Ben Mansour, chef de la division des études tarifaires et économiques. Il y a d’abord la faiblesse du potentiel hydraulique*. 450 m3 par habitant et par an, c’est dix fois moins qu’en France et quinze fois moins qu’en Grèce. Puis le caractère irrégulier des précipitations et l’éloignement des ressources des grands centres de consommation : 86 % de celles-ci se trouvent dans le Nord, loin du littoral, où se concentre l’essentiel de l’activité. Enfin, la salinité excessive d’une part importante des ressources. Seulement 54 % d’entre elles ont un taux inférieur à 1,5 g de sel par litre, norme requise pour que l’eau soit potable.
Parallèlement, la consommation augmente régulièrement (de 2,5 % par an, en moyenne) en raison de l’amélioration du niveau de vie et de l’accroissement démographique (13 millions d’habitants en 2030, contre 10 millions en 2006). Si rien n’est fait, les Tunisiens ne disposeront plus, dans vingt-trois ans, que de 320 m3 par an en moyenne, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe à 1 000 m3 la limite en dessous de laquelle un pays est pauvre en eau.
Quelles sont les solutions ? La mobilisation des ressources a atteint 89 % en 2006, grâce à de considérables investissements dans les infrastructures de captage. La Tunisie compte aujourd’hui 29 barrages classiques, 221 barrages et 741 lacs de montagne (également dits collinaires), 5 200 forages profonds et 130 000 forages de surface. Sa capacité totale est aujourd’hui de 4,1 milliards de m3, contre 2,6 milliards en 1990. Pour atteindre l’objectif de 4,4 milliards de m3 en 2011, il faudra construire une vingtaine de barrages supplémentaires. Le taux de mobilisation s’élèverait alors à 95 %. Mais aller plus loin coûterait tellement cher que l’idée est née de recourir aux ressources non conventionnelles provenant du dessalement des eaux saumâtres et/ou de l’eau de mer, mais aussi de la réutilisation des eaux épurées pour l’irrigation et l’arrosage.
Selon Mohamed Zaara, directeur du dessalement et de l’environnement, la part de l’eau dessalée dans la consommation pourrait atteindre 20 % en 2030, cinq fois plus qu’aujourd’hui. À condition que la Tunisie franchisse un nouveau cap technologique. Elle a déjà expérimenté le dessalement des eaux saumâtres dont le degré de salinité est supérieur à 3 g/l. Quatre stations sont déjà en service : à Kerkennah, depuis 1984 (3 300 m3/jour) ; à Gabès (de 25 500 m3/j en 1995 à 34 000 m3/j en 2006) ; à Zarzis, depuis 1999 (15 000 m3/j) ; et à Djerba, depuis 2000 (20 000 m3/j). En tout, ces quatre stations produisent donc 18 millions de m3/an.
La prochaine étape consistera à dessaler l’eau de mer, dont le degré de salinité est dix fois plus élevé (40 g/litre). Un appel d’offres international pour la construction d’une première usine d’une capacité de 50 000 m3/jour a été lancé (coût : 60 millions de dinars). L’analyse des réponses est en cours et la short-list des entreprises préqualifiées sera rendue publique à la mi-novembre. Installée dans le nord de l’île de Djerba, à proximité des grands centres de consommation (résidentiels ou touristiques), cette usine devrait produire de l’eau potable à partir de 2010 et sécuriser les besoins locaux jusqu’en 2025.
Quatre autres projets d’une capacité identique figurent dans les cartons de la Sonede. La première usine sera située à Zaarat et alimentera deux gouvernorats du Sud (Médenine et Gabès). L’appel d’offres sera lancé en 2008 et la mise en service est prévue en 2011-2012. Les trois autres usines seront implantées à Sfax, la capitale économique du Sud, et devraient être opérationnelles respectivement en 2015, 2020 et 2025.
Avec le développement parallèle du dessalement des eaux saumâtres - dix nouvelles stations d’ici à 2009 (36 200 m3/jour), huit autres à partir de 2010 (32 500 m3/jour) -, « nous devrions atteindre 500 000 m3/jour en 2025, cinq fois plus qu’aujourd’hui », résume Mohamed Zaara. Alimentée aujourd’hui par l’énergie électrique (provenant essentiellement du gaz naturel), les futures usines pourraient l’être, demain, par l’énergie nucléaire. Des études sont en cours, à horizon 2020…
Quel coût ? Les estimations oscillent entre 0,5 et 0,8 dollar le m3 pour l’eau de mer dessalée, ce qui reste dans la fourchette des coûts de production actuels : entre 0,15 et 1,5 dinar (0,12 à 1,2 dollar), selon les endroits. « C’est le coût de transport qui pèse le plus lourdement sur le prix de revient. Dès que la distance de distribution dépasse 100 km, il faut réfléchir à d’autres solutions », explique Zaara. Après avoir augmenté ses tarifs de 5 % en 2005, la Sonede a simplifié sa grille en appliquant un prix progressif. Les hôtels et les gros consommateurs privés (villas, piscines) paient six fois plus que les petits. Une façon d’encourager un « usage rationnel et efficient » de l’eau. Les Tunisiens raccordés au réseau Sonede consomment, en moyenne, 75 l par jour. Soit trois fois plus que la moyenne africaine, mais cinq fois moins que le niveau européen.
*Le potentiel hydraulique renouvelable annuel est de 4,6 milliards de m3, dont 57 % pour les eaux de surface (pluies) et 43 % pour les eaux souterraines.
http://www.jeuneafrique.com/pays/tunisie/article_jeune_afrique.asp?art_cle=LIN07107rgimelessna0 | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Le tourisme exerce une pression croissante sur les ressources en eau 25/7/2008, 19:11 | |
| C'est l'été. La période où les hôtels et plages des bords de Méditerranée se remplissent. Pour le bonheur des vacanciers. Mais qu'en est-il de la (sur)consommation des ressources du pays qui pratique le tourisme de masse ? L'augmentation de la population locale (sa hausse démographique) et de la fréquentation touristique (en croissance permanente et avec encore de fortes perspectives) fait craindre des conflits d'usage de la ressource eau dans de nombreux pays méditerranéen, dont la Tunisie. Et la concurrence avec le secteur agricole, actuel principal consommateur d'eau, nécessite de plus en plus un arbitrage entre les différents usages. Les gains liés au tourisme sont important et à forts enjeux (devises, emplois), mais se réalisent au détriment de la sécurité alimentaire de la population locale. - Citation :
Certaines solutions sont déjà mises en oeuvre. La Tunisie, par exemple, qui accueille 7 millions de touristes par an, veut ramener la consommation de 560 litres par lit occupé et par jour à 300 litres. "Si nous ne maîtrisons pas la consommation, nous aurons des problèmes d'ici une quinzaine d'années", affirme Jean Mehdi Chapoutot, expert en développement touristique dans ce pays.
- Spoiler:
Enquête
Le tourisme exerce une pression croissante sur les ressources en eau des pays méditerranéens
LE MONDE | 25.07.08 | 15h42 • Mis à jour le 25.07.08 | 15h42
En temps normal, environ 150 millions de personnes vivent sur le littoral méditerranéen. En juillet et août, la population explose : quelque 250 millions de visiteurs convergent sur les côtes, faisant de la Méditerranée la première région touristique au monde. Cet afflux constitue une source de revenus indispensable pour les pays concernés, mais exerce une pression de plus en plus forte sur l'environnement, au point qu'écologistes, experts et élus s'en alarment. La surexploitation des ressources en eau les inquiète particulièrement.
De 1995 à 2004, certains pays ont connu des taux de croissance annuels du tourisme très élevés, comme la Croatie (+ 20 % par an), la Syrie (+ 15,7 %), l'Egypte (+ 11,7 %), l'Algérie et la Turquie (+ 10 %). Selon les projections effectuées par le Plan Bleu, organisation dépendante du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) chargée de la Méditerranée, la fréquentation touristique de la région pourrait atteindre 637 millions de personnes en 2025. Pour Paolo Lombardi, directeur du bureau méditerranéen de l'organisation écologiste WWF, le tourisme sera dans les années à venir "le principal facteur de dégradation écologique des côtes méditerranéennes". Une première conséquence saute déjà aux yeux des visiteurs : 42 % du littoral sont bétonnés. Hôtels, résidences secondaires, commerces et infrastructures se concentrent sur la bande côtière, détruisant des écosystèmes particulièrement riches. Les embouteillages génèrent pollution atmosphérique et gaz à effet de serre. Les ressources halieutiques, trop sollicitées, souffrent. Les déchets, abondants, finissent la plupart du temps en mer. Les touristes arrivent en été, au moment où l'eau se fait rare, dans des pays où la ressource est déjà limitée. "La concentration des visites, à la fois dans le temps et dans l'espace, aggrave les situations existantes", relève Pierre Icard, du Plan Bleu. Chaque touriste consomme environ 300 litres d'eau par jour, soit le double des populations locales (jusqu'à 880 litres pour le tourisme de luxe). Le remplissage des piscines, l'arrosage des golfs et des espaces verts réclament également beaucoup d'eau. Dans les Cyclades, en Grèce, la consommation d'eau estivale est de cinq à dix fois plus élevée qu'en hiver. Cette demande, ajoutée à la consommation locale, conduit à une surexploitation des nappes souterraines qui entraîne une salinisation croissante des eaux douces. L'afflux de population contribue également à la pollution de celles-ci, les eaux usées étant souvent rejetées sans traitement dans le milieu naturel.
L'EXEMPLE DU CLUB MED
L'augmentation conjointe de la population locale et de la fréquentation touristique à venir fait craindre des conflits d'usage. Si la demande en eau est stabilisée, voire en baisse sur une partie de la rive nord de la Méditerranée, elle devrait doubler en vingt ans en Turquie, en Syrie, en Libye, au Maroc et en Algérie. La concurrence avec le secteur agricole, principal consommateur d'eau (63 % des volumes), est redoutée. "L'Espagne ou la Tunisie doivent déjà arbitrer entre les différents usages, ce qui sera de plus en plus fréquent, explique Pierre Icard. Les gains liés au tourisme sont évidents, mais on ne calcule pas ce qu'on perd en sécurité alimentaire, par exemple." Certaines solutions sont déjà mises en oeuvre. La Tunisie, par exemple, qui accueille 7 millions de touristes par an, veut ramener la consommation de 560 litres par lit occupé et par jour à 300 litres. "Si nous ne maîtrisons pas la consommation, nous aurons des problèmes d'ici une quinzaine d'années", affirme Jean Mehdi Chapoutot, expert en développement touristique dans ce pays. La modernisation des réseaux de distribution, où les fuites entraînent le gaspillage de 30 % à 40 % de l'eau, est encouragée financièrement par l'Etat. Les eaux issues de 45 des 75 stations de traitement du pays sont réutilisées pour l'arrosage des terrains de golf et des jardins ou la recharge des nappes souterraines. La réutilisation est également très développée en Egypte et en Israël, et elle a commencé à Chypre, en Syrie, à Malte, en Libye et en Espagne. La généralisation d'appareils économiseurs d'eau pourrait permettre de diminuer de moitié la consommation, selon l'Agence européenne de l'environnement. Relever les tarifs est un autre levier. Mais cela peut conduire les hôteliers à effectuer des forages et à pomper sans contrôle dans les nappes. "Il existe plusieurs niveaux d'action possibles : les Etats, les collectivités, les entreprises, note Pierre Icard. Mais dans un contexte très concurrentiel, où l'on peut changer de destination facilement, le pouvoir des politiques publiques est assez faible." Pour Paolo Lombardi, du WWF, il revient aux Etats de "fixer un cadre qui permettra de mieux équilibrer les différents usages du territoire, sans oublier la biodiversité". "Mais les entreprises ont un grand rôle à jouer ; certaines avancent", ajoute-t-il. Le Clud Med, par exemple, dont une trentaine de villages sont implantés en Méditerranée, utilise des économiseurs d'eau, des détecteurs de fuites, et réutilise les eaux usées. Selon Agnès Weil, responsable du développement durable de l'entreprise, la sensibilisation des touristes au respect de l'environnement est importante. "C'est un travail sur le long terme : les statistiques ne vont pas bouger d'un coup, mais c'est un discours que les gens sont prêts à entendre aujourd'hui, et qui est même attendu", affirme-t-elle. Gaëlle Dupont
Article paru dans l'édition du 26.07.08.
Une ressource mal répartie - Citation :
- Malte, la Libye, les territoires palestiniens, Israël, l'Algérie et la Tunisie sont en situation de pénurie, avec moins de 500 m3 d'eau par an et par habitant.
Le Maroc, l'Egypte, Chypre et la Syrie sont considérés comme pauvres en eau, avec une ressource comprise entre 500 et 1 000 m3/an/habitant.
Les autres pays du bassin disposent de plus de 1 000 m3/an/habitant et sont considérés comme riches en eau, ce qui n'exclut pas des tensions localisées dans le temps et l'espace. | |
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