- Herr Mannelig a écrit:
Troupeau de moutons dans un champ
En Tunisie, un tiers de la population active se consacre encore à
l’agriculture. L’élevage des moutons y tient une place importante, avec
un cheptel moyen de quelque 7 millions de têtes. La viande de mouton
reste la plus consommée et la plus appréciée par la population. Le Nord
concentre 32 % de l’élevage dans les gouvernorats d’El Kef (où
prédomine la rotation blé-jachère) et de Béja. Au centre et au sud du
pays, ce sont essentiellement les gouvernorats de Kasserine, Kairouan
et Sidi Bouzid qui pratiquent cette activité. L’élevage y reste
extensif sur les maigres pâturages de steppes et les rendements sont
faibles, aggravés par la sécheresse et les maladies du bétail. L’état
investit dans la création de réserves d’eau pour les périodes sèches
mais il y perd globalement de l’argent. Il est confronté au même
dilemme que les Anglais à la fin du
XVIIIesiècle : subventionner leurs cultures de blé ou bien leur industrie
dont la production permettait d’acheter le blé polonais. Les Tunisiens,
comme autrefois les Anglais, abandonneront sans doute leurs moutons car
le marché de la nourriture se mondialise rapidement
- Herr Mannelig a écrit:
El-Jem, Gouvernorat de Mahdia
Quand on rallie El-Djem par la route, on voit surgir au loin une
immense structure cylindrique tout à fait mystérieuse. Ce n’est qu’en
arrivant à proximité que l’on découvre une bourgade somnolente à ses
pieds. Le monde antique paraît écraser ici le monde moderne.
L’amphithéâtre, qui date sans doute du début du III
e siècle,
est célèbre par ses dimensions (148 m de long, 124 m de large et 427 m
de périmètre) et par son état de conservation. L’ancienne cité romaine
de Thysdrus s’était auparavant contentée d’un amphithéâtre taillé à
même le tuf dont on peut visiter les ruines. L’accroissement de sa
population, qui atteignit probablement plusieurs dizaines de milliers
d’habitants au II
e-III
e siècle, et son
enrichissement grâce à la culture de l’olivier, exigèrent la
construction de cet édifice prestigieux dont l’architecture s’apparente
à celle du Colisée romain. El-Djem rappelle ainsi que dans l’Antiquité,
la population du sud de la Méditerranée était aussi importante et aussi
prospère que celle du nord et suggère qu’une telle situation
démographique peut revenir sans créer de catastrophes : alors
l’amphithéâtre d’El-Djem paraîtra petit au regard des gratte-ciel qui
l’entoureront.
- Herr Mannelig a écrit:
Marabouts dans le Jebel Krefane, gouvernoratde Tozeur
L’Ifriqiya (l’Afrique) fut conquise par les Arabes dès la fin du VII
e siècle. Mais l’arabisation et l’islamisation, assez lentes au début, ne se sontaccélérées qu’à partir du XI
esiècle. Comme dans les autres territoires tardivement islamisés, c’est
le soufisme qui s’est implanté. En Afrique, ce courant prend appui sur
le maraboutisme, culte des saints qui devient un élément essentiel de
la dévotion populaire : des tombeaux à coupoles (ou marabouts)
parsèment villes et campagnes. Le marabout renvoie à l’origine au
murabit, moine guerrier vivant dans un couvent fortifié (ou
ribat).
Puis il en vient à désigner un personnage qui s’est illustré par sa
piété, sa charité, sa science religieuse ou ses dons de guérisseur. Le
terme s’applique aussi à son mausolée, lieu de pèlerinage où les
adeptes viennent le vénérer par des cérémonies chantées et dansées.
Aujourd’hui, les marabouts ont conservé une grande influence
spirituelle, la
baraka, qui peut influencer non seulement la vie quotidienne des fidèles mais aussi la vie politique du pays.
- Herr Mannelig a écrit:
Lagune sur l’île de Djerba, Gouvernorat de Médenine
La basse et plate Djerba (le point culminant est à 50 m au-dessus du
niveau de la mer) n’est autre que l’ancienne Méninx phénicienne puis
romaine, et surtout la mythique " île des Lotophages " qu’Ulysse ne
quitta qu’à contrecœur. En dépit de fréquentes incursions étrangères,
la population à majorité berbère et musulmane hétérodoxe (
les kharidjites),
qui compte aussi l’une des plus anciennes communautés juives de
l’Afrique maghrébine, a su maintenir un particularisme et un équilibre
aujourd’hui menacés. Haut lieu du tourisme tunisien (le plus important
du Maghreb), disposant d’un aéroport international et d’une digue
routière qui la relie au continent, Djerba est devenue une usine à
loisirs tandis que ses activités traditionnelles (pêche, culture
irriguée) stagnent. Les Djerbiens, qui ne récupèrent qu’une faible part
des dépenses touristiques, tendent à émigrer dans les grands centres
urbains du pays où ils tiennent des commerces. Par ailleurs, ce site
exceptionnel commence à être affecté par la pollution pétrolière qui
s’étend dans le golfe de Gabès et entre Bizerte et le golfe de Tunis.
Exode et pollution sont parfois la rançon d’un tourisme débridé.
- Herr Mannelig a écrit:
Nouvelles plantations d’oliviers, gouvernorat de Zaghouan
Les talus édifiés pour retenir l’eau de ruissellement et limiter
l’érosion soulignent le relief, à la manière des courbes de niveau sur
une carte. Les plantations d’oliviers sont effectuées sur des terres
labourables, souvent sur des franges de relief comme ici au pied du
Djebel Zaghouan (1 295 m), au nord-est de la Tunisie. Originaire du
pourtour méditerranéen qui concentre encore aujourd’hui 90 % des
oliviers de la planète, cet arbre, symbole de paix, peut vivre plus de
1 000 ans, et donne annuellement 5 kg à 30 kg d’olives. Son huile
servait jadis dans de petites lampes d’argile pour l’éclairage avant
d’être remplacée par le pétrole. On consomme aujourd’hui les olives de
table et l’huile d’olive, réputée pour ses vertus diététiques et
médicinales, également exploitée en cosmétologie. Si les pays
méditerranéens sont de grands producteurs d’olives, ce sont aussi les
principaux consommateurs : les Grecs consomment plus de 18 litres
d’huile d’olive par habitant et par an, les Italiens et les Espagnols,
environ 13 litres alors qu’un Français n’en consomme que 1,4 litre et
un Américain du Nord, 0,6 litres.
- Herr Mannelig a écrit:
Agriculture près de la ville de Hammamet, gouvernorat de NabeulLe nord-est de la Tunisie possède une longue tradition en matière
d’irrigation et de culture selon les courbes de niveau. Ce pays
consacre 30 à 40 % des investissements agricoles à la mise en place
d’une importante infrastructure de mobilisation, de transfert et de
distribution des eaux. En trente ans, la surface irriguée a ainsi
quadruplé (aujourd’hui 380 000 hectares) ; une tendance calquée sur le
boom démographique d’une population qui a doublé en vingt-cinq ans. Si
l’agriculture mobilise actuellement 82 % des ressources en eau du pays,
l’épuisement des nappes superficielles oblige à chercher l’« or bleu »
toujours plus profondément. Cette intensification du pompage des eaux
souterraines menace les terres car il génère, surtout près des côtes,
l’intrusion d’eau marine dans les aquifères souterrains. Confrontée au
stress hydrique et à la dégradation des sols, la Tunisie a élaboré une
stratégie nationale de la conservation des eaux et du sol (1991-2000).
Source des légendes et commentaires : http://www.yannarthusbertrand2.org/index.php?option=com_datsogallery&Itemid=27&func=detail&catid=95&id=1793&p=1&l=1024