Forum Tunisien de Discussions Libres et Constructives |
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| Des poèmes ... | |
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Auteur | Message |
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Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 20/12/2007, 12:58 | |
| Musique charnelle
« La musique était-elle infinie ? L’avons-nous notée toute Pour le silence de ronce qui sépare les mots ? Les sons s’agenouillaient-ils jadis dans les cœurs Comme des saints couchés à même la pierre ? Ou n’avons-nous jamais cru qu’aux têtes ? A leurs traces de bêtes dépecées à même la bouche ?
C’est le soir. Le noir de l’œil grandit dans l’œil. On saigne. L’oreille repose au fond de nous comme un barbelé arraché A l’âme. Oreille, ô mère d’autrefois, écoute la langue Qui entre en toi et en moi comme le pain de mémoire. Romps Ce pain en signe de la musique qui a failli. »
Dernière édition par Phidias le 5/8/2008, 03:30, édité 1 fois | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 12/1/2008, 14:47 | |
| A ceux qui partent pour oublier leur maison Et le mur familier aux ombres J’annonce la plaine et les eaux rouillées Et la grande Bible des pierres
Ils ne connaîtront pas - A part le fer et le jasmin des formes La Nuit heureuse de transporter les mondes L’âge dans le repos comme une sève
Pour eux nul chant Mais la rosée brûlante de la mer Mais la tristesse éternelle des sources.
Georges Schéhadé, Liban | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 13/1/2008, 23:56 | |
| un poème que je dédicace au souvenir de Raphaël, "l'inconnu de la Concorde" - Spoiler:
Rafaël, l'inconnu de la Concorde LE MONDE | 13.01.08 | 14h04 • Mis à jour le 13.01.08 | 14h04
Il aurait pu s'appeler " X" pour toujours – c'est comme ça qu'on enregistre les SDF inconnus à l'Institut médico-légal. Se retrouver enterré parmi tant d'autres, sous une tombe blanche sans nom, dans l'ancien "carré des indigents" du cimetière parisien de Thiais. Au mieux, il aurait été "un homme", entre " Titi", " Le Polac", "Joli Coeur de Passy", " Sans Dents " ou "Cahouette", sur les faire-part collectifs de la valeureuse association Les morts de la rue. Car l'homme décédé place de la Concorde, le 20 décembre 2007, n'avait ni papiers, ni camarades d'infortune vagabonde, ni habitudes de maraudes. Donc, pas de petit nom.
Lorsque Dominique Chantreux, employé au service des parcs et jardins de la Mairie de Paris, prend son travail, ce jeudi 20 décembre, à 8 heures, il commence par sortir ses clés et ouvrir la porte de l'enclos grillagé situé au bas des Champs-Elysées, à l'angle de l'avenue Edward-Tuck et du cours de la Reine. C'est là que les jardiniers du secteur ont l'habitude d'entreposer leur matériel – des palettes de bois après la livraison de nouvelles boutures d'arbres, des conteneurs verts pour les feuilles et les branches mortes. On y trouve aussi des grands pans de tissu jaune d'or, récupérés chaque été sur les tribunes du Tour de France. Les jardiniers affectés aux "Champs" – l'un des secteurs les plus convoités – s'en font des chiffons qu'ils glissent dans leurs poches, pour essuyer le manche d'un râteau ou des doigts trop terreux.
Un peu plus loin, à quelques mètres de la porte, deux fines allées d'herbe piétinée traversent le grillage. Aux premiers jours d'octobre, "après la fête des Jardins", se souvient Dominique,"un homme", la quarantaine, s'est installé au "dépôt Tuck", petit enclos à ciel ouvert d'environ dix mètres sur trois, juste derrière la voie express. Les jardiniers de la Ville de Paris ont pris l'habitude le retrouver, chaque matin, sur deux palettes de bois installées côté à côté, afin de s'isoler du froid. Les bosquets le protégeaient du froid, et le soleil, venu de la Seine, tiédissait sa paillasse de bois.
Pour ranger les huit couvertures qu'il superposait sur lui à la nuit tombée, il avait choisi une poubelle, et les jardiniers avaient fermé les yeux. C'est là aussi que l'après-midi, quand il allait se promener, cet homme qui parlait peu et dont ils ne savaient rien cachait son petit sac à dos. Tous les jours, face à lui, la place de la Concorde, et au fond, sur le ciel, cette grande roue qui tourne sans s'arrêter, comme le cirque des voitures autour de l'obélisque : "Il avait la plus belle vue de Paris ", dit Dominique Chantreux.
"Un homme" ne semblait pas français. Il "ronchonnait" quand, de temps en temps, les jardiniers le priaient de dégager le terrain, parce qu'ils avaient besoin de la place qu'il occupait. Il disait "bonjour" avec un accent qui leur semblait "de l'Est". Sur les Champs, les SDF viennent souvent de l'autre côté du Rhin. Balayeurs de rue, policiers, jardiniers et associatifs le savent : les Afghans, les Kurdes, les Irakiens et les Iraniens se retrouvent dans le 10e arrondissement, entre la gare de l'Est et la place du Colonel-Fabien ; les Roumains, gare du Nord ; les ex-Yougoslaves et les exilés de l'Est, entre l'Etoile et les Tuileries.
La nuit du 19 au 20 décembre a été l'une des plus froides de ce début d'hiver : moins trois degrés à Paris. Ce matinlà, l'air est piquant et le gel redonne aux frondaisons une couleur verte stérile. Immédiatement, le jardinier comprend qu'"un homme" ne va pas bien. Il y a quelques jours, déjà, dans la rue Tronchet toute proche, Dominique le jardinier avait secoué par les épaules un SDF qui dormait ventre à l'air : "Il a crié, j'étais content qu'il me fasse peur." "Un homme", lui, gît recroquevillé, loin de son lit de fortune. "Il n'avait que ses habits sur lui : trois pulls chauds, un blouson, deux pantalons, un bonnet. Gris. Oui, il me semble, gris." Sous le rai du lampadaire qui, en cette heure matinale, éclaire encore le petit enclos, son corps semble à Dominique Chantreux comme "irréaliste : très luisant, tout brillant". Le froid a recouvert les vêtements d'une couche de givre.
Quand le jardinier s'approche, inquiet, il sait déjà qu'"un homme" est mort. Pudiquement, il recouvre du drap jaune du Tour de France le corps défunt, puis son "calme et beau visage". "Je le verrai toujours, raconte le jardinier comme l'Aurélien d'Aragon qui parlerait de sa noyée de la Seine, autre inconnue dont les traits si beaux avaient été moulés à la morgue. Il avait les lèvres rouges. Ce n'était pas le visage de quelqu'un de terrifié ou de foudroyé." Pourquoi"un homme" s'estil laissé mourir, ce soir-là ? Pourquoi n'a-t-il pas sorti ses couvertures ? Pourquoi n'a-t-il pas été se coucher à l'autre bout du dépôt, sur le compost, là où se réchauffent les souris et les mulots ? Pourquoi, avec le briquet et les allumettes qu'on a retrouvés sur lui, n'a-t-il pas allumé un feu – les palettes brûlent bien ? "Un homme" avait choisi de vivre dans un enclos, à l'abri des regards. Il n'aimait pas qu'on le dérange.
Un feu l'aurait fait remarquer par les policiers du commissariat du 8e arrondissement tout proche. Jamais les jardiniers n'ont retrouvé de cadavres de bouteilles autour de lui. Pourtant, ce soir-là, a établi le médecin légiste, "un homme" avait bu, beaucoup bu avant de rentrer mourir dans ses bosquets, à l'heure où s'endormaient, sous le kiosque à musique du jardin, les deux SDF auxquels il ne disait jamais rien. A l'heure sans doute où s'éloignaient, derrière son dos, au bord des Champs-Elysées enguirlandés pour les fêtes, les derniers dîneurs du restaurant Ledoyen.
Mourir seul, sans papiers, à quelques mètres de l'Assemblée nationale, au bord de la place où Nicolas Sarkozy a fêté sa victoire : en deux brèves et trois blogs, "un homme" devient malgré lui "l'inconnu de la Concorde". Il est déjà le quatrième SDF français à mourir de froid depuis le 9 novembre 2007, mais le premier à avoir l'impudence de le faire à l'épicentre du pouvoir et à la veille d'une proche bataille pour les élections municipales. "Ce décès sur la plus belle place du monde (…) est un événement indigne et intolérable", accuse Pierre Lellouche, candidat UMP à la mairie du 8e arrondissement. "La Ville de Paris n'a aucune leçon à recevoir de Pierre Lellouche qui, en sept ans, ne s'est jamais intéressé de près ou de loin à la question des sans-abri", répond l'Hôtel de Ville.
Le lendemain de la mort, sous le marronnier le plus proche de son antre, se retrouve la trop petite famille d'amis des miséreux – les frères Legrand, le hautcommissaire aux solidarités actives Martin Hirsch, l'adjoint Vert Denis Baupin, un énarque qui se balade dans Paris avec un thermos de café pour les sanslogis, des SDF en colère contre la ministre du logement, Christine Boutin."Nous ne savons presque rien de cet homme. Mais une chose est sûre : il est mort dans la solitude et l'abandon", dit Christophe Louis, le président du collectif des Morts de la rue, en déposant une couronne de chrysanthèmes ornée d'une bannière violette : "A notre frère inconnu." On avait rappelé, ce jour-là, que l'espérance de vie des SDF est en France inférieure d'au moins 30 ans à celle de l'ensemble de la population, qui est de 80 ans. Ons'était désolé qu'au XXIe siècle on puisse mourir sur l'une des places les plus éclairées de France, sans adresse mais aussi sans nom. On se disait que l'inconnu devait être polonais. Chaque matin, à quelques mètres de son repaire, des dizaines de cars fatigués venus de Cracovie, de Gdansk où d'ailleurs déposent en effet leurs vrais et faux touristes près du bosquet où vivait "un homme". Ils lèvent leurs yeux fatigués par le voyage vers la place à l'obélisque doré, gare centrale d'un marché du travail facile qu'on leur a tant vanté. Un anonyme a posé sur les fleurs un petit ours en peluche blanc. Pourquoi, en voyant un homme dormir sur les bouches de métro, se demande-t-on souvent comment il fut quand il était enfant ? "Un homme" était né en Allemagne d'un père au nom polonais. Il était arrivé en car à la fin de l'été avec un visa de touriste, fuyant son pays et sans doute bien d'autres choses encore.On le sait parce qu'un jour d'octobre et de soleil, la police l'avait arrêté sur un Vélib'qu'il n'avait pas payé. Au poste de police, devant uninterprète, il avait raconté qu'il avait trouvé le vélo au pied de la grande roue : "Il était là depuis des jours. Je croyais que c'était gratuit."
On avait pris deux mauvaises photos de face et de profil, relevé ses empreintes digitales. Il n'avait pas de papiers, mais il avait décliné son patronyme. On a donc pu retrouver, il y a quelques jours, à l'Institut médico-légal, l'identité d'"un homme". "L'inconnu de la Concorde" avait raconté qu'il était né en 1966, qu'il avait une amoureuse quelque part en Pologne, qu'il était artisan et cherchait du travail, que son père vivait toujours en Allemagne, où son corps, après hésitations familiales, sera finalement rapatrié, mardi 15 janvier. Sur le caveau des K…, on pourra enfin écrire "Rafaël", son prénom.
Ariane Chemin
ETRANGERSi ce n’est pas ce froid, qu’est-ce qui me signale ? Le rêve mal dissous, l’ombre noire et la voix Qui font pleurer l’enfant, ou la brume hivernale ? C’est moi … moi, l’importun qui vous barre la voie.
Je ne suis mort ni vif, ailleurs est mon domaine. L’enfer du ferrailleur est moins que moi rongé, Moins diffus le retour inquiet d’une âme en peine ; Le regard qu’on lui jette éloigne l’étranger.
Il est une pâleur, il est une couleur Et sombre et claire, un jour vague entre chien et loup : Le croirez-vous, je suis fait de cette douleur.
Je viens d’ailleurs, que vaut l’objet qu’on porte au clou ? Et voici que grandit en moi l’incertitude, Que s’approfondit plus encor ma solitude.Mohammed DIB, Algérie. | |
| | | BoukhaGold Homonculus Belli
Nombre de messages : 1630 Date d'inscription : 03/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 15/1/2008, 05:05 | |
| ...puis afin de n'occuper personne de lui... sur le penchant du montqu'il s'était choisi... entre le sable et le rocher ..Abel-François de Villemain - tableau de l'éloquence chretienne du IV siècle - ssssssssssplendide ! | |
| | | Bleach Homo Mollis
Nombre de messages : 892 Age : 36 Date d'inscription : 05/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 15/1/2008, 06:35 | |
| UUUUNE NEGREEESSEUUUU QUI BUVAIT DU LAIT AH! SE DIT ELLEUUU SI JE LE POUVAIS TROMPER MA FIGUREUUUU DANS CE BOL DE LAIT JE SERAIS PLUS BLANCHEUU QUE TOUS LES FRANCAIS TOTO aka BADI BADO | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 17/1/2008, 22:53 | |
| ... dédicace à TOTO Sur un versificateur diffusVos vers sont bien tournés, les rimes en sont belles ; Certes les pieds y sont, mais je cherche les ailes. GUICHARD (1731-1811) | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 19/1/2008, 13:25 | |
| Je n’ai pas de problème
Je n’ai pas de problème Tout chat que je vois seul errant Je l’embrasse Et lui dis : Tu es mon fils le grand Et m’en vais … A ma solitude
Jamais Je n’ai de problème Après dix bouteilles vertes Dont je ferais les bases de ma Cité parfaite Et nommerais mon commensal à sa tête Puis ma poésie ses lois Je ramènerai les soldats au devoir sentimental Et m’en irai… A mon verre oublié
Je n’ai pas de problème
Quand je mourus Seuls avaient marché derrière moi ma plume Mes chaussures Et le rêve des bourreaux J’ai maintenant à reprendre mes larmes Du fleuve De la mer De sa joue Des trente années passées sans joie De l’épi humide
Je n’ai pas de problème
Les cieux : S’ils sont sept Ou s’ils sont cinq La pluie viendra Et les terres : Si elles sont sept Cinq Ou une Elles suffiront aux hommes
Je n’ai pas de problème
Je vais seul voir Dieu Et lui dirai : Mon amour Je voudrais un endroit hormis la terre L’enfer Et le paradis fermé
Jamais Je n’ai de problème
Quand les fleurs provoquent mes poches Je les dessine avec la plume Et le drapeau… Quand il dénude les miens Je le déchire étoile par étoile Et couds leur nudité avec un à un Et embrasse la terre sans nommer Dieu
Je n’ai pas de problème Je n’ai pas de problème
Mohamed Al-Sghaïer Ouled Ahmed, Tunisie | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 20/1/2008, 00:29 | |
| SI TU ES HOMME SOIS HOMME
Si tu es homme, sois Homme Non quelque indigne pantin Que, de-ci de-là, ballotte, Comme un jouet, le destin. Le destin n’est qu’un chien lâche Qui aboie mais fuit honteux Devant celui qui le brave. Allons, tiens bon ! sois un preux !
Si tu es homme, sois Homme, Sans recours aux phrases vaines : Les actes sont éloquents Plus que tous les Démosthène. Fais, défais, comme l’orage, Et quand ton œuvre est finie, Disparais comme il s’efface Ayant sa tâche accomplie.
Si tu es homme, sois Homme. Ce que tu crois fermement, Ose le dire, de droit le paierais-tu de ton sang. Cent fois plutôt qu’abdiquer Renonce à ton existence. Mourir est sans importance Si tu conserves l’honneur.
Si tu es homme, sois Homme Garde ton indépendance, Contre tout l’or de ce monde On n’en saurait faire échange. Qui, pour avoir plus, se vend, Que ton âme le méprise ! « Pauvre mais indépendant » : Que ce soit là ta devise !
Si tu es homme, sois Homme, Digne, fort et courageux, Et rien contre toi ne peuvent Ni les hommes, ni les dieux. Sois un chêne que l’orage Peut jeter dans la poussière, Mais dont il ne saurait faire Plier la stature altière.
Sandor Petöfi, Hongrie (1823-1849) Traduction : Jean Rousselot | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 20/1/2008, 18:20 | |
| Iris, Vous me désespérez,
Mais je vivrai Comme vivent les hommes
Qui essaient eux aussi De fleurir
Eugène Guillevic (1907-1997) | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 21/1/2008, 23:27 | |
| Dédicace à Nadouille, poétesse des papilles, et à son blog gastronomique http://fussoir.blogspot.com/
La soupe à l’oignon
Quel est ce bruit appétissant Qui va sans cesse bruissant ? On dirait le gazouillis grêle D’une source dans les roseaux, Ou l’interminable querelle D’un congrès de petits oiseaux. Mais cela n’est pas. Que je meure Sous des gnons et sous des trognons, Si ce ne sont pas des oignons Qui se trémoussent dans du beurre !
Raoul Ponchon (1848 – 1937) | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 23/1/2008, 01:51 | |
| NYX
O vous mes nuits, ô noires attendues O pays fier, ô secrets obstinés O longs regards, ô foudroyantes nues O vol permis outre les cieux fermés.
O grand désir, ô surprise épandue O beau parcours de l’esprit enchanté O pire mal, ô grâce descendue O porte ouverte où nul n’avait passé.
Je ne sais pas pourquoi je meurs et noie Avant d’entrer à l’éternel séjour. Je ne sais pas de qui je suis la proie. Je ne sais pas de qui je suis l’amour.
Catherine POZZI, (1882-1934) Poèmes (1934) | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 23/1/2008, 23:36 | |
| Récit initiatique peul :
Le jour a si bien paru que le soleil a germé. Les étoiles sont desserties et le ciel est dépouillé Telle une grande femme quittant ses parures. Voilà mon bouc qui béguète Tandis que le petit chien s’est mis à japper ! - Lotôri ! Lotôri, qui avait dit que le jour ne serait plus ?
Amadou Hampaté-Ba, Afrique L’éclat de la grande étoile | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 30/1/2008, 00:48 | |
| Rencontre
L’homme qui marche dans la nuit Brille à travers ses larmes Comme un feu sourd dans le brouillard Halo du prisme autour de ses épaules L’ombre portée de son cœur à ses pieds.
Anne Hébert (née en 1916) Poèmes nouveaux, Québec. | |
| | | Hyperion Homo Pacificus
Nombre de messages : 3432 Age : 46 Date d'inscription : 01/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 30/1/2008, 01:20 | |
| - Phidias a écrit:
- Dédicace à Nadouille, poétesse des papilles, et à son blog gastronomique http://fussoir.blogspot.com/
La soupe à l’oignon
Quel est ce bruit appétissant Qui va sans cesse bruissant ? On dirait le gazouillis grêle D’une source dans les roseaux, Ou l’interminable querelle D’un congrès de petits oiseaux. Mais cela n’est pas. Que je meure Sous des gnons et sous des trognons, Si ce ne sont pas des oignons Qui se trémoussent dans du beurre !
Raoul Ponchon (1848 – 1937) Je viens de lire ce post merci phid | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 30/1/2008, 01:58 | |
| Stances
Je me meurs tous les jours en adorant Sylvie, Mais dans les maux dont je me sens périr, Je suis si content de mourir Que ce plaisir me redonne la vie.
Quand je songe aux beautés par qui je suis la proie De tant d’ennuis qui me vont tourmentant, Ma tristesse me rend content Et fait en moi les effets de la joie.
Les plus beaux yeux du monde ont jeté dans mon âme Le feu divin qui me rends bienheureux ; Que je vive ou meure pour eux, J’aime à brûler d’une si belle flamme.
Que si dans cet état quelque doute m’agite, C’est de penser que dans tous mes tourments J’ai de si grands contentements Que cela seul m’en ôte le mérite
Ceux qui font en aimant des plaintes éternelles Ne doivent pas être bien amoureux, Amour rend tous les siens heureux Et dans les maux couronne ses fidèles.
Tandis qu’un feu secret me brûle et me dévore, J’ai des plaisirs à qui rien n’est égal, Et je vois au fort de mon mal Les cieux ouverts dans les yeux que j’adore.
Une divinité de mille attraits pourvue Depuis longtemps tient mon cœur en ses fers, Mais tous les maux que j’ai soufferts N’égalent point le bien de l’avoir vue.
Vincent VOITURE (1597-1648) | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 2/2/2008, 14:49 | |
| SILENCE
L’oiseau qui chantait dans l’ombre, C’est ma lampe sur la table, C’est son reflet impalpable Sur le plafond enfumé.
Son duvet chauffe ma joue, Sa patte est sur mon épaule, Et je n’ose plus bouger De crainte qu’il ne s’envole …
Mais attends encore un peu, Que j’abaisse ma paupière : Cet oiseau, c’est une fille Qui me regarde dormir,
Jusqu’à ce que sa bouche rose, La berceuse de ses bras nus, La douceur de sa parole Et mon cœur ne soient plus qu’un.
Luc DECAUNES (1913-2001) Paraphes, 1991 | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 3/2/2008, 14:00 | |
| Oraison funèbre pour une femme sans importance
Elle nous quitta sans que blêmisse une joue Ou frémisse une lèvre
Les portes n’entendirent personne rapporter le récit De sa mort
Aucun rideau de fenêtre suintant de chagrin Ne se leva pour suivre son cercueil des yeux jusqu’à Ce qu’il disparaisse
Dehors de rares personnes s’émurent de son souvenir
La nouvelle se perdit dans les ruelles sans que Se répande son écho
Et se réfugia dans l’oubli de quelques fosses La lune déplora ce malheur
La nuit n’y porta aucune attention et se rendit au jour
Alors vint la lumière avec les clameurs de la laitière, Le jeûne, Le miaulement d’un chat affamé n’ayant que la peau Sur les os, Les querelles des marchands, l’amertume, la lutte,
Les enfants se jetant des pierres d’un bout à l’autre De la rue, Les eaux souillées dans les rigoles et les vents jouant Seuls aux portes de terrasses
Dans un oubli presque total
Nazik Al-Malaïka, (née e, 1923 à Bagdad) L’invitation au rêve, 1995 ; Irak
Pionnière de la poésie arabe moderne, elle a été la première à écrire en vers irréguliers. Le romantisme de son écriture aborde les questions sociales, notamment le statut de la femme dans le monde arabe. Et les souffrances. Ecrire contre l’oubli. | |
| | | lilia Homo Addictus
Nombre de messages : 1290 Age : 39 Date d'inscription : 04/02/2008
| Sujet: Re: Des poèmes ... 9/2/2008, 03:01 | |
| A une femme
A vous ces vers de par la grâce consolante De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux, De par votre âme pure et toute bonne, à vous Ces vers du fond de ma détresse violente.
C'est qu'hélas ! le hideux cauchemar qui me hante N'a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux, Se multipliant comme un cortège de loups Et se pendant après mon sort qu'il ensanglante !
Oh ! je souffre, je souffre affreusement, si bien Que le gémissement premier du premier homme Chassé d'Eden n'est qu'une églogue au prix du mien !
Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme Des hirondelles sur un ciel d'après-midi, - Chère, - par un beau jour de septembre attiédi.
Paul Verlaine (1844 - 1896 )
Poèmes saturniens | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 9/2/2008, 12:38 | |
| Bienvenue nawarra dans ce topic poétique au souverain plaisir des mots et émotions de cet art magique | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 9/2/2008, 12:41 | |
| Admonition
Toi l’attentive, aiguisée, aux aguets Lucidité, prunelle de notre œil Intérieur, cerf-volant frémissant De notre intelligence sous le vent De l’esprit, subtile effarouchée Dans la danse ou le branle-bas des choses, Toi la malice sur ton fil tendu Sur sa courbure où résonne un son grave, Sache-le bien : c’est son inclinaison Qui appelle les foudres, les fougueuses. Et maintenant tais-toi. Garde ta clé.
Armel GUERNE (1911-1980)
Comme un mystique, ce poète ignoré du grand public s’installa les 20 dernières années de sa vie dans un moulin à vent désaffecté, à écouter le chant du monde et à écrire ses poèmes souvent brefs, comme autant d’éclairs de vision, dialogue d’une âme insurgée avec l’infini. Vivant la poésie comme la seule lampe qui permette d’éclairer nos ténèbres intérieures, acte de résistance spirituelle, il ne cesse avec ses mots de protester contre une époque matérialiste et mercantile et offre au travers de ses vers la grandeur du silence pour clé de vie. | |
| | | lilia Homo Addictus
Nombre de messages : 1290 Age : 39 Date d'inscription : 04/02/2008
| Sujet: Re: Des poèmes ... 9/2/2008, 13:13 | |
| - Phidias a écrit:
- Bienvenue nawarra dans ce topic poétique
au souverain plaisir des mots et émotions de cet art magique merci à vous, je n'ai pu m'êmpêcher de poster mon premier message, dans ce temple de délices, où les mots se surpassent pour devenir bien plus que de simples mots , mais une porte qui laisse entrevoir, les coins et recoins du coeur humain !!! | |
| | | lilia Homo Addictus
Nombre de messages : 1290 Age : 39 Date d'inscription : 04/02/2008
| Sujet: Re: Des poèmes ... 13/2/2008, 05:55 | |
| Il pleure dans mon coeur
Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s'ennuie, Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s'écoeure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine !
Paul Verlaine
(Romances sans paroles)
c'est mon coup de coeur tout simplement ...ou peut-être ...bien plus... | |
| | | Phidias Homo Pacificus
Nombre de messages : 5257 Localisation : ... dans le désert Date d'inscription : 04/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 13/2/2008, 13:38 | |
| Tout l'art de Verlaine ... quelques mots qui sonnent comme des notes et des vers qui résonnent aux âmes sensibles comme autant de soleils indicibles sur nos peaux pâlotes | |
| | | wild_bled Homo Habilis
Nombre de messages : 305 Localisation : SfaX Date d'inscription : 03/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 16/2/2008, 18:48 | |
| http://ca.youtube.com/watch?v=asmaC6EWmS8 http://ca.youtube.com/watch?v=HihY_T--NSE | |
| | | wild_bled Homo Habilis
Nombre de messages : 305 Localisation : SfaX Date d'inscription : 03/07/2007
| Sujet: Re: Des poèmes ... 16/2/2008, 19:03 | |
| berjouliyya inzidkom hévi....mé n7ib na3mel 7atta commentaire...choufou wa7adkom... http://ca.youtube.com/watch?v=j0jRjhQdeuc | |
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| Sujet: Re: Des poèmes ... | |
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| | | | Des poèmes ... | |
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