Une premiere, un congrés contre la peine de mort dans un pays arabe, à rabat au maroc, j'aurais tellement aimé qu'il eut lieu en tunisie... hélas ,en tout cas avec ou sans la nahdha la peine de mort chez nous c'est du passé, j'y croit fermement !pour la première fois, un événement international majeur sur la peine de mort a eu lieu dans un pays arabe (1).
Le premier Congrès régional organisé par ECPM, la Coalition marocaine
et l’OMDH tenu du 18 au 20 octobre 2012 à Rabat au Maroc, a permis une
visibilité aussi bien politique que médiatique exceptionnelle. En effet,
douze pays de la région étaient représentés (Maroc, Tunisie, Algérie,
Lybie, Egypte, Mauritanie, Yémen, Jordanie, Territoires palestiniens,
Liban, Irak et Syrie). La grande nouveauté résidait autant dans
l’ampleur de l’événement que dans la couverture médiatique sans
précédent. De grands médias internationaux et régionaux ont ainsi
couvert le Congrès.
Des résultats concrets sont ressortis des trois jours de débats
intenses. Tout d’abord la création pour la première fois d’un réseau de
parlementaires marocains contre la peine de mort, qui je l’espère se
transformera très bientôt en réseau arabe contre la peine de mort. Ou
encore la création d’une Coalition du Maghreb contre la peine de mort,
qui permettra aux acteurs de la société civile des pays d’Afrique du
Nord de porter un lobbying concerté au niveau régional.
Si les
sociétés civiles, les acteurs des professions juridiques, les médias et
les parlementaires ont été engagés pleinement dans ce Congrès, il est
apparu beaucoup plus difficile dans le contexte actuel, d’impliquer des
acteurs gouvernementaux majeurs. En effet, même si la Tunisie et la
Jordanie avaient envoyé des représentants officiels des ministères de la
Justice et des droits de l’homme, aucun ministre en exercice n’était
présent. Cette difficulté à mobiliser au plus haut niveau témoigne du
climat difficile que vivent les abolitionnistes dans de nombreux pays de
la région suite à la tournure que prend le Printemps arabe. Cependant,
la situation évolue sans cesse. Il est important de préciser qu’à
quelques jours du Congrès, six ministres de la région avaient confirmé
leur présence. Il faut maintenant arriver à analyser pourquoi ils se
sont désistés et comment faire en sorte qu’ils s’impliquent à l’avenir
dans un débat qui les concerne au premier chef. Il est à noter qu’à la
suite de Rabat, le ministre des droits de l’homme tunisien, Samir Dilou a
exprimé son souhait d’organiser un événement avec ECPM à Tunis, tandis
qu’un conseiller du ministre égyptien, membre des frères musulmans s’est
dit prêt à coparrainer un séminaire sur le sujet dans son pays. Les
mentalités changent, évoluent… lentement mais sûrement. Nous ne pourrons
pas les faire changer sans passer par un argumentaire religieux clair
et précis, permettant de rompre avec l’idéologie éculée qui lie
immanquablement charia et peine de mort. Il s’agit de casser se diptyque
fallacieux. C’est ce que l’on a commencé à faire à Rabat. Ce que l’on
ne manquera pas de renouveler en juin prochain à Madrid lors du 5e
Congrès mondial.
Le monde arabe, encore une fois, était au cœur
de nos actions menées dans le cadre de la Journée mondiale contre la
peine de mort. Nous avons organisé des activités à Ramalah, à Amman et à
Marrakech. Pour la première fois, un séminaire a été organisé en Irak
afin de soutenir les activistes qui vivent au quotidien le danger de
leur engagement. Le porte- parole du premier ministre Nouri Al Maliki a
d’ailleurs menacé les participants en déclarant officiellement que toute
personne qui se déclarerait contre la peine de mort serait considérée
comme faisant le jeu des terroristes. Le piège de la lutte
anti-terrorisme se referme encore une fois sur les abolitionnistes mais
d’une façon bien sournoise et inquiétante cette fois-ci.
Raphaël CHENUIL-HAZAN NB : ECPM organise pour la première fois le 30 novembre prochain,
l’événement « Cities for life » ou « Villes pour la vie » avec la Mairie
de Paris. Nous reviendrons vers vous concernant cet événement très
prochainement.
(1) Non qu’il n’y ait pas eu auparavant des
séminaires et conférences dans la région. Je pense en particulier au
séminaire avec le CCDH et ECPM à Rabat en 2008, ou la Conférence
d’Alexandrie organisée par PRI en 2010, ou encore l’Assemblée générale
de la Coalition mondiale à Rabat en 2011 et à Amman en 2012.
« Si, dans les démocraties voisines, pourtant en proie au terrorisme,
on se refuse à rétablir la peine de mort, c'est, bien sûr, par exigence
morale, mais aussi par...