TUNISIE. Retour progressif de la censure
tunisie,censure tunisie,le point,l'express,l'obs hs,la sotupresseEn apparence, rien de grave. Trois hebdomadaires français - Le Point, l'Express, un hors-série du Nouvel Obs - sont interdits de vente, officieusement, en Tunisie. Le Maroc a interdit l'Express, dont le numéro double de fin d'année était consacré aux arabes. Le Roi Mohamed VI, Commandeur des croyants, a pris la décision, l'a fait savoir publiquement. A Tunis, silence. La Sotupresse - le NMPP tunisien - se défend de toute censure tout en faisant savoir qu'elle ne distribuerait pas un journal dont un article pourrait offenser éventuellement les tunisiens. On navigue en pleine hypocrisie. Depuis la victoire du parti islamiste Ennadha, tout contenu intellectuel lié à la religion est pesé, sous-pesé. Et donc privé de distribution dans le cas des trois hebdos - qui sont plus proches du Monde que de Playboy soit dit en passant.
tunisie,censure tunisie,le point,l'express,l'obs hs,la sotupresseAucun communiqué n'a officialisé cette interdiction, aucune voix ne s'est élevé dans la classe politique pour condamner ce retour à la censure. Elle n'est pas politique, comme sous Ben Ali, elle est religieuse. Je défi quiconque de trouver dans le Point, l'Express ou l'Obs des articles offensants, heurtant les convictions religieuses.
Ce non-dit généralisé laisse perplexe. S'agit-il de l'autocensure afin de faire plaisir au parti dirigeant, l'Ennadha de Rached Ghannouchi? D'un acte délibéré du nouveau gouvernement? D'une succession de hasards fâcheux? D'un excès de zèle de la part de la Sotupresse ayant peur de violences menées par quelques groupes de salafistes envers les marchands de journaux? Toutes ces questions demeurent ouvertes, personne n'ayant l'air de vouloir endosser cette triple décisions.
La symbolique est désastreuse. Difficile de ne pas évoquer un retour à la censure. On agit comme si les tunisiens étaient incapables de juger par eux-mêmes le contenu d'un journal. Toujours cette infantilisation du peuple par les gouvernants. On agit de la pire des manières, en douce, à pas feutré. Aujourd'hui, les journaux. Demain, les livres et les manuels scolaires? Quand à la télévision publique, elle ne fera jamais de vague.
A quelques jours de la date anniversaire de la révolution tunisienne, ce sont des signaux inquiétants qui sont lancés. Après Amar 404, le surnom de la censure sous Ben Ali, qui sera son successeur?
http://lewesternculturel.blogs.courrierinternational.com/archive/2012/01/06/tunisie-retour-progressif-de-la-censure.html
Heuresuement qu'on a un president droit de l'hommiste