Je m'en veux terriblement d'avoir cru que quelques centaines de morts et de blessés et un mois de grabuge pouvait changer une mentalité acquise le long de siècles de conneries.
Ben Ali, c'est nous qui l'avions fait. Et ce qui s'est passé à la prise de pouvoir et le putsch médical de 1987 est entrain de se passer maintenant. Entre un joueur de foot lambda qui se déclare éternel adhérent d'Ennahdha après s'être vu mis à la tête d'un ministère et un ex-Jeanne d'Arc qui gueulait il y a à peine quelques mois contre ce parti qui maintenant est devenu son ami, on se retrouve avec une opposition dont la seule riposte contre la dictature est de faire la sourde oreille.
C'est tellement ironique (à la sauce arabe) que ces députes qui nous suppliaient de voter (même si ça ne serait pas pour eux) refusent maintenant de le faire.
O tempora, O mores.
Cette révolution n'est nouvelle en rien, et ressemble tristement à celle de l'Amérique latine. Si ce n'est que ceux qui sont à la tête du pouvoir ne faisait pas partie des anarchistes qui brûlaient le pays, mais des schizophrènes qui menait une vie pas mal en Europe.
Souvenez-vous, ceux qui se déclarent défenseur de cette révolution (O tellement bénite) ne sont revenus au pays qu'après s'être assurés que la révolution était finie, que Ben Ali et ses "agents" ont dégagé et que les coups de feu ont cessé. Une belle leçon de témérité pour le monde.
Les tunisiens sont cons, et j'en suis un gros. La démocratie ne viendra jamais d'un ex-terroriste qui croit que de l'écchymose qu'il a au front jaillira une lumière le guidant dans une autre vie, ni d'un président de pacotille qui se fait payer 30 000 dinars par mois pour déclarer la guerre et la paix mais de gens qui pensent sincèrement que le peuple qu'ils vont gouvernent est bien capable.
Et justement parlons-en de ce peuple qui ne sait que gueuler contre sa pauvreté et Ben Ali en regrettant qu'il n'a pas pu acheté assez de marchandise volée à Carrefour et Monoprix. Ce peuple que chaque politicien remercie pour le salaire qu'il lui a offert, est incapable de subsister sans les subventions et les aides. Parler de dignité, en chialant sur les conditions de travail est bien tunisien.
Ce qui est aussi tunisien est l'union.
Ah ça, les tunisiens sont toujours unis.
Unis contre Ben Ali.
Unis contre le Salafisme.
Unis contre la corruption.
Unis contre les juifs, les sionistes, les impérialistes, le sida, le payement des impôts, les fraises tagada et les chocapic.
En bref, dictature ou pas, la Tunisie, pays de merde, est condamnée à se faire violer par son gouvernement, son opposition et son peuple.