Nous avons rapidement pris l'habitude d'appeler les récents évènements révolution, mais en fait techniquement il s'agit encore d'une révolte populaire (intifadha) qui a provoqué un coup d'Etat et un changement dans l'exécutif.
Parler de révolution implique un processus de changement des institutions et des structures établies en vue de les remplacer par de nouvelles. Si on est en révolution, le 14 janvier n'était que le début, un peu comme le 14 juillet et la prise de la Bastille en France ont été le début de la révolution française qui a duré des années et a fini par la prise du pouvoir par Napoléon.
Sommes nous donc en révolte ou en révolution?
Divers évènements, comme la fronde contre le RCD ou les chefs d'entreprises publiques et d'administrations éjectés par leurs employés manu militari, laissent penser que nous sommes effectivement au début d'un processus révolutionnaire. Il y a une profonde crise de confiance dans le système et dans les pouvoirs établis, même l'opposition qui s'est inscrite dans l'ancien système semble perdre de la crédibilité en conséquence. Je penses que nous verrons bientôt de plus en plus de voix pour une deuxième république et une nouvelle classe politique finira par émerger.
Bien entendu, le risque à mon avis est que ce soit les islamistes uniquement qui prennent cette aspiration populaire en main et essaient de l'incarner. Pour l'instant le mouvement est profondément social, cela ressemble plus à une révolution de gauche dans un pays d’Amérique latine. Mais si la gauche n'unit pas un front politique avec un projet social crédible et séduisant, les islamistes cueilleront le fruit de la révolution comme cela s'est passé en Iran, même s'ils partent actuellement avec de gros handicaps.