Max Maitre du Monde
Nombre de messages : 6294 Age : 104 Date d'inscription : 30/06/2007
| Sujet: Polemique autour d'un article du "Monde" sur une usine de textile delocalisee 16/7/2008, 14:16 | |
| Une petite polémique autour d'un article du monde décrivant une usine delocalisée d'Aubade ... - Spoiler:
Tunisie : Quand «Le Monde» trompe son monde. par : K. Boumiza.
AFRICAN MANAGER
Faisant reportage sur l’usine d’un fabricant suisse de lingerie en Tunisie, un journal français de renom a gratifié son Monde d’un mélodrame économico-sentimental à faire pleurer ceux qui sont contre les délocalisations, sauf lorsqu’elles le sont vers la France. L’article fait un suivi de la délocalisation, par la société Calida, du reste de sa production de la marque de lingerie Aubade en Tunisie, en laissant pointer en filigrane l’idée - non dite - d’un dumping social qui serait derrière cette délocalisation.
Le journaliste, d’investigation, de ce journal, qui s’est vu refuser l’interview avec le responsable tunisien du site de production de l’entreprise, a du se contenter d’une pirouette aux abords de l’atelier, et de quelques personnes rencontrées au gré de son vagabondage dans cette ville, pourtant historiquement connue par le textile, traditionnel et moderne. On passera donc sur cette remarque d’une ex-ouvrière de Calida an France, qui accusait le Pdg de l’entreprise d’voir «volé » le «savoir-faire» des Françaises pour le donner aux Tunisiennes ! Nous avons fait la même démarche, mais nous n’avons apparemment pas vu les mêmes choses. Où sont les poubelles et les ordures qui s’accumulent ?
Totalement exportatrice, l’entreprise était donc sous douane et nous n’avions pu avoir l’autorisation d’y accéder. Première rectification, l'usine Azur, filiale d'Aubade, ne se trouve pas directement dans la ville de Ksar Helal, comme indiqué dans le journal, mais dans sa banlieue directe (Sayada). Sur une route goudronnée et à une dizaine de mètres du centre ville, c’est l’entrée d’une villa dans le style de celles de la région, en guise d’administration, qui vous accueille bordée d’arbustes. Un carreau de faïence portant inscription de grâce et de louanges à Dieu, surplombe la porte d’entrée en bois qui jouxtait une grande porte coulissante en fer qui donnait sur le magasin de la société. Plusieurs blocs de climatiseurs, sont adossés aux longs murs entourant le grand atelier de l’usine, bâtie en dur et non en tôle pour garantir de bonnes conditions de travail aux 155 employés, dont les filles sont toutes vêtues de blouses roses (tenue de travail).
Nous arrivons aussi à l’heure du déjeuner. Dehors, quelques filles avaient préféré quitter le réfectoire de plus de 300 places à l’intérieur de l’usine, par ailleurs obligatoire selon les services de sécurité sociale de la région. Par petits groupes, quelques employées partageaient leurs déjeuners et les fruits, dans des assiettes (et non des gamelles posées sur le perron des portes extérieurs de l’usine). «Le déjeuner est un moment de détente et d’intimité », nous confie l’une d’elles, «car on y mange et on y échange nos confidences et des moments de nos vies, c’est pour cela que nous avions préféré quitter le réfectoire », ajoute-t-elle d’un sourire timide, comme peuvent l’avoir ces jeunes rurales de cette ville de Ksar Helal. Tradition rurale tunisienne oblige, elles mangeaient effectivement avec les doigts ! (nous le concédons au journaliste bien intentionné . . .)
Nous avions en vain cherché «les oliviers encerclés de... poubelles. Le journaliste du Monde écrivait sans vergogne : « Le terrain qui entoure l'usine est un vrai dépotoir, les ordures en tout genre s'accumulent. Un paradis pour les poules et les moutons ». Introuvables les poubelles et les ordures qui s’accumulaient. Même en faisant tout le tour de l’usine. Celle-ci et depuis la fin des années 90, était érigée dans une région agricole, de plus en plus sous pression urbaine. Il y avait quand même, un tas de grosses pierres blanches sur le terrain jouxtant l’usine. «C’est un voisin qui se prépare à bâtir », nous explique-t-on «et on ne peut pas l’en empêcher, même si cela ne fait pas bon décor». Notons enfin, qu’étant entreprise sous douane, même ses déchets sont contrôlés et brûlés sous contrôle des douanes, nous assure-t-on. Où le journaliste de l’honorable quotidien qui n’est pas à sa première inamitié à l’égard de la Tunisie, a-t-il vu ces poubelles ? Dans ses fantasmes ou dans la succès story de ce petit pays émergent, ne lui en déplaise !? «Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà, plaisante justice qu’une rivière borgne ». Pascal.
A l’extérieur de la filiale d'Aubade, personne ne nous a empêchés de parler aux employées, même si presque toutes ont préféré qu’on ne cite pas leurs noms «par obligation de réserve, dans cette ville où la concurrence est vive sur la main d’œuvre qualifiée», nous explique un cadre rencontré en dehors de l’usine. C’est d’ailleurs cette concurrence et le débauchage, parfois sauvage, des ouvrières et des cadres, qui expliquent que les ouvrières, aient été discrètes (encore un bon point dans leurs qualifications comparées) sur la production de l’usine, et sa position commerciale. Mais elles évoquent volontiers ce salaire de 200 euros, qu’elles jugent insuffisant. Elles reconnaissent pourtant qu’elles sont payées selon les normes en vigueur et qu’elles ont même «une prime de production qui peut atteindre les 150 DT par mois ». Il est vrai aussi que dans ce genre d’entreprise, le travail se mesure à la pièce par minute presque et que ce système de mesure de la productivité n’est pas né en Tunisie, mais bien chez ses donneurs d’ordres français, concurrence oblige. Il faut aussi savoir, nous explique un autre patron textile, que 200 euros, c’est l’équivalent de presque 350 DT (368 DT pour l’exactitude)». Et notre interlocuteur de nous interpeler en affirmant que «si 200 euros ne font pas vivre une personne en France, ici c’est un montant qui équivaut au salaire d’un cadre moyen et qui plus est, dans une ville rurale où le coût de la vie et le niveau de vie, sont loin de ceux des grandes villes tunisiennes». Nous en trouverons d’ailleurs affirmation dans les travaux de la plus récente des enquêtes de consommation publiée dernièrement par l’institut tunisien de la statistique. On imagine mal aussi, que de pareilles entreprises où le temps est de l’argent, auraient permis aux anciennes employées d’Aubade d’utiliser leurs portables dans l’usine ou sur la chaîne de travail. Alors de quoi s’offusque le journaliste du quotidien français pour qui la vérité serait variable selon le côté des Pyrénées ? Le racisme en prime, et sale en plus !
Selon une étude Accenture réalisée en juin 2008, la majorité des grandes entreprises françaises considèrent l'externalisation comme un moyen de répondre à leurs principaux défis des cinq prochaines années. Plus de 60% d'entre elles, pensent que l'externalisation va leur permettre de renforcer leur concurrence et leur positionnement international. D’autres entreprises françaises qui ont délocalisé en Chine ou en Inde, n’ont pas été taxée indirectement de faire du dumping social !
On ne finira pas sans noter ce fort relent de racisme que transpire le papier de «Le Monde», lorsque son journaliste traite (incognito sur le dos de quelques habitants, dont la fameuse coiffeuse en devenir) les employées de l'usine tunisienne d'Aubade, d'éleveuses de chèvres et même de délinquantes, parodie inélégante et malveillante peine voilée aux P…de Jean Paul Sartre. Reprenant des propos dont la sincérité reste à prouver, d’une patronne d'un salon de coiffure qui aurait dit, sur la foi de l’intégrité intellectuelle du journaliste que «Les KGB (pour les villes tunisiennes du Kef, Gafsa et Béja des villes tunisiennes) sont des délinquantes. Les jeunes ouvrières sont accusées de flirter avec de jeunes maçons, qui, eux aussi, viennent de loin. En plus, elles boivent de la bière, ajoute un vieil homme dans son garage, explicite le journaliste du Monde dont le texte frise ici l’insulte diffamatoire hautement qualifiée ! Et de révéler en fin d’article cette face cachée du journalisme au pays des libertés que «A Saint-Savin, dans La Vienne, l'une des ouvrières licenciées [de chez leur ancien employeur Calida] a créé son entreprise : elle élève des chèvres». Questionnés sur ces propos, des habitués du «café des arcades» (pas loin de l’usine, le journaliste se le rappelle certainement), n’ont pas manqué de crier à l’insulte suprême et de proférer à l’encontre de ce journal iste, des mots que nous ne rapporterons pas !
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