Microsoft affiche sa volonté d'ouverture

La direction de
Microsoft, premier éditeur mondial de logiciels, a annoncé jeudi 21
janvier qu'elle allait donner accès librement et gratuitement à la
documentation technique (les interfaces et les protocoles de
communication) associée à la plupart de ses produits phares : son
nouveau système d'exploitation Vista, sa suite bureautique Office 2007,
la base de donnée SCQL Server 2008...


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Ces informations étaient jusqu'à présent jalousement gardées
secrètes. Elles n'étaient accessibles qu'aux ingénieurs de l'entreprise
américaine ou à la concurrence, mais de façon très partielle et via des
accords de licences coûteux. Le but de Microsoft est de rendre possible
une meilleure "interopérabilité" entre ses produits et ceux de ses
concurrents, c'est-à-dire qu'ils communiquent mieux entre eux.
Dès vendredi 22 février, 30 000 pages de documentation, "représentant des années et des millions de dollars de travail",
a précisé jeudi Steve Ballmer, PDG de Microsoft, seront mises en ligne
et accessibles sur internet gratuitement. Pour faire un usage
commercial de cette documentation technique - qui comporte de nombreux
éléments brevetés - il faudra néanmoins payer des royalties à
Microsoft.
Mais l'éditeur s'est engagé, jeudi, à proposer un prix "modique et non discriminatoire". "Nous allons mettre sur un pied d'égalité les ingénieurs maison et les autres", précise Marc Mossé, directeur des affaires juridiques de Microsoft France.Il
ne s'agit pas d'un changement radical de modèle économique : Microsoft
continuera pour l'instant à vendre la plupart de ses logiciels sous
licence. Pour autant , l'éditeur américain, créé par Bill Gates et Paul
Allen, rompt de façon radicale avec la posture qui a toujours été la
sienne depuis sa création : des logiciels "propriétaires" (par
opposition aux logiciels libres), vendus sous licence, avec peu
d'interopérabilité avec les produits concurrents.
ENQUÊTE ET AMENDEDepuis
longtemps, les concurrents de Microsoft dénoncent cette stratégie de
"verrouillage" qui, appuyée sur une position de leader - le groupe
contrôle largement le marché des logiciels de
bureautique et les systèmes d'exploitation pour PC, avec des parts de
marché évaluées entre 80 % et 90% - les empêche de diffuser des
logiciels qui "tournent" bien avec ceux de Microsoft.
Sous
la pression de la justice, notamment européenne, Microsoft avait
toutefois fait déjà des ouvertures, mais plus partielles, ou conclu des
accords bilatéraux (comme avec Novell).La Commission européenne,
qui soupçonne Microsoft d'abus de
position dominante, avait infligé au groupe en 2004 une amende record
de 497 millions d'euros, décision confirmée par la justice européenne
en septembre
2007. En janvier, la Commission a ouvert une enquête sur
d'autres produits de
Microsoft, dont sa suite Office et le navigateur Internet Explorer.
Jeudi, les services de Bruxelles ont fait savoir que l'annonce de
l'éditeur américain "ne
répondait pas à la question de savoir si oui ou non Microsoft s'est
conformé aux règles anti-monopoles européennes dans ce domaine par le
passé".Cécile Ducourtieux