Tchen'tchina a dis à la suite d'une lecture :
Je manque de mots pour en parler ...
On nous parle souvent de la lecture comme richesse en ce qu'elle nous ouvre une multitude de chemins : le chemin du savoir , le chemin du plaisir (et pourquoi pas les deux pour les plus chanceux), ceux qui font des recherches sur un objet qui les passionne.
Je me sens l'envie de dire des débilités profondes, du genre: les livres représentent ce que l'homme a su faire de mieux; et c'est une connerie qui ne l'est pas tant que ça ... « L'écriture c'est l'histoire » a dit un jour l'un de mes professeurs. On connait l'histoire d'après l'écriture, il est par conséquent normal que les livres soient la première de nos richesses.
La lecture des livres comme richesse, c'est assez aisée à comprendre, on ne le dit jamais assez aux enfants. Mais leur dit-on aussi à ces enfants que la lecture est une richesse émotionnelle avant tout?
Le chercheur qui a passé son dimanche à moisir dans une bibliothèque et qui trouve, enfin, ce qu'il cherche; l'anecdote à évoquer, l'explication à donner, l'information essentielle ... En trouvant le savoir , il ressent quelque chose qui lui fait alors oublier toutes ses journées de travail . Il ressent l'insondable.
Et celui qui lit pour le plaisir exclusivement ( peut être ai-je tort de séparer cette hypothèse de la précédente) et qui se trouve emporté par l'histoire qu'il lit à tel point qu'il saute son repas , qu'il engueule le premier venu qui ose le déranger dans un tel moment ... Celui là aussi ressent quelque chose... et là aussi c'est sûrement insondable.
Pourquoi n'explique-t-on pas avant tout que la lecture c'est la richesse des émotions que l'on reçoit pour inciter les enfants à lire? On leur dit oui c'est une histoire fantastique , génial tu vas voir, tu vas apprendre pleins de choses en plus .. mais ils ont la télé pour cela, leur game cube ... et peut etre même la vie pour voir des histoires fantastiques, et pour apprendre des choses.
Est ce qu'on leur dit " Ce que tu ressentiras en fermant le bouquin c'est quelque chose d'incroyable, un coktail d'émotions : tristesse ( d'etre arrivé à la fin peut être ou de la tournure qu'a pris l'histoire), joie (heureux du dénouement), réflexion (sur les similitudes de cette histoire avec un vécu peut-être ), bref des sentiments que ne te procurent pas les dessins animés de Gulli , pas même Mario et la princesse qu'il retrouve après 100 niveaux "
J'ai essayé de faire comprendre cela à mon petit frère après avoir fermé mon bouquin tout à l'heure; quand on aime quelque chose on a envie de le partager, non ?
Et je n'ai pas trouvé mieux qu'un gamin enfermé dans le salon, les yeux rivés sur sa PSP ( playstation portable pour les non initiés) et les oreilles tendues vers la télé ( dessin animés Gulli)
Je lui demande de se lever , j'ai quelque chose d'important à lui dire.
Il se lève,me suit dans ma chambre et je lui dis des choses sur la lecture avec des picotements dans les yeux ( c'est ce que je ressens quand un livre me bouleverse).
Je ne détaille pas le contenu du monologue (trop intime)
Bref après m'avoir regardé avec des yeux gros comme des obus; la bouche bée devant cette grande soeur qui cherche ses mots, il me dit d'accord et merci; puis nous procédons à un déménagement de tous mes "livres d'enfants"(ceux que j'ai refusé qu'ils passent à la cave ) ..
C'est qu'il est fier le petit en emmenant les piles une à une en vue de les installer dans sa chambre!
Le truc c' est qu'après avoir rangé , il me regarde et me dis " Merci , et je vais commencer par "Alice et la diligence" .. c'est une détective comme le détective Chatterton c'est ce que t'as dis tout à l'heure"
" Par contre je commencerai ce soir après avoir joué"
"Hein?" " Oui mon jeu de psp .. je vais bientot le terminer " et le gredin file dans le salon.
Et moi qui pensais qu'il allait se mettre à les dévorer tout de suite, j'étais limite vexée .. j'ai failli lui ordonner de commencer tout de suite ...
Et puis je me suis rappelée ce que je lui avais dit sur le plaisir de lire, il n'allait pas ressentir un plaisir en étant contraint de lire.
C'est un tantinet tristre .. mais je ne perds pas espoir de lui refiler un jour ma maladie.
A vous !!