Obama ou Clinton ?

Pourquoi McCain profite du duel Clinton-Obama
Philippe Coste
Au lendemain des primaires de Pennsylvanie, Hillary Clinton est relancée. Et espère toujours vaincre Barack Obama. Mais la lutte au sein du camp démocrate a un prix: pendant qu'elle se poursuit, John McCain, le candidat républicain, compte les points et engrange.


le combat interminable entre Hillary Clinton et Barack Obama pourrait le faire oublier: dans l'autre camp, les républicains ont déjà choisi leur candidat à la présidentielle. Dans l'ombre depuis deux mois, John McCain a eu tout loisir de consolider ses soutiens dans le parti, au sein de l'aile conservatrice en particulier.

Alors que la campagne proprement dite commence à peine, un premier sondage le crédite d'une légère avance sur ses deux rivaux démocrates. Normal. A force de s'entre-déchirer, Clinton et Obama rehaussent la crédibilité de leur adversaire commun. De plus, faute d'attention soutenue des médias, l'image de McCain se limite souvent à son statut de héros militaire et à sa réputation de rebelle politique intègre.

«Ses qualités personnelles inspirent le respect, mais il répondra de son indifférence aux préoccupations des Américains, sur les questions précises de la guerre et de l'économie», souligne Howard Dean, président du Parti démocrate.

De fait, en assurant que la présence américaine en Irak pourrait durer «cent ans», le sénateur de l'Arizona, longtemps partisan d'un renfort de troupes contre l'insurrection, a semblé oublier que la remontée de ses sondages, catastrophiques en septembre 2007, n'avait été possible que grâce à une accalmie des mauvaises nouvelles d'Irak dans les médias.

Et son seul discours économique, en plein début de récession, se limite à des attaques populistes contre les rémunérations excessives des grands patrons de Wall Street, à quelques mesures timides pour les ménages menacés par la crise des subprimes et à une allégeance au credo des baisses d'impôts de Bush.

Dans ces conditions, le Parti démocrate table déjà sur un ralliement des deux tiers des «indépendants» - 30% de l'électorat - dès l'investiture de son candidat. Qui bénéficierait alors d'une avance de 12 points sur McCain. Si la guerre Obama-Clinton n'a pas dégénéré entre-temps...