Sawiris s'intéresse à Bouygues Télécoms

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Après avoir bâti sa fortune dans les pays émergents, Naguib Sawiris, président d'Orascom, renforce ses positions en Europe.

AMOUREUX de la France où il possède une maison, des bureaux et passe ses vacances depuis vingt-cinq ans, l'Égyptien Naguib Sawiris, président d'Orascom Telecom, est fermement décidé à prendre pied dans l'Hexagone. L'ambition n'est pas nouvelle, mais la détermination est plus forte que jamais.

« Je me focalise sur la France où je veux prendre position », a- t-il affirmé hier au Figaro. Et l'homme d'affaires, l'un des plus puissants du Moyen-Orient, qui a bâti en moins de dix ans un géant des télécoms fort de 75 millions d'abonnés et certainement de « 100 millions d'abonnés dès l'an prochain », a le savoir-faire pour s'implanter dans tous les pays même les plus difficiles. Après avoir conquis des positions fortes en Algérie, Tunisie, Pakistan, Irak, Bangladesh, il a pris pied en Europe en rachetant le numéro trois italien Wind et le numéro trois grec Tim Hellas. En France, il est bien sûr intéressé par le numéro trois du mobile qu'il valorise à environ 9 milliards d'euros.

Alors que le gouvernement français s'est saisi du dossier Areva, et que Bouygues vient de racheter la part de BNP Paribas dans sa filiale télécoms, les rumeurs sur une vente de Bouygues Telecom repartent de plus belle. « Si Bouygues vend sa filiale télécoms pour se recentrer sur le nucléaire, je serai candidat au rachat », affirme Naguib Sawiris. Ajoutant aussitôt, « qu'aucune discussion n'est engagée à ce jour », et qu'il « serait bien impoli de sembler insister pour acheter un bien qui n'est pas à vendre ». Un pas que Naguib Sawiris ne franchit pas, lui qui confesse se trouver « des affinités » avec Martin Bouygues, qualifié « d'entrepreneur pragmatique, resté modeste et d'une grande politesse ».

Psychologue, Naguib Sawiris sait que Martin Bouygues n'est pas homme à se laisser forcer la main. Ce dernier a encore démenti la vente de Bouygues Telecom début septembre, affirmant « qu'on ne joue pas la vie d'une entreprise sur une table de baccara ».

Prudent, Naguib Sawiris sait aussi mettre habilement en avant ses atouts face à d'autres acheteurs potentiels comme Telefonica ou KPN. « Orascom apporte sa forte présence sur tout le bassin méditerranéen, capable de générer de vraies synergies, notamment dans les appels internationaux entre l'Algérie et la France qui compte cinq millions d'Algériens. Les liens politiques entre l'Égypte et la France sont également très bons », explique-t-il, tout en mentionnant sa Légion d'honneur et son goût pour les chansons de Charles Aznavour.

« Nous avons fait la preuve de notre savoir-faire en Italie avec Wind et pouvons nous appuyer sur cette success story », reprend-t-il. Sans oublier de glisser au passage qu'avec ses achats d'équipements pour le monde entier, il représente « entre 5 % et 10 % du chiffre d'affaires d'Alcatel », le champion français des équipements télécoms et utilise peu, en revanche, le matériel concurrent des groupes chinois comme Huawei.

Bataille héroïque et solitaire

Avec la crise du subprime, les fonds que l'on disait très intéressés par une éventuelle vente de Bouygues Telecom s'effacent au profit des groupes industriels. Et tout semble porter Naguib Sawiris, roi des télécoms, dont le père, Onsi Sawiris, a bâti un empire du BTP en Afrique, à pouvoir s'entendre avec la famille Bouygues. D'autant que le parallèle ne s'arrête pas à l'histoire familiale. En matière de technologie, Naguib Sawiris confesse les mêmes penchants « anti-troisième génération de téléphonie mobile » que Martin Bouygues, reconnu pour sa bataille héroïque et solitaire contre les folies de l'UMTS.

Mais l'homme a plus d'un fer au feu. Faute de racheter Bouygues Telecom s'il était mis en vente, il pourrait aussi s'intéresser « à Free ou Numericable, et même nouer des partenariats avec Vivendi, ou France Télécom qui deviendra bien un jour une entreprise totalement privée ». Il ne « sera jamais un sleeping partner », en revanche il n'est « pas opposé à un partenariat actif ».

Audacieux, ambitieux, celui que Forbes appelle l'Africain le plus riche, avec une fortune estimée à 10 milliards de dollars, a les moyens de ses ambitions. Au premier semestre, Orascom Telecom a enregistré un résultat net de 995 millions de dollars, en hausse de 201 %, pour un chiffre d'affaires de 2,5 milliards de dollars, en hausse de 18 %. « Nous sommes capables de financer un gros investissement en France. Et, si la dette est chère désormais, elle reste disponible », affirme-t-il. Toutes les acquisitions en Europe sont réalisées via sa structure d'investissement Weather Investments, « dans laquelle il pourrait faire entrer les fonds BlackStone, TPG ou d'autres ». Des poids lourds pour de nouvelles acquisitions de choc !

http://www.lefigaro.fr/actubourse/20070912.FIG000000114_l_egyptien_orascom_lorgne_bouygues_telecom.html

Du lourd de chez lourd dans les finances !

Vu sa trésorerie, Naguib Sawiris peut s'autoriser de belles acquisitions ... sur le papier. Car l'état français reste très protectionniste.