Depuis qu'elle vise le perchoir de l'Assemblée constituante, Souad Abderrahim durcit le ton.
© AFP / Lionel Bonaventure
L’égérie du parti Ennahda, Souad
Abderrahim, se révêle être une redoutable moralisatrice. Ses récents
propos sur les mères célibataires tunisiennes et leur protection
juridique a suscité un véritable tollé. Portrait d’une militante non
voilée qui pourrait devenir présidente de la Assemblée constituante.
En tailleur pantalon et brushing impeccable, elle cultive une
allure des années 80. Un petit air de Sue Ellen, l’alcool en moins,
bien-sûr. Car Souad Abderrahim est l’atout féminin du parti islamiste Ennahdha, qui a obtenu plus de 40 % des voix lors de l'élection de la Constituante, le 23 octobre dernier. Une femme non voilée, qui veut désormais s'installer au perchoir de la nouvelle assemblée tunisienne.
Toujours tirée à quatre épingles, cette pharmacienne de 47 ans a
d'abord caché sa crinière fauve sous un voile, pendant ses années
d’études à la faculté de médecine de Monastir. Au début des années 1980,
elle commence à militer et à rencontrer des activistes comme Ajmi Lourimi, aujourd’hui membre du bureau politique d’Ennahdha. À l'époque, elle est déjà membre du bureau exécutif de l’Union générale des étudiants tunisiens (Uget).
Les tensions entre les étudiants gauchistes et islamistes sont alors à
leur apogée. Souad soutient qu’elle a tenté de « réconcilier les deux
camps et de servir les intérêts des étudiants plus que ceux d’un camp
politique ou une idéologie ». Son implication militante lui vaut 15
jours d’emprisonnement en 1985, alors qu’elle tentait simplement de
calmer une violente querelle entre étudiants.
Image moderneDésignée comme fauteuse de troubles, elle est dans le collimateur du
ministère de l’Intérieur et est contrainte de quitter la faculté - elle
ne reprendra que plus tard des études de pharmacie. Comme pour tous les
militants islamistes, commencent vingt longues années hors de toute vie
publique. Elle quitte son voile pour devenir président directeur général
de Presta Pharm, grossiste en produits pharmaceutiques, se lance dans
la vie associative et ne renoue avec l’activité politique qu’après la
révolution du 14 janvier.
Présente dans toutes les rencontres publiques aux côtés des leaders d'Ennahdha comme Rached Ghannouchi,
elle renvoie une image moderne aux antipodes du stéréotype de la femme
islamiste soumise et fait taire les détracteurs du mouvement. Elle a
fait sensation par des discours tolérants défendant, entre autres, les
acquis des femmes et le Code du statut personnel tout en affirmant que
la priorité des femmes est leur rôle de mères de famille.
Tête de liste sur la circonscription de Tunis 2 sans être adhérente
d’Ennahdha, cette mère de deux enfants a remporté un siège à l’Assemblée
Constituante. Mais depuis les élections du 23 octobre, elle a changé de
ton. La nahdaouie, qui possède 3 146 amis sur Facebook et qui déclare
apprécier le rappeur « Psycho M », si controversé pour ses incitations à
la violence, s’érige désormais en gardienne des bonnes mœurs. Surnommée
« Souad Palin » en référence à Sarah Palin, la gouverneure républicaine de l’Alaska,
elle a soulevé une vague d’indignation après avoir souhaité la
fermeture des bars afin de ne pas heurter les sensibilités. Surtout,
elle a attisé la colère des femme comme des hommes par des propos
réactionnaires sur les mères célibataires.
"Les mères célibataires sont une infamie"
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: Souad Abderrahim, le pasionaria d'Ennahdha se dévoile |
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