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| Marc-Edouard NABE | |
| | Auteur | Message |
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chidd-min-ghadi Homo Habilis
Nombre de messages : 857 Age : 39 Localisation : l'olympe Date d'inscription : 18/08/2009
| Sujet: Marc-Edouard NABE 28/10/2009, 21:44 | |
| interview du terroriste islamiste antisémite artiste "marc edouard nabe"
Il a mauvaise presse, des amis infréquentables, des propos exécrables, un vilain goût pour les provocations. Voilà le portrait que dressent ses ennemis, c’est-à-dire à peu près tout le monde. On peut également dire de Marc-Edouard Nabe que c’est un écrivain de talent, qu’il a du courage et une vertu peu commune : la fidélité à ses idées. Sans parler du "plaisir aristocratique de déplaire" qu’évoquait Baudelaire...Entretien réalisé par Emmanuelle Duverger et Robert Ménard - Spoiler:
Vous n’aimez pas les journalistes ?
J’ai toutes les raisons de les détester. Ils ne font pas leur boulot. Quand ils restent ici, c’est pour mentir. Quand ils se déplacent sur le terrain, c’est pour se caresser la barbe.
Vous mettez tous les journalistes dans le même sac ?
De plus en plus. Ils fonctionnent selon le même principe, que ce soit dans la presse écrite ou dans l’audiovisuel. Prenez Yves Calvi. Il anime au quotidien une émission de propagande criminelle. Il accueille toujours les mêmes invités qui, pour certains, à mon avis, sont payés par la chaîne pour donner leur point de vue. Et quel que soit l’événement, parce qu’ils sont paraît-il des spécialistes du Moyen-Orient ou de l’Iran. Son émission est dangereuse, on n’y apprend rien et on y entend le même discours ; il n’y a pas de débat. Ces mêmes gens pensent la même chose et déforment la réalité, ils en donnent une image terne, laide, rétrécie comme eux. Je suis passionné par le langage. "Au début était le Verbe" , disait Saint-Jean, mon maître. Regardez ce pauvre Calvi : chaque fois que quelqu’un parle, même un de ces foutus spécialistes qui, à mon sens, ne comprennent rien à rien, il traduit en langage journalistique, pour les téléspectateurs, ce qui vient d’être dit. Ses invités disent des choses tellement illogiques et incompréhensibles que Calvi estime de son devoir de les redire à sa façon pour un public sensé être trop bête pour les comprendre.
N’est-ce pas le boulot des journalistes ?
Non, le travail des journalistes est de poser les bonnes questions. Même si pour moi, ce devrait être davantage. Calvi ne pose pas les bonnes questions, il traduit les mauvaises réponses. Et ne venez pas me dire qu’il fait de la pédagogie ! Ca n’aurait de sens que s’il expliquait, non ce que l’invité a dit, mais pourquoi il le dit.
Pourtant, Yves Calvi a du succès.
Rien n’a du succès. On fait avoir du succès. C’est un automatisme. Si on met à la place quelque chose de plus fort, de plus intéressant, ça aura autant de succès. Les médias ont peur d’innover, de trouver de nouvelles façons de présenter les choses. Ils travaillent toujours par réflexes.
Pourquoi ? Quelqu’un le leur impose ?
Non, c’est plutôt une faiblesse, une paresse générale qui règnent, des habitudes venues de nombreuses années de pratique malfaisante de la propagande. Il n’y a pas un grand chef qui tire les ficelles. Les gens des médias se comprennent très bien entre eux. Une complicité naturelle, des réseaux fondés sur un mauvais goût commun et une lâcheté d’employés à toute épreuve leur suffisent largement pour participer, chacun à son poste, à l’extinction des voix dérangeantes.
Quelle est votre attitude face à cela ?
Attaquer les médias sur leur terrain plutôt qu’à l’extérieur, comme certains qui par mépris, les critiquent sans vraiment les connaître.
D’où leur décision de ne pas aller à la télévision...
Je ne crois pas qu’il s’agisse toujours d’une décision théorique ou révolutionnaire. C’est aussi par complexe, par manque d’assurance. Chez les écrivains, on nous ressert toujours Julien Gracq, le roi de l’intégrité. Mais s’il ne s’est jamais montré à la télévision, c’est parce qu’il avait une verrue sous le nez, atroce à regarder. Gracq en a toujours eu honte. Il ne faut pas toujours croire aux grandes raisons idéologiques, aux radicalités éthiques qui expliqueraient tel ou tel choix...
Vous ne croyez pas à une main qui dirigerait la machine médiatique.
Pas du tout. Je connais bien le fonctionnement de la machine télévisuelle, je fréquente les plateaux télé depuis que j’ai douze ans, quand j’étais aux côtés de mon père [le musicien Marcel Zanini]. C’est vous dire si j’ai eu l’occasion d’observer la façon dont tout ce sac à noeuds s’agite...
Privé, public, même fonctionnement ?
Ca n’a aucune importance. Je ne vois pas pourquoi TF1 mériterait plus une leçon de morale que France 2 ou France 3. Ou encore Arte. Même conformisme. Tout le temps.
C’est pour briser ce conformisme que vous utilisez lors de vos interventions des mots aussi violents ?
Oui. J’impose le Verbe. Au sens évangélique. Lisez les discours de Jésus quand il est en colère. Il dit des choses épouvantables. C’est mon modèle de journalisme. Quand je vais à la télévision, ce n’est pas pour me faire de la publicité. C’est pour faire de la contre-publicité à la télévision.
Quand on vous reçoit, vous quittez le plateau1...
C’est arrivé une fois. J’avais affaire à un truqueur, un tronqueur. Ce n’était pas en direct. Pendant le réquisitoire de Gérard Miller, je me suis dit que si je restais, ils allaient couper le meilleur de mes interventions, édulcorer mes propos, et lui passerait pour le vainqueur... Il valait mieux avoir l’air de fuir le combat et que cette fuite soit télévisée... Ca m’est déjà arrivé qu’on me sucre totalement à l’image comme sur ces photos soviétiques où on dirait que le personnage gênant n’a jamais été présent. Lors d’un "Tout le monde en parle" avec Françoise Rudetzki [Fondatrice de SOS Attentats], Ardisson a coupé toute ma séquence sans qu’on s’en aperçoive. Avec Ruquier, si je n’étais pas parti, j’étais perdant.
Vous ne pensiez pas que vous auriez été plus fort que Gérard Miller ?
J’étais déjà plus fort. Ce n’est pas difficile. C’est d’aillleurs parce qu’il le savait qu’il a pris soin d’écrire son pamphlet. C’est pas de l’amour, ça ? Un bijou ! Trop pur pour que je le salisse en lui répondant. Et puis, ça m’a beaucoup servi. Des jeunes de 18 ans m’ont découvert lors de cette émission. Merci encore, Miller !
Vous n’êtes pas le seul à avoir quitté le plateau de Ruquier...
Il ne faut pas hésiter à venir pour ça. Ca vaut le coup de laisser les médias le bec dans l’eau de temps en temps. Ce n’est pas un coup de colère. Je n’aime pas les gens qui se contentent de s’indigner. Que font-ils ? Rien. Dans mes textes, j’opère un travail de fond sur le rapport entre le langage et le silence, entre l’écrit et l’oral. Et mes apparitions médiatiques ne sont que le prolongement physiquement visible de ce travail. C’est pour ça que je les enregistre : elles deviendront des textes. Jérôme Garcin avait écrit un très bel article là-dessus : d’après lui, je fais mentir le proverbe selon lequel "les écrits restent et les paroles s’envolent". Le but, c’est de finir sur du papier, pas sur Internet. Voilà pourquoi je n’ai pas de blog. Ce serait écrire virtuellement.
Mais vous avez un site.
Je n’y participe pas directement. Je me contente de donner des documents, des informations parfois. Je n’y écris rien. Ce serait une défaite, non de la pensée, mais de l’écrit qui est la véritable pensée, comme chacun sait. Mes tracts, je pourrais les faire sous forme de blogs. Mais c’est quand même beaucoup plus beau de les tirer sur papier, et de les afficher. Que ça soit ensuite repris sur Internet ne me dérange absolument pas - il y a beaucoup de blogs qui les reproduisent, qui les resaisissent même -, mais je préfère les voir d’abord sur les murs : ça a un sens par rapport aux dazibaos, aux affiches déchirées de l’époque dada, etc. Il n’y a rien de plus beau pour moi que de voir un de mes textes lacéré dans les rues. Ca redonne un sens à l’écriture.
Pour en revenir aux mots, vous en avez de terribles. Vous le mesurez ?
Tout à fait. Au millimètre, croyez-moi. Et si mes mots tuent, tant mieux. C’est fait pour ça. Vous vous rendez compte que certaines personnes m’en veulent encore, vingt ans après, pour un seul mot qui les a blessées ? Récemment, j’ai revu un journaliste que j’avais traité de "cervelle de mouton" en 1987. Pendant toute la soirée, j’ai cru qu’il m’avait oublié, il était charmant avec moi, et à la toute fin, il n’a pas pu continuer à jouer la comédie, toute sa haine, compressée est ressortie dans un flot d’insultes mal maîtrisé. C’était beau à voir, c’était vrai. Pour cette beauté, je ne regretterai jamais d’avoir meurtri quelqu’un.
Vous pensez des horreurs pareilles ?
Pourquoi des horreurs ? C’est un procès qu’on fait à toute vraie littérature : lui reprocher son aspect violent. Mais il ne s’agit pas de violence gratuite, c’est de la poésie. Est-ce que vous trouveriez mez propos violents si j’avais présentés mes textes sous forme de vers ? Sûrement pas.
Il ne faut pas les prendre au premier degré ?
Ca dépend du contexte. Aujourd’hui, la véritable écriture est tellement ignorée, tellement bafouée, tellement réduite à l’expression d’idées qu’on ne sait plus ce que c’est. Alors que e verbe n’est que l’expression de lui-même. Tout son sens est dans sa naissance. C’est ça qui est magique. C’est ça qui est religieux.
Les mêmes mots dans un livre et sur un talk-show ont-ils un sens identique ? N’est-on pas piégé sur un plateau de télé ?
Tant pis. Contrairement à certains, moi je suis le même à la télé. Si les autres se contiennent devant les caméras, c’est d’abord parce qu’il n’ont rien à dire et puis, aussi, parce qu’ils craignent que ça nuise à leur image. Mais moi, j’ai commencé par détruire mon image, en direct, à l’âge de 25 ans chez Bernard Pivot2, et je l’ai fait sciemment, avec toute ma fraîcheur. Mon but n’est pas de protéger ou de consolider une image. C’est mon côté hyper snob, dandy, élitiste. Mais pas sur le plan social : je suis pauvre, et je le resterai. Je me fous de griller ma réputation. Ca sert à quoi, une bonne image ? A avoir plus de lecteurs ? Faire une bonne prestation vous ouvre d’autres portes. Qui vont vous amener à quoi ? A fréquenter d’autres gens, des éditeurs, des journalistes, pour avoir un bon réseau, de bons articles dans un bon journal. Pour quoi faire ? Pour vendre des livres ? Il vaut mieux avoir mille lecteurs qui vous comprennent que cent mille qui se servent de vous pour se croire intelligents.
Frédéric Taddeï explique que vous vendez autour de deux mille exemplaires de chacun de vos livres.
Exactement, deux mille à trois mille exemplaires. La vraie littérature, depuis trois cents ans, s’est toujours vendue à deux mille ou trois mille exemplaires à quelques rares exceptions près.
Frédéric Taddeï est un des rares journalistes à vous défendre, à vous inviter encore.
C’est le seul. Mettons de côté notre amitié, je crois que ça s’explique par son honnêteté et son admiration sincère. Qui ne date pas d’hier. Il n’a pas attendu d’être à la télévision pour s’intéresser à moi. Mais la chose est très fragile : s’il ne m’invitait pas de temps en temps, vous ne me verriez plus jamais à la télé. Si Jean-Paul Bertrand, des éditions du Rocher, ne m’avait pas soutenu pendant quinze ans avant de partir (ce qui a fait que j’ai été viré dans la foulée), je n’aurais plus rien à attendre de la France. Dans mon propre pays, je n’aurais jamais été édité. La preuve : depuis que je n’ai plus les éditions du Rocher, aucun journaliste, éditeur, confrère, critique n’a levé le petit doigt pour que je trouve un moyen de m’exprimer. Au contraire.
Mais si aujourd’hui, vous annonciez que vous cherchez une maison d’édition...
Je ne cherche pas d’éditeur. Qu’ils aillent se faire foutre. J’ai passé un cap. C’est moi qui ne veux plus d’éditeur. Je ne veux plus être dans ce système. Je suis une sorte de pionnier, petit et modeste, qui veut concevoir une nouvelle façon pour un écrivain de s’exprimer dans sa société.
D’où les tracts...
Exactement. Qui sont une première étape. Il va y en avoir d’autres.
Lesquelles ?
Eh bien, vous allez voir. Vous n’êtes pas au bout de vos surprises avec moi.
Et ceux qui disent que vous construisez votre image en bousculant tout le monde, en ne respectant personne.
Je leur réponds : est-ce que c’est seulement une question d’"image" ? Etes-vous assez fort pour supporter ce que j’ai supporté ? Depuis vingt-cinq ans ? J’étais promis à un bel avenir : fils de musicien de jazz, dessinateur de Hara-Kiri à seize ans, protégé par le Professeur Choron, puis par Philippe Sollers et Jean-Edern Hallier, arrivant dans la jeune littérature au milieu des années 1980. Il suffisait que je mette un peu d’eau dans mon vin, et puis voilà. Mais j’ai remis un peu de vin dans mon vin jusqu’à ce que la coupe déborde.
De quoi vivez-vous ?
De ma peinture. Et ça marche bien, une exposition tous les deux ans me permet de tenir jusqu’à la suivante. De plus en plus d’amateurs veulent des portraits de jazzmen ou des femmes nues, des guerriers grecs ou des dessins plus politiques... Tel est le paradoxe : le peintre à succès finance l’écrivain maudit.
Comment votre entourage vit-il votre réputation "sulfureuse" comme disent certains ?
Vous voulez dire ma réputation "antisémite" ? C’est drôle que la sulfurosité serve toujours d’euphémisme, dans le langage journalistique, pour ne pas dire le mot antisémite... Pauvre soufre ! Qu’est-ce qu’il a fait pour mériter ça ? Pour répondre à votre question : très bien.
Pourtant, une des pires accusations qu’on puisse adresser à quelqu’un aujourd’hui est de le dire antisémite.
Je m’en suis expliqué à multiples reprises. Chaque fois, j’alimente, j’agrémente pour ne pas répéter la même chose, j’ai horreur de ça. C’est d’ailleurs sur ce point que je diverge de Dieudonné et sa bande. Nous en sommes à un moment où il ne faut plus réfuter cette accusation. Si de mauvaises personnes, des abrutis, des connards nous traitent d’antisémites, alors, oui, nous sommes antisémites à leurs yeux. Pour Gérard Miller, il est important que je sois traité d’antisémite. Je l’accepte de sa part. De quelqu’un d’autre, non. Lui est tellement méprisable, tellement ignoble, tellement bas... J’ai dit à Dieudonné : " Tu aurais dû faire carrément une "liste antisémite", barrer le mot pour les raisons légales et mettre en dessous "antisioniste"." De toute façon, tout le monde dit que c’est une liste antisémite, autant avoir les deux mots, annoncer la couleur et en jouer, puisqu’en France, on ne peut pas être antisioniste. Quoi qu’on fasse dans ce pays, une fois que vous avez été traité d"antisémite, la tâche est indélébile. Nous pourrions moi et d’autres, essayer pendant des siècles de la réfuter, ce serait inutile...
Pourquoi ?
A cause, évidemment, de la Seconde Guerre mondiale, de l’Occupation, du comportement dégueulasse des Français sous Vichy. La France n’a toujours pas différé cette question-là. Elle en crèvera. Et je dirai : tant mieux. Ou tant pis pour elle ! Je n’ai pas envie de passer ma vie à me justifier de ce que les Français, ce peuple que je méprise, ont fait il y a soixante ans, alors que je n’ai rien à voir avec ça. Il faut aider les jeunes à se débarrasser de cette culpabilité d’abrutis pétainistes des années 1940. Ne craignons plus l’accusation d’antisémitisme.
Sauf qu’elle vous ruine socialement.
Je m’en fous puisque je suis ruiné depuis le départ. Je n’ai plus rien à perdre. Comme Dieudonné, je reste un artiste. C’est pour ça que je le défendrai toujours. C’est un grand humoriste et il se sert de cette question pour déconner. Il suffit de voir la bande de bras cassés avec laquelle il a fait sa liste aux Européennes. Je lui ai d’ailleurs conseillé d’être encore plus "bras cassé", plus fellinien. Plutôt qu’un médecin écolo absurde, un chiite sentencieux, une voilée timide et des gros bras nationalistes, il fallait s’entourer d’un aveugle, d’un handicapé, d’un Martien et d’un cheval qui aurait eu beaucoup de problèmes avec les sionistes parce que son jockey juif le cravachait ! La quenelle, il est le seul à la faire sur son affiche. Dieudonné a cette espèce de propension au baroque, comme moi. Malheureusement il est très mal influencé. C’est encore chochotte de dire : "Attention, nous sommes des antisionistes, pas des antisémites". Cette liste a ridiculisé l’antisionisme... Il faut aller plus avant dans la déconnade. C’est ce que m’a enseigné le Professeur Choron. Désolé, mais je préfère le Professeur Choron au professeur Faurisson... Je suis contre tous les révisionnismes. Sous couvert de vouloir découvrir de petits détails effectivement cachés de la vérité officielle, on en arrive à nier la réalité toute entière. Appauvrissement de la vie n° 1. La négation de l’Holocauste entraîne toutes les autres, y compris celle de la Palestine... Et celle de la participation d’Al-QaÏda au 11-septembre entraîne le désolant complotisme de beaucoup d’Arabes aujourd’hui complexés par l’Amérique...
Et Alain Soral, votre grand copain, il est plus sérieux...
Il n’est pas si sérieux que ça. C’est un très bon comédien doublé d’un punk. Je le soutiens parce qu’il est mal-pensant, même s’il s’attaque au système avec des moyens qui ne sont pas les miens. Alain est un être très tendre, très sentimental ; il n’est pas, comme moi, une brute de littérature. Il aime prêcher dans les cafés, dans les meetings. Moi, je suis un solitaire. Il me le reproche d’ailleurs, de temps en temps, disant que je me la joue littéraire. Mais c’est mon métier : chacun doit être le meilleur sur son terrain. Toute personne qui se révolte contre Israël est mon ami.
Au point de soutenir le Hezbollah, le Hamas ?
Oui. Sans état d’âme. Pour combattre le colonialisme, pas pour le reste. Je n’en ai rien à foutre de leurs conneries de voile, de religion, de sectarisme. Ce qui compte, c’est qu’ils refusent d’être des esclaves chez eux.
Même s’ils recourent à des actions terroristes ?
C’est leur façon de s’exprimer. On ne va pas revenir sur le vieux débat du terrorisme. La question est de savoir si on accepte ou non qu’un pays soit colonisé d’une façon ou d’une autre. Beaucoup ont l’air de très bien s’accomoder qu’il y ait des colons un peu partout, moi pas. Et je ne suis pas le seul. Pour Houria Bouteldja, maître Vergès, Tariq Ramadan ? Rony Brauman, qui eux non plus n’ont pas fait partie de la "liste antisioniste", Israël est l’incarnation la plus ignoble, la plus définitive du colonialisme.
Au fond vous n’êtes pas un militant.
J’ai horreur de ça. On oublie aujourd’hui ce qu’est un artiste. Est-ce que Toulouse-Lautrec était un militant ? Il ne l’était même pas de la prostitution qu’il adorait. C’est en peignant ses tableaux de prostituées qu’il les défendait, pas en faisant partie d’une liste "prostitutionniste". Je peux aller très loin dans l’engagement, mais seul. Et avec mes instruments, ma plume et mon pinceau. Après le carnage, et non "la guerre" comme disent les journalistes de chez Calvi, de Gaza, ma façon de "militer" contre les salauds qui ont fait ça a été de peindre quatre-vingt-dix-huit gouaches, aquarelles et dessins pour mon exposition à l’Office du tourisme du Liban, en mars, où j’ai dit à coups de brosse ce que m’avait inspiré cette ignominie israélienne. Si ça ne suffit pas aux "antisionistes", qu’ils aillent se faire foutre ! Ceux qui me fustigent ne sont pas allés non plus en Irak pour en ramener "Printemps de feu3", ils ne sont pas arrivés le 21 mars 2003, à Bagdad, sous les bombes. J’ai refusé de loger à l’hôtel Palestine parce qu’il n’y avait que des journalistes. J’ai réussi à convaincre le Baas de me laisser aller dans un autre hôtel, où il n’y avait que des baassistes, quitte à détruire mon "image".
Peut-on imaginer des médias différents ?
Il faut les inventer et ce n’est pas facile. J’ai participé à la création de certains d’entre eux. Avec Hara-Kiri, déjà, j’étais à bonne école. J’ai été élevé au milieu des numéros de Siné Massacre : une simple feuille, un procès par numéro. Siné en a fait neuf. Après, ça c’est arrêté... Avec Hara-Kiri, j’ai vu comment Choron, Gébé, Wolinski faisaient le journal. Plus tard, il y a eu L’Idiot International auquel j’ai contribué. Je m’y suis beaucoup investi, ça m’a passionné. Ils ont fini par avoir la peau d’Hallier. Il est mort de ça quand même.
Vous étiez controversé au sein même de L’Idiot International.
Bien sûr. Je fais scandale même là où le scandale règne. Chez Siné, sa femme n’a pas voulu de moi parce que j’aurais porté tort à leurs "causes". Mais moi, des causes aussi minables en 2009 que la défense de la laïcité, l’idéal gauchiste, l’indignation stérile contre une droite fantasmée, ou la diabolisation de Sarkozy, j’aurais honte de les servir...
Qu’est-ce que vous lisez avec plaisir dans la presse ?
Vendredi, un journal qui reprend sur papier les conneries et les non-conneries d’Internet, c’est du bon travail. Ou alors Courrier International, même si trop souvent, ce sont les articles bien-pensants étrangers qui sont choisis pour donner l’impression que ça "bouge" ailleurs. Le Monde Diplomatique, c’est toujours Le Monde et c’est bien trop diplomatique à mon goût, Gresh et Vidal l’ont trop ouvert à des alter-intellos...
Aujourd’hui, aucun média ne trouve grâce à vos yeux ?
Je n’en connais pas. A part L’Equipe, superbement mis en page. Après mon tract "Zidane la racaille", j’ai vu le directeur de L’Equipe. Il m’a dit : "Oh ! Là là, j’aurais tellement voulu le publier..." Mais il a convenu lui-même après réflexion qu’il n’aurait pas pu. Sa rédaction n’aurait même pas eu l’idée de me commander un texte pareil... Tout le monde n’est pas comme Roger Théron. Quand j’étais à Paris-Match, ça se passait très bien. J’avais une espèce de deal avec Théron : c’est lui qui me proposait des sujets et je les traitais à a façon, pas à celle de Paris-Match, ce qui semble logique, mais qui n’est pas si courant. J’estimais que si Théron me voulait c’était justement pour mon écriture et pas pour que je joue au journaliste. De plus je ne voulais pas écrire dans la partie culturelle de Match mais dans sa chair même, celle des faits réels, et je préférais que Théron me suggère un thème sur lequel je pouvais le surprendre, et surtout me surprendre. C’a été le cas sur bien des sujets auxquels je n’aurais jamais pensé. Si je ne le sentais pas, je refusais. Et si quelquefois mon texte était trop "violent", Paris-Match préférait ne pas le publier plutôt que de l’édulcorer. Ainsi, certains étaient publiés, d’autres pas. Quelle importance ? Trop tard, je les avais écrits, ils existaient, je les reprenaient plus tard dans mes volumes et Théron me les surpayait ! Par exemple, j’en ai fait un sur la Gay Pride, "Le carnaval des enculés". Théron l’a mis en page, il pleurait de rire mais, au dernier moment, ses sbires lui ont dit que ça mettrait le journal en péril. Il m’a dit : "Désolé, on ne peut pas prendre celui-là.". C’est une "censure" que j’accepte : elle est franche et honnête.
Alors si nous vous signalons qu’il y a des passages de cette interview qui peuvent nous valoir des procès et que nous devons enlever, vous l’acccepterez ?
Oui, à condition de me le dire. Mais vous auriez tort de le faire.
Les lois existent, même si nous les contestons...
Voilà pourquoi, à un moment donné, il faut arrêter de contester les lois tout en s’y pliant. Moi je ne conteste pas celles qui existent, mais j’en crée de nouvelles.
Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?
Il faut sortir de la structure, du système. Le véritable ennemi de l’écrivain, ce n’est pas la société, mais le milieu littéraire lui-même. Et c’est pareil pour les autres arts. C’est le milieu de la peinture du XIXe siècle qui a entraîné Van Gogh à se couper l’oreille. C’est le milieu du jazz américain qui a fait crever de faim Bud Powell ou Thelonious Monk. Actuellement, le milieu littéraire est notre ennemi à nous, écrivains. L’éditeur, le diffuseur et le libraire sont trois parasites du livre.
Et comment fait-on pour se passer de ces trois-là ?
Je viens de gagner mon procès contre Le Rocher et j’ai récupéré tous les droits de mes livres, je peux faire ce que je veux. Pas question de les remettre dans le circuit. Si ça amuse les autres écrivains de continuer d’accepter de ne toucher que 10% de leur travail, ça les regarde. Moi je suis davantage pressé de vivre de ce que je crée, le milieu éditorial m’excusera. Alors, j’ai décidé de m’éditer moi-même. En cliquant sur marcedouardnabe.com, vous pouvez dès à présent acheter mes livres anciens et surtout celui, inédit4, que je sors ces jours-ci.
Est-ce qu’il n’y a pas un plaisir, un orgueil à être seul contre tous ?
Au début, oui. En revanche, le vivre n’est pas facile. Mes les satisfactions sont tellement énormes ! C’est dans mon caractère. C’est ma dignité aussi. Libre de faire ce qu’on veut. C’est ce que j’enseigne à mon fils. Pas seulement dans son métier, mais dans sa vie de tous les jours. Liberté totale. Tout le temps. En prenant des risques, évidemment. Avec les gens, les femmes, l’art, avec tout et tout le monde.
Vous détestez les journalistes, on l’a compris. Mais pourquoi les philosophes ?
Des écrivains ratés. Nietzsche ou Kierkegaard sont des écrivains. Les autres se prétendent philosophes... Je n’ai jamais trouvé les mêmes joies en lisant Kant qu’en une demi-ligne de Rimbaud ou d’Antonin Artaud. Quand on est écrivain, il ne faut pas être complexé par les philosophes. On fait beaucoup mieux qu’eux.
Vous referiez du journalisme ?
Non, je n’en ai plus envie. J’ai sorti un journal, La Vérité : quatre numéros avant d’être interdit par les trotskistes lambertistes qui ont revendiqué la propriété du titre. C’était explosif. Carlos y tenait, de sa prison, une chronique politique dans laquelle il racontait des souvenirs sur l’Irak, la Syrie... Passionnant.
Mais c’est un salaud ?
Plus que Gérard Miller ? Vous n’en savez rien et je m’en fous : on ne va pas rouvrir le procès. Pour l’instant, Carlos n’est emprisonné que pour avoir tué les deux policiers qui venaient l’arrêter. S’ils sont assez cons pour le laisser aller chercher sa carte d’identité dans sa cuisine sans imaginer qu’il puisse en revenir avec un flingue... Du pur Far West ! Est-ce que Jessie James était un salaud ? Je ne veux jamais voir les choses du côté franchouillard. D’un mot, on tombe tout de suite dans la bien-pensance, en n’ayant jamais ouvert le dossier. Moi je veux ouvrir les dossiers... Et puis, je ne vous parle pas du Carlos activiste, mais du Carlos chroniqueur. Il disait des choses vraiment intéressantes dans La Vérité. Même Libération les a reprises, en insultant évidemment notre journal. En traitant l’auteur de salaud, comme vous venez de le faire. Mais en lui piquant quand même ses infos sur Chirac...
Est-ce que votre appproche ne dématérialise pas les choses ?
Je suis le contraire d’un virtuel, d’un dématérialisateur.
Est-ce que ce n’est pas une approche d’artiste de la réalité ?
Mais oui. C’est ça. Vous soulevez une vraie question métaphysique. Est-ce que la réalité n’a pas besoin des artistes, ou bien est-ce que toute la réalité, finalement, n’est pas là uniquement pour les artistes ? Pour nourrir les artistes ? Oui, et pour que les artistes la nourrissent aussi...
La compassion vous fait sourire ?
Certains disent que j’en manque. Chez moi, elle est présente au détour de certaines choses, dans les creux, les trous, les silences... Comme ces petites notes de piano que Count Basie joue dans les vides pour faire respirer sa rythmique divine... Je parle dans mes livres, parce que dans la vie, je n’ai de leçon à recevoir de personne. Comme je redoute beaucoup la vulgarité de sentiment, je ne m’étale pas.
Est-ce qu’il y a des choses qu’on dit de vous qui vous touchent, qui vous blessent ?
Non. On a tout dit. Qu’est-ce qu’on peut ajouter... "Pédophile", peut-être ? Mes détracteurs en sont bien capables, surtout qu’en ce moment, je suis souvent entouré de jeunes gens, de jeunes filles surtout, belles et enthousiastes, qui sont l’espoir de l’avenir. Ils ne me connaissent souvent que par une seule intervention - qu’ils ont pu visionner sur Daily Motion - ou par un tract ou un lambeau de tract sur un tronc d’arbre.
Cela vous insupporte qu’on vous parle de votre père, Marcel Zanini ?
Pas du tout. On joue ensemble une fois par mois au Petit Journal. Une sorte de QG. Le public est très déroutant. On y trouve une table "Egalité Réconciliation" avec Soral et sa bande de faux méchants ; une autre avec un mélange d’Arabes, de Noirs, de Juifs, de Yougoslaves, d’amateurs de jazz, de femmes, de gosses. Et puis aussi des anciens copains de mon père, comme le cinéaste Pierre Etaix qui vient tous les mois. On a vécu là de grands moments, avec de sacrés invités : Quincy Jones ou Jerry Lewis... Le lendemain de la soirée formidable qu’il a passée, Jerry Lewis était trop fatigué et il n’est pas allé chez Ardisson pour faire la promo de son livre pour laquelle on lui avait payé son voyage d’Amérique...
Et que dit votre père de vous ?
Demandez-le lui. Il m’a dit, il y a une quinzaine d’années, qu’il pensait être l’homme le plus libre qui soit mais que finalement, je l’étais encore plus que lui.
Et votre fils ?
Il est bien parti aussi. Paradoxe : il est très compétent en sport et il va faire une école de journalisme...
Vous vous moquez de nous ?
Une belle conclusion... 1. Emission de Laurent Ruquier, "On a tout éssayé" sur France 2, le 17 octobre 2006. 2. "Apostrophes", le 15 février 1985, où Marc-Edouard Nabe, venu présenter son livre "Au régal des vermines", explique sa conception de la littérature et se fait traiter de raciste et d’antisémie par Morgan Sportès, et agresser par Georges-Marc Benamou. 3. "Printemps de feu", Marc-Edouard Nabe, éditions du Rocher, septembre 2003. 4. Sortie le 15 septembre 2009. Plus d’informations sur www. marcedouardnabe.com http://www.alainzannini.com/index.php ?option=com_content&view=article&id=1459 :je-me-fous-de-ma-reputation-interview-dans-medias-nd22-automne-2009&catid=74 :interviews-presse&Itemid=93 | |
| | | chidd-min-ghadi Homo Habilis
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| Sujet: interview du terroriste islamiste antisémite artiste "marc edouard nabe" 5/12/2009, 21:29 | |
| Marc-Édouard Nabe, de son vrai nom Alain Zannini, est un écrivain français, né à Marseille le 27 décembre 1958. Il est également peintre et guitariste (rythmique) de jazz, notamment auprès de Marcel Zanini, son père. Marc Edouard Nabe "Je me fous de ma réputation"- Spoiler:
Il a mauvaise presse, des amis infréquentables, des propos exécrables, un vilain goût pour les provocations. Voilà le portrait que dressent ses ennemis, c'est-à-dire à peu près tout le monde. On peut également dire de Marc-Edouard Nabe que c'est un écrivain de talent, qu'il a du courage et une vertu peu commune : la fidélité à ses idées. Sans parler du "plaisir aristocratique de déplaire" qu'évoquait Baudelaire... Entretien réalisé par > Emmanuelle Duverger et Robert Ménard Photos > Bruno Lévy Illustrations > Marc-Edouard Nabe
Vous n'aimez pas les journalistes ? J'ai toutes les raisons de les détester. Ils ne font pas leur boulot. Quand ils restent ici, c'est pour mentir. Quand ils se déplacent sur le terrain, c'est pour se caresser la barbe. Vous mettez tous les journalistes dans le même sac ? De plus en plus. Ils fonctionnent selon le même principe, que ce soit dans la presse écrite ou dans l'audiovisuel. Prenez Yves Calvi. Il anime au quotidien une émission de propagande criminelle. Il accueille toujours les mêmes invités qui, pour certains, à mon avis, sont payés par la chaîne pour donner leur point de vue. Et quel que soit l'événement, parce qu'ils sont paraît-il des spécialistes du Moyen-Orient ou de l'Iran. Son émission est dangereuse, on n'y apprend rien et on y entend le même discours ; il n'y a pas de débat. Ces mêmes gens pensent la même chose et déforment la réalité, ils en donnent une image terne, laide, rétrécie comme eux. Je suis passionné par le langage. "Au début était le Verbe" , disait Saint-Jean, mon maître. Regardez ce pauvre Calvi : chaque fois que quelqu'un parle, même un de ces foutus spécialistes qui, à mon sens, ne comprennent rien à rien, il traduit en langage journalistique, pour les téléspectateurs, ce qui vient d'être dit. Ses invités disent des choses tellement illogiques et incompréhensibles que Calvi estime de son devoir de les redire à sa façon pour un public sensé être trop bête pour les comprendre. N'est-ce pas le boulot des journalistes ? Non, le travail des journalistes est de poser les bonnes questions. Même si pour moi, ce devrait être davantage. Calvi ne pose pas les bonnes questions, il traduit les mauvaises réponses. Et ne venez pas me dire qu'il fait de la pédagogie ! Ca n'aurait de sens que s'il expliquait, non ce que l'invité a dit, mais pourquoi il le dit. Pourtant, Yves Calvi a du succès. Rien n'a du succès. On fait avoir du succès. C'est un automatisme. Si on met à la place quelque chose de plus fort, de plus intéressant, ça aura autant de succès. Les médias ont peur d'innover, de trouver de nouvelles façons de présenter les choses. Ils travaillent toujours par réflexes. Pourquoi ? Quelqu'un le leur impose ? Non, c'est plutôt une faiblesse, une paresse générale qui règnent, des habitudes venues de nombreuses années de pratique malfaisante de la propagande. Il n'y a pas un grand chef qui tire les ficelles. Les gens des médias se comprennent très bien entre eux. Une complicité naturelle, des réseaux fondés sur un mauvais goût commun et une lâcheté d'employés à toute épreuve leur suffisent largement pour participer, chacun à son poste, à l'extinction des voix dérangeantes. Quelle est votre attitude face à cela ? Attaquer les médias sur leur terrain plutôt qu'à l'extérieur, comme certains qui par mépris, les critiquent sans vraiment les connaître. D'où leur décision de ne pas aller à la télévision... Je ne crois pas qu'il s'agisse toujours d'une décision théorique ou révolutionnaire. C'est aussi par complexe, par manque d'assurance. Chez les écrivains, on nous ressert toujours Julien Gracq, le roi de l'intégrité. Mais s'il ne s'est jamais montré à la télévision, c'est parce qu'il avait une verrue sous le nez, atroce à regarder. Gracq en a toujours eu honte. Il ne faut pas toujours croire aux grandes raisons idéologiques, aux radicalités éthiques qui expliqueraient tel ou tel choix... Vous ne croyez pas à une main qui dirigerait la machine médiatique. Pas du tout. Je connais bien le fonctionnement de la machine télévisuelle, je fréquente les plateaux télé depuis que j'ai douze ans, quand j'étais aux côtés de mon père [le musicien Marcel Zanini]. C'est vous dire si j'ai eu l'occasion d'observer la façon dont tout ce sac à noeuds s'agite... Privé, public, même fonctionnement ? Ca n'a aucune importance. Je ne vois pas pourquoi TF1 mériterait plus une leçon de morale que France 2 ou France 3. Ou encore Arte. Même conformisme. Tout le temps. C'est pour briser ce conformisme que vous utilisez lors de vos interventions des mots aussi violents ? Oui. J'impose le Verbe. Au sens évangélique. Lisez les discours de Jésus quand il est en colère. Il dit des choses épouvantables. C'est mon modèle de journalisme. Quand je vais à la télévision, ce n'est pas pour me faire de la publicité. C'est pour faire de la contre-publicité à la télévision. Quand on vous reçoit, vous quittez le plateau1... C'est arrivé une fois. J'avais affaire à un truqueur, un tronqueur. Ce n'était pas en direct. Pendant le réquisitoire de Gérard Miller, je me suis dit que si je restais, ils allaient couper le meilleur de mes interventions, édulcorer mes propos, et lui passerait pour le vainqueur... Il valait mieux avoir l'air de fuir le combat et que cette fuite soit télévisée... Ca m'est déjà arrivé qu'on me sucre totalement à l'image comme sur ces photos soviétiques où on dirait que le personnage gênant n'a jamais été présent. Lors d'un "Tout le monde en parle" avec Françoise Rudetzki [Fondatrice de SOS Attentats], Ardisson a coupé toute ma séquence sans qu'on s'en aperçoive. Avec Ruquier, si je n'étais pas parti, j'étais perdant. Vous ne pensiez pas que vous auriez été plus fort que Gérard Miller ? J'étais déjà plus fort. Ce n'est pas difficile. C'est d'aillleurs parce qu'il le savait qu'il a pris soin d'écrire son pamphlet. C'est pas de l'amour, ça ? Un bijou ! Trop pur pour que je le salisse en lui répondant. Et puis, ça m'a beaucoup servi. Des jeunes de 18 ans m'ont découvert lors de cette émission. Merci encore, Miller ! Vous n'êtes pas le seul à avoir quitté le plateau de Ruquier... Il ne faut pas hésiter à venir pour ça. Ca vaut le coup de laisser les médias le bec dans l'eau de temps en temps. Ce n'est pas un coup de colère. Je n'aime pas les gens qui se contentent de s'indigner. Que font-ils ? Rien. Dans mes textes, j'opère un travail de fond sur le rapport entre le langage et le silence, entre l'écrit et l'oral. Et mes apparitions médiatiques ne sont que le prolongement physiquement visible de ce travail. C'est pour ça que je les enregistre : elles deviendront des textes. Jérôme Garcin avait écrit un très bel article là-dessus : d'après lui, je fais mentir le proverbe selon lequel "les écrits restent et les paroles s'envolent". Le but, c'est de finir sur du papier, pas sur Internet. Voilà pourquoi je n'ai pas de blog. Ce serait écrire virtuellement. Mais vous avez un site. Je n'y participe pas directement. Je me contente de donner des documents, des informations parfois. Je n'y écris rien. Ce serait une défaite, non de la pensée, mais de l'écrit qui est la véritable pensée, comme chacun sait. Mes tracts, je pourrais les faire sous forme de blogs. Mais c'est quand même beaucoup plus beau de les tirer sur papier, et de les afficher. Que ça soit ensuite repris sur Internet ne me dérange absolument pas - il y a beaucoup de blogs qui les reproduisent, qui les resaisissent même -, mais je préfère les voir d'abord sur les murs : ça a un sens par rapport aux dazibaos, aux affiches déchirées de l'époque dada, etc. Il n'y a rien de plus beau pour moi que de voir un de mes textes lacéré dans les rues. Ca redonne un sens à l'écriture. Pour en revenir aux mots, vous en avez de terribles. Vous le mesurez ? Tout à fait. Au millimètre, croyez-moi. Et si mes mots tuent, tant mieux. C'est fait pour ça. Vous vous rendez compte que certaines personnes m'en veulent encore, vingt ans après, pour un seul mot qui les a blessées ? Récemment, j'ai revu un journaliste que j'avais traité de "cervelle de mouton" en 1987. Pendant toute la soirée, j'ai cru qu'il m'avait oublié, il était charmant avec moi, et à la toute fin, il n'a pas pu continuer à jouer la comédie, toute sa haine, compressée est ressortie dans un flot d'insultes mal maîtrisé. C'était beau à voir, c'était vrai. Pour cette beauté, je ne regretterai jamais d'avoir meurtri quelqu'un. Vous pensez des horreurs pareilles ? Pourquoi des horreurs ? C'est un procès qu'on fait à toute vraie littérature : lui reprocher son aspect violent. Mais il ne s'agit pas de violence gratuite, c'est de la poésie. Est-ce que vous trouveriez mez propos violents si j'avais présentés mes textes sous forme de vers ? Sûrement pas. Il ne faut pas les prendre au premier degré ? Ca dépend du contexte. Aujourd'hui, la véritable écriture est tellement ignorée, tellement bafouée, tellement réduite à l'expression d'idées qu'on ne sait plus ce que c'est. Alors que e verbe n'est que l'expression de lui-même. Tout son sens est dans sa naissance. C'est ça qui est magique. C'est ça qui est religieux. Les mêmes mots dans un livre et sur un talk-show ont-ils un sens identique ? N'est-on pas piégé sur un plateau de télé ? Tant pis. Contrairement à certains, moi je suis le même à la télé. Si les autres se contiennent devant les caméras, c'est d'abord parce qu'il n'ont rien à dire et puis, aussi, parce qu'ils craignent que ça nuise à leur image. Mais moi, j'ai commencé par détruire mon image, en direct, à l'âge de 25 ans chez Bernard Pivot2, et je l'ai fait sciemment, avec toute ma fraîcheur. Mon but n'est pas de protéger ou de consolider une image. C'est mon côté hyper snob, dandy, élitiste. Mais pas sur le plan social : je suis pauvre, et je le resterai. Je me fous de griller ma réputation. Ca sert à quoi, une bonne image ? A avoir plus de lecteurs ? Faire une bonne prestation vous ouvre d'autres portes. Qui vont vous amener à quoi ? A fréquenter d'autres gens, des éditeurs, des journalistes, pour avoir un bon réseau, de bons articles dans un bon journal. Pour quoi faire ? Pour vendre des livres ? Il vaut mieux avoir mille lecteurs qui vous comprennent que cent mille qui se servent de vous pour se croire intelligents. Frédéric Taddeï explique que vous vendez autour de deux mille exemplaires de chacun de vos livres. Exactement, deux mille à trois mille exemplaires. La vraie littérature, depuis trois cents ans, s'est toujours vendue à deux mille ou trois mille exemplaires à quelques rares exceptions près. Frédéric Taddeï est un des rares journalistes à vous défendre, à vous inviter encore. C'est le seul. Mettons de côté notre amitié, je crois que ça s'explique par son honnêteté et son admiration sincère. Qui ne date pas d'hier. Il n'a pas attendu d'être à la télévision pour s'intéresser à moi. Mais la chose est très fragile : s'il ne m'invitait pas de temps en temps, vous ne me verriez plus jamais à la télé. Si Jean-Paul Bertrand, des éditions du Rocher, ne m'avait pas soutenu pendant quinze ans avant de partir (ce qui a fait que j'ai été viré dans la foulée), je n'aurais plus rien à attendre de la France. Dans mon propre pays, je n'aurais jamais été édité. La preuve : depuis que je n'ai plus les éditions du Rocher, aucun journaliste, éditeur, confrère, critique n'a levé le petit doigt pour que je trouve un moyen de m'exprimer. Au contraire. Mais si aujourd'hui, vous annonciez que vous cherchez une maison d'édition... Je ne cherche pas d'éditeur. Qu'ils aillent se faire foutre. J'ai passé un cap. C'est moi qui ne veux plus d'éditeur. Je ne veux plus être dans ce système. Je suis une sorte de pionnier, petit et modeste, qui veut concevoir une nouvelle façon pour un écrivain de s'exprimer dans sa société. D'où les tracts... Exactement. Qui sont une première étape. Il va y en avoir d'autres. Lesquelles ? Eh bien, vous allez voir. Vous n'êtes pas au bout de vos surprises avec moi. Et ceux qui disent que vous construisez votre image en bousculant tout le monde, en ne respectant personne. Je leur réponds : est-ce que c'est seulement une question d'"image" ? Etes-vous assez fort pour supporter ce que j'ai supporté ? Depuis vingt-cinq ans ? J'étais promis à un bel avenir : fils de musicien de jazz, dessinateur de Hara-Kiri à seize ans, protégé par le Professeur Choron, puis par Philippe Sollers et Jean-Edern Hallier, arrivant dans la jeune littérature au milieu des années 1980. Il suffisait que je mette un peu d'eau dans mon vin, et puis voilà. Mais j'ai remis un peu de vin dans mon vin jusqu'à ce que la coupe déborde. De quoi vivez-vous ? De ma peinture. Et ça marche bien, une exposition tous les deux ans me permet de tenir jusqu'à la suivante. De plus en plus d'amateurs veulent des portraits de jazzmen ou des femmes nues, des guerriers grecs ou des dessins plus politiques... Tel est le paradoxe : le peintre à succès finance l'écrivain maudit. Comment votre entourage vit-il votre réputation "sulfureuse" comme disent certains ? Vous voulez dire ma réputation "antisémite" ? C'est drôle que la sulfurosité serve toujours d'euphémisme, dans le langage journalistique, pour ne pas dire le mot antisémite... Pauvre soufre ! Qu'est-ce qu'il a fait pour mériter ça ? Pour répondre à votre question : très bien. Pourtant, une des pires accusations qu'on puisse adresser à quelqu'un aujourd'hui est de le dire antisémite. Je m'en suis expliqué à multiples reprises. Chaque fois, j'alimente, j'agrémente pour ne pas répéter la même chose, j'ai horreur de ça. C'est d'ailleurs sur ce point que je diverge de Dieudonné et sa bande. Nous en sommes à un moment où il ne faut plus réfuter cette accusation. Si de mauvaises personnes, des abrutis, des connards nous traitent d'antisémites, alors, oui, nous sommes antisémites à leurs yeux. Pour Gérard Miller, il est important que je sois traité d'antisémite. Je l'accepte de sa part. De quelqu'un d'autre, non. Lui est tellement méprisable, tellement ignoble, tellement bas... J'ai dit à Dieudonné : " Tu aurais dû faire carrément une "liste antisémite", barrer le mot pour les raisons légales et mettre en dessous "antisioniste"." De toute façon, tout le monde dit que c'est une liste antisémite, autant avoir les deux mots, annoncer la couleur et en jouer, puisqu'en France, on ne peut pas être antisioniste. Quoi qu'on fasse dans ce pays, une fois que vous avez été traité d"antisémite, la tâche est indélébile. Nous pourrions moi et d'autres, essayer pendant des siècles de la réfuter, ce serait inutile... Pourquoi ? A cause, évidemment, de la Seconde Guerre mondiale, de l'Occupation, du comportement dégueulasse des Français sous Vichy. La France n'a toujours pas différé cette question-là. Elle en crèvera. Et je dirai : tant mieux. Ou tant pis pour elle ! Je n'ai pas envie de passer ma vie à me justifier de ce que les Français, ce peuple que je méprise, ont fait il y a soixante ans, alors que je n'ai rien à voir avec ça. Il faut aider les jeunes à se débarrasser de cette culpabilité d'abrutis pétainistes des années 1940. Ne craignons plus l'accusation d'antisémitisme. Sauf qu'elle vous ruine socialement. Je m'en fous puisque je suis ruiné depuis le départ. Je n'ai plus rien à perdre. Comme Dieudonné, je reste un artiste. C'est pour ça que je le défendrai toujours. C'est un grand humoriste et il se sert de cette question pour déconner. Il suffit de voir la bande de bras cassés avec laquelle il a fait sa liste aux Européennes. Je lui ai d'ailleurs conseillé d'être encore plus "bras cassé", plus fellinien. Plutôt qu'un médecin écolo absurde, un chiite sentencieux, une voilée timide et des gros bras nationalistes, il fallait s'entourer d'un aveugle, d'un handicapé, d'un Martien et d'un cheval qui aurait eu beaucoup de problèmes avec les sionistes parce que son jockey juif le cravachait ! La quenelle, il est le seul à la faire sur son affiche. Dieudonné a cette espèce de propension au baroque, comme moi. Malheureusement il est très mal influencé. C'est encore chochotte de dire : "Attention, nous sommes des antisionistes, pas des antisémites". Cette liste a ridiculisé l'antisionisme... Il faut aller plus avant dans la déconnade. C'est ce que m'a enseigné le Professeur Choron. Désolé, mais je préfère le Professeur Choron au professeur Faurisson... Je suis contre tous les révisionnismes. Sous couvert de vouloir découvrir de petits détails effectivement cachés de la vérité officielle, on en arrive à nier la réalité toute entière. Appauvrissement de la vie n° 1. La négation de l'Holocauste entraîne toutes les autres, y compris celle de la Palestine... Et celle de la participation d'Al-QaÏda au 11-septembre entraîne le désolant complotisme de beaucoup d'Arabes aujourd'hui complexés par l'Amérique... Et Alain Soral, votre grand copain, il est plus sérieux... Il n'est pas si sérieux que ça. C'est un très bon comédien doublé d'un punk. Je le soutiens parce qu'il est mal-pensant, même s'il s'attaque au système avec des moyens qui ne sont pas les miens. Alain est un être très tendre, très sentimental ; il n'est pas, comme moi, une brute de littérature. Il aime prêcher dans les cafés, dans les meetings. Moi, je suis un solitaire. Il me le reproche d'ailleurs, de temps en temps, disant que je me la joue littéraire. Mais c'est mon métier : chacun doit être le meilleur sur son terrain. Toute personne qui se révolte contre Israël est mon ami. Au point de soutenir le Hezbollah, le Hamas ? Oui. Sans état d'âme. Pour combattre le colonialisme, pas pour le reste. Je n'en ai rien à foutre de leurs conneries de voile, de religion, de sectarisme. Ce qui compte, c'est qu'ils refusent d'être des esclaves chez eux. Même s'ils recourent à des actions terroristes ? C'est leur façon de s'exprimer. On ne va pas revenir sur le vieux débat du terrorisme. La question est de savoir si on accepte ou non qu'un pays soit colonisé d'une façon ou d'une autre. Beaucoup ont l'air de très bien s'accomoder qu'il y ait des colons un peu partout, moi pas. Et je ne suis pas le seul. Pour Houria Bouteldja, maître Vergès, Tariq Ramadan? Rony Brauman, qui eux non plus n'ont pas fait partie de la "liste antisioniste", Israël est l'incarnation la plus ignoble, la plus définitive du colonialisme. Au fond vous n'êtes pas un militant. J'ai horreur de ça. On oublie aujourd'hui ce qu'est un artiste. Est-ce que Toulouse-Lautrec était un militant ? Il ne l'était même pas de la prostitution qu'il adorait. C'est en peignant ses tableaux de prostituées qu'il les défendait, pas en faisant partie d'une liste "prostitutionniste". Je peux aller très loin dans l'engagement, mais seul. Et avec mes instruments, ma plume et mon pinceau. Après le carnage, et non "la guerre" comme disent les journalistes de chez Calvi, de Gaza, ma façon de "militer" contre les salauds qui ont fait ça a été de peindre quatre-vingt-dix-huit gouaches, aquarelles et dessins pour mon exposition à l'Office du tourisme du Liban, en mars, où j'ai dit à coups de brosse ce que m'avait inspiré cette ignominie israélienne. Si ça ne suffit pas aux "antisionistes", qu'ils aillent se faire foutre ! Ceux qui me fustigent ne sont pas allés non plus en Irak pour en ramener "Printemps de feu3", ils ne sont pas arrivés le 21 mars 2003, à Bagdad, sous les bombes. J'ai refusé de loger à l'hôtel Palestine parce qu'il n'y avait que des journalistes. J'ai réussi à convaincre le Baas de me laisser aller dans un autre hôtel, où il n'y avait que des baassistes, quitte à détruire mon "image". Peut-on imaginer des médias différents ? Il faut les inventer et ce n'est pas facile. J'ai participé à la création de certains d'entre eux. Avec Hara-Kiri, déjà, j'étais à bonne école. J'ai été élevé au milieu des numéros de Siné Massacre : une simple feuille, un procès par numéro. Siné en a fait neuf. Après, ça c'est arrêté... Avec Hara-Kiri, j'ai vu comment Choron, Gébé, Wolinski faisaient le journal. Plus tard, il y a eu L'Idiot International auquel j'ai contribué. Je m'y suis beaucoup investi, ça m'a passionné. Ils ont fini par avoir la peau d'Hallier. Il est mort de ça quand même. Vous étiez controversé au sein même de L'Idiot International. Bien sûr. Je fais scandale même là où le scandale règne. Chez Siné, sa femme n'a pas voulu de moi parce que j'aurais porté tort à leurs "causes". Mais moi, des causes aussi minables en 2009 que la défense de la laïcité, l'idéal gauchiste, l'indignation stérile contre une droite fantasmée, ou la diabolisation de Sarkozy, j'aurais honte de les servir... Quest-ce que vous lisez avec plaisir dans la presse ? Vendredi, un journal qui reprend sur papier les conneries et les non-conneries d'Internet, c'est du bon travail. Ou alors Courrier International, même si trop souvent, ce sont les articles bien-pensants étrangers qui sont choisis pour donner l'impression que ça "bouge" ailleurs. Le Monde Diplomatique, c'est toujours Le Monde et c'est bien trop diplomatique à mon goût, Gresh et Vidal l'ont trop ouvert à des alter-intellos... Aujourd'hui, aucun média ne trouve grâce à vos yeux ? Je n'en connais pas. A part L'Equipe, superbement mis en page. Après mon tract "Zidane la racaille", j'ai vu le directeur de L'Equipe. Il m'a dit : "Oh ! Là là, j'aurais tellement voulu le publier..." Mais il a convenu lui-même après réflexion qu'il n'aurait pas pu. Sa rédaction n'aurait même pas eu l'idée de me commander un texte pareil... Tout le monde n'est pas comme Roger Théron. Quand j'étais à Paris-Match, ça se passait très bien. J'avais une espèce de deal avec Théron : c'est lui qui me proposait des sujets et je les traitais à a façon, pas à celle de Paris-Match, ce qui semble logique, mais qui n'est pas si courant. J'estimais que si Théron me voulait c'était justement pour mon écriture et pas pour que je joue au journaliste. De plus je ne voulais pas écrire dans la partie culturelle de Match mais dans sa chair même, celle des faits réels, et je préférais que Théron me suggère un thème sur lequel je pouvais le surprendre, et surtout me surprendre. C'a été le cas sur bien des sujets auxquels je n'aurais jamais pensé. Si je ne le sentais pas, je refusais. Et si quelquefois mon texte était trop "violent", Paris-Match préférait ne pas le publier plutôt que de l'édulcorer. Ainsi, certains étaient publiés, d'autres pas. Quelle importance ? Trop tard, je les avais écrits, ils existaient, je les reprenaient plus tard dans mes volumes et Théron me les surpayait ! Par exemple, j'en ai fait un sur la Gay Pride, "Le carnaval des enculés". Théron l'a mis en page, il pleurait de rire mais, au dernier moment, ses sbires lui ont dit que ça mettrait le journal en péril. Il m'a dit : "Désolé, on ne peut pas prendre celui-là.". C'est une "censure" que j'accepte : elle est franche et honnête. Alors si nous vous signalons qu'il y a des passages de cette interview qui peuvent nous valoir des procès et que nous devons enlever, vous l'acccepterez ? Oui, à condition de me le dire. Mais vous auriez tort de le faire. Les lois existent, même si nous les contestons... Voilà pourquoi, à un moment donné, il faut arrêter de contester les lois tout en s'y pliant. Moi je ne conteste pas celles qui existent, mais j'en crée de nouvelles. Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Il faut sortir de la structure, du système. Le véritable ennemi de l'écrivain, ce n'est pas la société, mais le milieu littéraire lui-même. Et c'est pareil pour les autres arts. C'est le milieu de la peinture du XIXe siècle qui a entraîné Van Gogh à se couper l'oreille. C'est le milieu du jazz américain qui a fait crever de faim Bud Powell ou Thelonious Monk. Actuellement, le milieu littéraire est notre ennemi à nous, écrivains. L'éditeur, le diffuseur et le libraire sont trois parasites du livre. Et comment fait-on pour se passer de ces trois-là ? Je viens de gagner mon procès contre Le Rocher et j'ai récupéré tous les droits de mes livres, je peux faire ce que je veux. Pas question de les remettre dans le circuit. Si ça amuse les autres écrivains de continuer d'accepter de ne toucher que 10% de leur travail, ça les regarde. Moi je suis davantage pressé de vivre de ce que je crée, le milieu éditorial m'excusera. Alors, j'ai décidé de m'éditer moi-même. En cliquant sur marcedouardnabe.com, vous pouvez dès à présent acheter mes livres anciens et surtout celui, inédit4, que je sors ces jours-ci. Est-ce qu'il n'y a pas un plaisir, un orgueil à être seul contre tous ? Au début, oui. En revanche, le vivre n'est pas facile. Mes les satisfactions sont tellement énormes ! C'est dans mon caractère. C'est ma dignité aussi. Libre de faire ce qu'on veut. C'est ce que j'enseigne à mon fils. Pas seulement dans son métier, mais dans sa vie de tous les jours. Liberté totale. Tout le temps. En prenant des risques, évidemment. Avec les gens, les femmes, l'art, avec tout et tout le monde. Vous détestez les journalistes, on l'a compris. Mais pourquoi les philosophes ? Des écrivains ratés. Nietzsche ou Kierkegaard sont des écrivains. Les autres se prétendent philosophes... Je n'ai jamais trouvé les mêmes joies en lisant Kant qu'en une demi-ligne de Rimbaud ou d'Antonin Artaud. Quand on est écrivain, il ne faut pas être complexé par les philosophes. On fait beaucoup mieux qu'eux. Vous referiez du journalisme ? Non, je n'en ai plus envie. J'ai sorti un journal, La Vérité : quatre numéros avant d'être interdit par les trotskistes lambertistes qui ont revendiqué la propriété du titre. C'était explosif. Carlos y tenait, de sa prison, une chronique politique dans laquelle il racontait des souvenirs sur l'Irak, la Syrie... Passionnant. Mais c'est un salaud ? Plus que Gérard Miller ? Vous n'en savez rien et je m'en fous : on ne va pas rouvrir le procès. Pour l'instant, Carlos n'est emprisonné que pour avoir tué les deux policiers qui venaient l'arrêter. S'ils sont assez cons pour le laisser aller chercher sa carte d'identité dans sa cuisine sans imaginer qu'il puisse en revenir avec un flingue... Du pur Far West ! Est-ce que Jessie James était un salaud ? Je ne veux jamais voir les choses du côté franchouillard. D'un mot, on tombe tout de suite dans la bien-pensance, en n'ayant jamais ouvert le dossier. Moi je veux ouvrir les dossiers... Et puis, je ne vous parle pas du Carlos activiste, mais du Carlos chroniqueur. Il disait des choses vraiment intéressantes dans La Vérité. Même Libération les a reprises, en insultant évidemment notre journal. En traitant l'auteur de salaud, comme vous venez de le faire. Mais en lui piquant quand même ses infos sur Chirac... Est-ce que votre appproche ne dématérialise pas les choses ? Je suis le contraire d'un virtuel, d'un dématérialisateur. Est-ce que ce n'est pas une approche d'artiste de la réalité ? Mais oui. C'est ça. Vous soulevez une vraie question métaphysique. Est-ce que la réalité n'a pas besoin des artistes, ou bien est-ce que toute la réalité, finalement, n'est pas là uniquement pour les artistes ? Pour nourrir les artistes ? Oui, et pour que les artistes la nourrissent aussi... La compassion vous fait sourire ? Certains disent que j'en manque. Chez moi, elle est présente au détour de certaines choses, dans les creux, les trous, les silences... Comme ces petites notes de piano que Count Basie joue dans les vides pour faire respirer sa rythmique divine... Je parle dans mes livres, parce que dans la vie, je n'ai de leçon à recevoir de personne. Comme je redoute beaucoup la vulgarité de sentiment, je ne m'étale pas. Est-ce qu'il y a des choses qu'on dit de vous qui vous touchent, qui vous blessent ? Non. On a tout dit. Qu'est-ce qu'on peut ajouter... "Pédophile", peut-être ? Mes détracteurs en sont bien capables, surtout qu'en ce moment, je suis souvent entouré de jeunes gens, de jeunes filles surtout, belles et enthousiastes, qui sont l'espoir de l'avenir. Ils ne me connaissent souvent que par une seule intervention - qu'ils ont pu visionner sur Daily Motion - ou par un tract ou un lambeau de tract sur un tronc d'arbre. Cela vous insupporte qu'on vous parle de votre père, Marcel Zanini ? Pas du tout. On joue ensemble une fois par mois au Petit Journal. Une sorte de QG. Le public est très déroutant. On y trouve une table "Egalité Réconciliation" avec Soral et sa bande de faux méchants ; une autre avec un mélange d'Arabes, de Noirs, de Juifs, de Yougoslaves, d'amateurs de jazz, de femmes, de gosses. Et puis aussi des anciens copains de mon père, comme le cinéaste Pierre Etaix qui vient tous les mois. On a vécu là de grands moments, avec de sacrés invités : Quincy Jones ou Jerry Lewis... Le lendemain de la soirée formidable qu'il a passée, Jerry Lewis était trop fatigué et il n'est pas allé chez Ardisson pour faire la promo de son livre pour laquelle on lui avait payé son voyage d'Amérique... Et que dit votre père de vous ? Demandez-le lui. Il m'a dit, il y a une quinzaine d'années, qu'il pensait être l'homme le plus libre qui soit mais que finalement, je l'étais encore plus que lui. Et votre fils ? Il est bien parti aussi. Paradoxe : il est très compétent en sport et il va faire une école de journalisme... Vous vous moquez de nous ? Une belle conclusion...
http://www.alainzannini.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1459:je-me-fous-de-ma-reputation-interview-dans-medias-nd22-automne-2009&catid=74&Itemid=93 | |
| | | El_Manchou Homo Genius
Nombre de messages : 4435 Localisation : Damous el Hajja Emploi : Chasser le 5wenji et la voilée Date d'inscription : 29/07/2007
| Sujet: Re: Marc-Edouard NABE 5/12/2009, 22:23 | |
| il relève de la psychiatrie ce mec | |
| | | chidd-min-ghadi Homo Habilis
Nombre de messages : 857 Age : 39 Localisation : l'olympe Date d'inscription : 18/08/2009
| Sujet: Re: Marc-Edouard NABE 5/12/2009, 23:37 | |
| - El_Manchou a écrit:
- il relève de la psychiatrie ce mec
tu veux parler du génie sûrement. | |
| | | Krishna's Child Homo Addictus
Nombre de messages : 1540 Age : 60 Date d'inscription : 31/10/2007
| Sujet: Re: Marc-Edouard NABE 7/12/2009, 11:55 | |
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| | | chidd-min-ghadi Homo Habilis
Nombre de messages : 857 Age : 39 Localisation : l'olympe Date d'inscription : 18/08/2009
| Sujet: Re: Marc-Edouard NABE 1/1/2010, 17:14 | |
| je viens de trouver "au régal des vermines" sur internet ,c'est son premier livre qui est sorti en 1985 , les prix varient entre 250 et 1000 euros. je suis dégouté.
http://www.priceminister.com/offer/buy/17260481/Nabe-Marc-Edouard-Au-Regal-Des-Vermines-Livre.html | |
| | | chidd-min-ghadi Homo Habilis
Nombre de messages : 857 Age : 39 Localisation : l'olympe Date d'inscription : 18/08/2009
| Sujet: l'anti-édition:"l'homme qui arrêtat d'écrire" 6/2/2010, 21:08 | |
| Il y'a quelques mois Marc-edouard nabe (voir texte "collabeurs) ) a remporté le procés contre son ancien on ancien éditeur faisant de lui le premier écrivain dans le monde qui posséde les droits des livre qu'il a publié.
Aujourd'hui il adresse un autre coup de fouet magistral au monde littéraire puisqu'il diffuse son nouveau livre "l'homme qui arrêtat d'écrire" sans intermédiaire aucun (pas de maison de disque et pas de libraire) , puisque le livre est vendu que par internet . Il a fait au monde de l'édition ce que le groupe Radiohead a fait au monde du disque.
C'est ça "l'art réél et concret". | |
| | | chidd-min-ghadi Homo Habilis
Nombre de messages : 857 Age : 39 Localisation : l'olympe Date d'inscription : 18/08/2009
| Sujet: Re: Marc-Edouard NABE 7/2/2010, 19:14 | |
| remettez le sujet à sa place s'il vous plait.le sujet c'est "les maisons d'édition " et non mar-edouard nabe. | |
| | | Max Maitre du Monde
Nombre de messages : 6294 Age : 104 Date d'inscription : 30/06/2007
| Sujet: Re: Marc-Edouard NABE 8/2/2010, 21:30 | |
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| | | chidd-min-ghadi Homo Habilis
Nombre de messages : 857 Age : 39 Localisation : l'olympe Date d'inscription : 18/08/2009
| Sujet: Re: Marc-Edouard NABE 10/2/2010, 02:02 | |
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| Sujet: Re: Marc-Edouard NABE | |
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| | | | Marc-Edouard NABE | |
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