On pourrait considérer la Tunisie comme l’une des sociétés de la région socialement la plus harmonieuse. Elle n’a connu ni le complexe de la religion, ni le complexe de la race ni celui de la langue.
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Cependant, l’apparition des mouvements extrémistes religieux à partir des années soixante-dix et la persistance des racines du nationalisme arabe, l’émergence du communisme avec son discours des classes, en plus d’une intelligentsia qui a été formée dans les écoles occidentales, a accentué les différences et exacerbé les différends.
Le consensus a donc vu le jour en étant fragile, du fait qu’il était couvert par la simplicité des gens, leur manque d’instruction et leur absence des aires du pouvoir.
Pendant les deux décennies des années soixante-dix, quatre-vingts, le paysage politique a souffert de la faiblesse du dialogue, du renfermement des croyances et des postulats.
Celui-ci veut edifier une Umma islamique et imposer la châriâ. Celui-là veut construire l’unité arabe, selon lui, voie unique de salut. Cet autre voit l’avenir de la Tunisie dans l’exclusion de la religion et de la race. Sublimation de la classe ouvrière et sa victoire sur la bourgeoisie. Et un dernier courant élitiste qui considère que l’édification de la Tunisiene ne peut être que dans le sillage moderniste de l’Occident, l’abandon d’une tradition surannée et d’une civilisation miséreuse.
Durant les années soixante-dix, et au début des années quatre-vingts, nous avons vécu ces luttes dans les assemblées des Universités, avec des formes de violences dramatiques. Les rues ont vécu des conflits et des confrontations. Nous étions réduits à chercher à savoir qui nous sommes. Quelle est notre identité ? Avec qui sera notre avenir ? Avec qui aller ? Dans quelle « internationale » s’engager ? La Tunisie a été mise à l’écart et c’est le discours des appartenances qui l’avait remporté.
Cette situation ne pouvait pas nous préparer à la démocratie. Il était nécessaire, depuis le début, de fonder un consensus, et c’est ce que fit le Président Ben Ali, dès les premiers mois du changement.
Source: Sadok Chaabane. Batir une democratie: de la lutte des croyances a la competitivite des programmes. Maison Arabe du livre.
Question: Est-ce que l'opposition Tunisienne a change pendant ces deux dernieres decennies?