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 Dossier Bourbier Afghan

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PM
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MessageSujet: Dossier Bourbier Afghan   Dossier Bourbier Afghan Icon_minitime25/7/2009, 00:10

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À LA UNE >Courrier international HEBDO N° 977 - AMÉRIQUES - ASIE

Sept années de business et d’inaction
La présence des Occidentaux a fait naître une économie parallèle dont profitent des étrangers sur place et quelques Afghans, aux dépens du reste de la population.

23.07.2009 | Nushin Arbabzadah | The Guardian
En mai dernier, quand les talibans sont arrivés dans le village de Farah, les an ciens sont venus à leur rencontre et leur ont demandé de partir. Si les combattants restaient, les étrangers bombarderaient leur village, ont-ils avancé. “Nous combattons et mourons pour l’islam, et c’est ce que vous devez faire vous aussi, ont répliqué les talibans. Pourquoi devriez-vous être épargnés par la mort ? Votre sang serait-il plus pur que le nôtre ?” Alors les avions étrangers sont apparus et ont lâché leurs bombes, faisant plus de cent victimes civiles, assurent les habitants. “Que pouvions-nous faire ?” expliquait un villageois à un journaliste afghan de la BBC. “Les talibans étaient des hommes jeunes armés de fusils et de grenades. Nous, nous n’avions pas d’armes pour nous protéger ni de jeunes hommes pour nous soutenir.”

L’intervention des Occidentaux en Afghanistan n’a plus depuis longtemps l’objectif d’améliorer la vie des civils. C’est devenu un monde en soi, avec sa propre économie, qui crée des emplois juteux – pour qui sait tirer parti de la situation. Car tous les Afghans ne sortent pas de cette guerre dans la misère et le dénuement, pas plus que tous les étrangers ne meurent ici. Des Afghans expatriés en Occident et sans emploi sont rentrés au pays, montant des ONG et baladant en hélicoptère leurs proches (devenus leurs employés) grâce à l’argent de l’aide internationale. Le fait est que 80 % de l’aide étrangère passe par les ONG. Des Afghans sans scrupule, riches de leur expérience de la violence, se font recruter pour assurer la sécurité des forces spéciales étrangères.

Toute une clique de seigneurs de la guerre afghans discrédités, accusés de crimes de guerre et chassés par les talibans, s’est alliée à l’occupant étranger contre les islamistes et est entrée par cooptation dans le système, accédant aux postes de ministre, de parlementaire ou de gouverneur. Aux yeux de leurs compatriotes, ces hommes sont restés des seigneurs de la guerre, simplement auréolés de nouveaux titres “démocratiques” et de nouveaux amis occidentaux. L’intervention de 2001 relevait d’une sorte de réflexe instinctif après le 11 septembre et fut menée au rabais. Comme le dit le bon sens populaire en Afghanistan, il n’y a que trois types d’individus dans le pays aujourd’hui : les al-qaida (les combattants), les al-faida (ceux qui se sont enrichis) et les al-gaida (ceux qui se sont fait avoir). A cette dernière catégorie appartiennent la plupart des Afghans.

Voir stats des morts et des contingents depuis 2001 ce lien :
http://www.courrierinternational.com/files/illustrations/Graphiques/977_Afgha_Coalition.jpg

Du point de vue des Afghans sur place, l’Occident fait partie de ce grand appareil de corruption qui prospère sur le maintien du statu quo. Certes, les autorités afghanes sont corrompues et incompétentes, mais les autorités occidentales présentes en Afghanistan le sont aussi. Certes, les seigneurs de la guerre afghans ignorent les conventions internationales qui régissent la guerre et se livrent à la torture, mais les Etats-Unis le font aussi à Bagram et à Guantanamo. Certes, les talibans mettent en danger des vies civiles avec leurs attentats suicides, mais c’est ce que font aussi les troupes étrangères en lançant des frappes aériennes impitoyables. Les lignes entre le bien et le mal, le problème et la solution, se sont brouillées. Ceux qui étaient censés incarner la solution en sont venus à faire partie du problème : ils coûtent cher et sont inefficaces. Le moindre petit projet, du creusement d’un puits à des travaux scientifiques, nécessite l’emploi de tout un escadron de gardes armés. Loin de désarmer les nombreuses milices afghanes, l’intervention a fait naître de nouvelles bandes armées hyperentraînées et bien équipées. Payées le jour pour protéger les “solutionneurs” étrangers, elles ont le reste du temps leurs propres petites affaires criminelles, volent et intimident les habitants quand elles ne vont pas jusqu’à tuer un fonctionnaire du gouvernement.

La population locale serait parfaitement capable de réaliser nombre des projets envisagés pour un coût infiniment moindre (et sans un seul garde du corps), mais on ne fait pas appel à elle. Les “solutionneurs” civils et militaires sont totalement coupés de la population qu’ils sont censés aider. Ils se parlent entre eux mais ne parlent pas avec les Afghans, sauf si les Afghans en question font partie de l’élite anglophone. “Nous avons de bonnes idées”, me disait récemment un député européen. “Le seul truc qui manque, ce sont les Afghans eux-mêmes.”

L’Afghanistan est devenu un laboratoire où une clique hétéroclite de “solutionneurs” étrangers militaires et civils et leurs amis afghans expérimentent des idées puis les abandonnent et gagnent ainsi confortablement leur vie. Tout le monde ne meurt pas de faim en Afghanistan. Les al-faida se portent bien, merci. Il a fallu de nombreuses années aux Afghans pour critiquer ouvertement la présence occidentale dans leur pays. La crainte que la moindre critique n’éloigne les bienfaiteurs étrangers a joué un rôle central dans leur silence, et ceux qui se sont exprimés, comme le candidat à la présidence Ramazan Bashardost, ont été punis pour avoir eu l’audace de contredire les Occidentaux.

Le complot ourdi pour maquiller les problèmes a pu se poursuivre jusqu’à ce que la vérité surgisse sous la forme de cercueils. Les Afghans partagent la colère de la population britannique et son effarement devant la situation actuelle. Chaque soldat étranger mort augmente les risques de voir les Occidentaux abandonner l’Afghanistan. Les Afghans le savent bien, mais qu’y peuvent-ils ? Les mendiants n’ont jamais le choix.

A l’arrivée des soldats étrangers en Afghanistan, on ne se souciait guère de l’opinion afghane. Depuis, ils ont eu sept ans pour remporter une guerre contre des talibans qui furent un temps totalement discrédités. Sept ans pour réparer le barrage hydroélectrique de Kajaki [dans la province du Helmand, dans le sud-ouest du pays] et gagner les cœurs et les esprits rétifs du Sud producteur d’opium. Sept ans pour désarmer les milices et traduire les criminels de guerre en justice, comme ils l’avaient promis en 2001. Les sept ans de réflexion étant écoulés, la lassitude s’installant, ils pourraient décider de partir comme ils sont arrivés, dans la précipitation et sans plus se soucier des Afghans qu’à leur arrivée.

Voir carte ce lien :
http://www.courrierinternational.com/files/illustrations/cartes/977_DOSSIER-Afghanistan.pdf
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MessageSujet: Re: Dossier Bourbier Afghan   Dossier Bourbier Afghan Icon_minitime25/7/2009, 00:13

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Une population exténuée et des talibans remontés
Les fiascos s’accumulent. Un exemple : la commission nationale indépendante chargée de réintégrer les chefs talibans dans la société afghane.

23.07.2009 | Cristia Fotini, Michael Semple* | Foreign Affairs
Après sept années d’errements et d’incurie de la part de l’administration Bush, le président Obama n’a guère tardé à ordonner l’envoi de 21 000 soldats supplémentaires en Afghanistan. Le contingent américain dans ce pays se montera bientôt à plus de 68 000 hommes. Le remplacement du général David McKiernan par le général Stanley McChrystal au commandement des troupes devrait également améliorer leur force de frappe. Les alliés des Etats-Unis sont, par ailleurs, priés de leur emboîter le pas en participant soit à la formation, soit au financement de la guerre, à défaut d’envoyer des hommes. Tous les alliés sont préoccupés par les récents succès des talibans qui sont parvenus à persuader des milliers de jeunes Afghans de donner leur vie pour lutter contre l’occupation. Les combattants talibans ont repoussé les forces du gouvernement afghan et des alliés sur un large territoire et sont arrivés jusqu’aux portes de Kaboul, installant leur pouvoir et leurs tribunaux islamiques. Leur chef, le mollah Omar, a ironisé sur la situation, offrant sa protection aux forces de l’OTAN qui accepteraient de quitter le pays, ainsi que l’avaient fait les moudjahidin avec l’armée soviétique défaite, il y a vingt ans.

Si l’envoi de renforts est nécessaire pour faire pencher la balance en faveur des Etats-Unis et de leurs alliés, cette décision n’aura de conséquence durable qu’à condition d’être accompagnée d’un véritable effort politique pour convaincre une majorité de combattants talibans d’abandonner les armes. En fait, les stratèges américains n’ont pas correctement réfléchi aux moyens de parvenir à la réconciliation. Ils estiment que la solution consiste simplement à appâter la piétaille des talibans du côté américain.

La Commission afghane nationale indépendante pour la paix et la réconciliation (plus connue sous le nom de PTS, d’après son acronyme en dari) aurait dû constituer le fer de lance du processus de réconciliation, mais elle s’est révélée inefficace. Lancé en 2005 et placé sous la direction d’un ancien chef du djihad, Sibghatullah Mojaddedi, le programme de la commission affichait des objectifs ambitieux – la réinsertion des anciens combattants au sein de la société civile – mais n’a quasiment reçu aucun moyen pour y parvenir. La commission PTS a délivré à d’anciens combattants des certificats leur permettant de prouver qu’ils avaient adhéré au programme et ne pouvaient dès lors être poursuivis en justice. Mais elle n’a jamais eu les moyens nécessaires pour les protéger des talibans ou des manœuvres de harcèlement du gouvernement. Dans la province de Kandahar, bastion des talibans, l’antenne de la PTS se trouve dans une région cruciale. Pourtant, on dirait une farce. Elle est censée fonctionner avec un budget mensuel de 600 dollars [425 euros] pour couvrir ses frais de fonctionnement et financer les aides destinées aux combattants ayant déserté la cause talibane. Ses activités se réduisent à peau de chagrin – distribution de tracts et rares aides au logement – et le bilan de l’agence est catastrophique. Sur les quelque 7 000 personnes qui ont reçu un certificat du bureau de Kandahar ces quatre dernières années, moins d’une dizaine étaient des responsables talibans de rang moyen. Les autres n’étaient que de simples soldats ou n’avaient même pas de lien avec les talibans.

La commission n’a mis en place aucun suivi automatique des personnes prises en charge. En l’absence de mesures concrètes de la part de la PTS, les anciens combattants talibans qui souhaitaient sincèrement abandonner les armes sont tombés de Charybde en Scylla, victimes tour à tour du harcèlement des forces de sécurité gouvernementales et des insurgés. Une fois le processus de réconciliation replacé au cœur du plan de reconstruction de l’Afghanistan, le gouvernement de Kaboul devra entièrement repenser sa stratégie. Il faudra alors privilégier les accords avec les grands réseaux de l’insurrection plutôt qu’avec les soldats ordinaires. Et il faudra fournir à ces réseaux, grâce au concours des agences nationales et des groupes internationaux, l’aide nécessaire pour assurer leurs besoins économiques et sécuritaires.

Parmi toutes les erreurs commises par le gouvernement afghan et les forces alliées de l’OTAN, c’est leur incapacité à assurer la sécurité de la population qui a constitué le principal frein au processus de réconciliation. Les talibans ont ardemment fait monter les en chères. “C’est incroyable de voir à quel point tout le monde à Kandahar a peur de parler des talibans et du processus de réconciliation”, déclarait, en avril, un spécialiste afghan. “Il n’y a aucune stratégie [de la part des autorités] pour lutter contre les activités belliqueuses et hostiles à la réconci liation.” De fait, la fragilité du gouvernement Karzai et la progression continue de l’insécurité dans les zones pachtounes de l’est et du sud du pays ont renforcé la position des insurgés. Pour donner une chance au processus de réconciliation, les Afghans ordinaires doivent se sentir en sécurité. La situation sur le terrain doit être stabilisée et les talibans doivent comprendre que leur campagne militaire est vouée à l’échec.

Si le gouvernement afghan utilise la carotte de la réconciliation, il doit également pouvoir manier le bâton avec force. D’où l’importance d’envoyer davantage de soldats mais aussi, à long terme, de former des forces de sécurité nationales. Le processus de réconciliation doit apparaître comme partie intégrante d’une stratégie politique et militaire globale contre l’insurrection, à l’image de celle menée récemment par Washington en Irak : il faut persuader les combattants prêts à abandonner la lutte et tuer ou capturer les autres.


* Cristia Fotini enseigne les sciences politiques au Massachusetts Institute of Technology. Michael Semple, spécialiste de l’Afghanistan et du Pakistan, a vécu à Kaboul pendant près de vingt ans en tant que représentant des Nations unies et de l’Union européenne, notamment. Il est l’auteur de Reconciliation in Afghanistan [La réconciliation en Afghanistan, à paraître en septembre 2009].

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MessageSujet: Re: Dossier Bourbier Afghan   Dossier Bourbier Afghan Icon_minitime25/7/2009, 00:17

Citation :
À LA UNE > C.I. HEBDO N° 977 - AMÉRIQUES - ASIE
VU DE KABOUL
Le double jeu de nos voisins
23.07.2009
La nécessité de lutter contre le terrorisme en Afghanistan est l’un des rares sujets qui mettent tout le monde d’accord. L’ensemble des pays, occidentaux et orientaux, chrétiens et musulmans, ont adopté la même position. Immédiatement après le 11 septembre 2001, tous, même d’anciens rivaux comme la Russie et les Etats-Unis ou les Etats-Unis et l’Iran, ont mis fin, chacun à sa manière, à leurs relations positives avec le régime des talibans. Même les pays de la région qui étaient proches des talibans, comme le Pakistan et l’Arabie Saoudite, n’ont pu se désolidariser de la lutte antiterroriste mondiale qui se jouait en Afghanistan. Malgré ce consensus, des rivalités et des malentendus se sont rapidement fait jour. Islamabad continue à jouer le double jeu [en luttant ouvertement contre les talibans tout en laissant certains officiels les soutenir] ; Téhéran veut faire de l’Afghanistan un deuxième Vietnam pour les Américains ; et Moscou [après sa défaite dans la guerre de 1979-1989] ne cache pas sa satisfaction devant l’échec des politiques militaires et économiques des pays occidentaux. A l’origine de cette incohérence se trouve la vieille rivalité entre les Etats-Unis et la Russie. Moscou a pourtant décidé d’aider les Américains, comme les Russes l’ont assuré à Obama lors de sa visite début juillet – Moscou est en effet dans une phase constructive de sa relation avec Washington et l’OTAN. Les 21 000 soldats américains supplémentaires que Washington souhaite envoyer en Afghanistan pourront donc passer par la Russie, et les pays occidentaux veulent mettre en place un pont aérien qui partirait de la Russie. Les Iraniens ont de leur côté fait preuve de plus de bonne volonté sur le dossier afghan que sur d’autres dossiers. Tout cela montre que non seulement Moscou et Washington mais aussi l’ensemble des pays occidentaux et orientaux sont prêts à collaborer pour ramener la paix en Afghanistan.

(Mosharekat-e Melli, Kaboul)
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MessageSujet: Re: Dossier Bourbier Afghan   Dossier Bourbier Afghan Icon_minitime25/7/2009, 00:19

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VU DE WASHINGTON
Le spectre du Vietnam
23.07.2009 | Kevin Peraino, Ron Moreau, Sami Yousafzai | Newsweek
Pendant la campagne électorale, Barack Obama avait désigné le conflit en Afghanistan comme la bonne guerre (par opposition à la mauvaise, celle d’Irak). Il a fini de se l’approprier en ratifiant la décision de son prédécesseur de déployer davantage de troupes. Son cabinet rejette l’idée que l’Afghanistan puisse devenir un bourbier comparable au Vietnam. Mais, alors que se développe une offensive de la dernière chance qui vise à neutraliser les talibans avant l’élection présidentielle afghane, il est difficile de ne pas noter les ressemblances avec le conflit en Asie du Sud-Est.

L’épicentre se situe dans la province du Helmand. Elle contrôle l’accès à Kaboul par le sud et fournit 90 % de la récolte d’opium, source de financement pour les talibans, qui dominent la région depuis des années.

Comme au Vietnam il y a quarante ans, les marines déclenchent des opérations héliportées sur les arrières de l’ennemi afin d’isoler les talibans, mais ceux-ci évitent les batailles rangées et se diluent dans le paysage. Quelques-uns se dissimulent parmi la population locale, d’autres se replient au-delà de la frontière avec le Pakistan voisin. Islamabad n’a pas déployé de forces capables de leur interdire ce sanctuaire. Contrairement à l’Irak avant l’envoi de renforts, en 2007, les troupes américaines sont probablement assez nombreuses, du moins pour ce qui est de nettoyer la zone. Ce qui fait en revanche défaut au général des marines Larry Nicholson, ce sont les forces afghanes, cruciales pour la phase suivante, celle de l’occupation. Dans l’idéal, il lui faudrait autant d’Afghans que d’Américains. Au lieu de cela, il n’en a que 650 à répartir parmi les 4 000 marines.

Cela ne devrait pas être le cas : officiellement, les Américains sont censés avoir formé 82 000 militaires afghans, dont 43 000 considérés comme à même d’agir indépendam ment ou avec du soutien. Mais le président afghan Hamid Karzai n’en a engagé qu’une fraction dans ce qui est la plus grande offensive contre les talibans depuis 2002.

Comme au Vietnam, la question du nombre de troupes américaines nécessaires en Afghanistan devient un dilemme pour le président Obama. En mars, il a accepté l’envoi de 17 000 hommes en renfort dans les unités de combat, ainsi que de 4 000 autres chargés de former les Afghans. La Maison-Blanche ne cache pas qu’Obama ne tient pas à ce que le Pentagone lui en réclame plus. Pourtant, le nouveau commandant en chef américain en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, est convaincu qu’il lui faudra des milliers de soldats supplémentaires. Il souhaiterait doubler la taille de l’armée afghane, qui devait à l’origine atteindre 134 000 hommes. Ce qui coûterait des milliards de dollars et nécessiterait la présence de milliers de conseillers américains pour les encadrer.
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MessageSujet: Re: Dossier Bourbier Afghan   Dossier Bourbier Afghan Icon_minitime25/7/2009, 00:25

Citation :
À LA UNE > C.I. HEBDO N° 977 - ASIE
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Les grands favoris
• Hamid Karzai
http://www.courrierinternational.com/files/illustrations/article/2009/07/977_karzai.jpg
Ce Pachtoune de 52 ans compte obtenir un nouveau mandat de chef de l’Etat à l’issue du scrutin du 20 août. Chef de la tribu des Popalzaï et éduqué au Pakistan, en Inde et en France, il fait ses armes auprès des moudjahidin dans les années 1980-1990, et devient plus tard leur vice-ministre des Affaires étrangères. En 1998, après avoir initialement soutenu les talibans, il organise un réseau de résistance. Ce n’est qu’après le 11 septembre 2001 que les Américains misent sur lui et décident de le soutenir. En juin 2002, il devient président du gouvernement intérimaire et accède à la fonction de chef de l’Etat en octobre 2004. Son bilan est très contesté.

• Ashraf Ghani
http://www.courrierinternational.com/files/illustrations/article/2009/07/977_ghani.jpg
Né en Afghanistan de parents pachtounes, Ghani quitte rapidement son pays pour poursuivre de prestigieuses études au Liban puis aux Etats-Unis. Après avoir enseigné en Europe et en Amérique du Nord, il rejoint la Banque mondiale. Il y acquiert une expérience et un réseau qui lui servent à son retour au pays, fin 2001. Il devient alors conseiller spécial d’Hamid Karzai puis principal architecte de la reconstruction en tant que ministre des Finances, poste qu’il occupe jusqu’en 2004. Titulaire de la double nationalité afghane et américaine, il s’appuie aujourd’hui beaucoup sur la diaspora afghane pour sa campagne en vue de l’élection présidentielle.

• Abdullah Abdullah
http://www.courrierinternational.com/files/pierrick.van.the@courrierinternational.com/977_abdullah.jpg
De père pachtoune – comme Karzai et Ghani – mais de mère tadjike, Abdullah a lui aussi occupé des fonctions officielles, en tant que ministre des Affaires étrangères. Ce médecin proche du commandant Massoud dans les années 1980-1990 devient en 1997 vice-ministre des Affaires étrangères de l’Alliance du Nord, poste qu’il conserve à l’issue de la conférence de Bonn, en décembre 2001, et jusqu’en 2005. Il se consacre depuis à la Fondation Massoud, conservatrice du nom de son mentor politique.
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MessageSujet: Re: Dossier Bourbier Afghan   Dossier Bourbier Afghan Icon_minitime25/7/2009, 00:27

Citation :
AFGHANISTAN
Le programme d’un candidat à la présidentielle
Ancien ministre des Finances, Ashraf Ghani définit ses priorités : former l’armée afghane, endiguer la corruption et consolider les institutions.

22.07.2009 | Ashraf Ghani* | Prospect
Y a-t-il de l’espoir pour l’Afghanistan ? La majorité des Afghans ont le sentiment que leur pays est sur la mauvaise pente. Le risque d’insurrection, la menace de la drogue et la crise de gouvernance inquiètent de plus en plus le monde extérieur. La chute de notre pays de la 117e place en 2005 à la 176e en 2008 en ce qui concerne l’indice de corruption de Transparency International et son passage de la 11e à la 7e place sur la liste des Etats en faillite montrent l’ampleur des problèmes. Mais ces indices ne reflètent pas la détermination à mieux faire rencontrée aussi bien en Afghanistan que dans le reste du monde. La nouvelle impulsion donnée par la communauté internationale offre aujourd’hui une nouvelle chance à l’Afghanistan, avec au bout la perspective d’une réussite.

Mais reconnaissons d’abord que, ces dernières années, nous avons fait les mauvais choix. Lorsque les talibans ont été renversés fin 2001, les Afghans ont accueilli les forces armées internationales avec enthousiasme et les Etats-Unis ont bénéficié d’un soutien massif. Mais trop peu de soldats sont venus nous aider à maintenir l’ordre et à faire respecter la loi. Lorsque les renforts sont finalement arrivés, en 2006, il était trop tard pour stopper l’insurrection orchestrée par Al-Qaida et les talibans, qui opéraient également en toute impunité depuis le Pakistan voisin – un problème qui n’a commencé à être traité qu’à la fin 2008. Les moyens accordés à la reconstruction de l’Afghanistan ont été très insuffisants. L’aide arrive par le biais de prestataires ou d’agences des Nations unies, ce qui donne naissance à de nouvelles bureaucraties, et non pas à des institutions afghanes solides. Pour le dire crûment, la communauté internationale a construit les institutions de l’Afghanistan au rabais.

La première chose à faire est bien sûr de rétablir l’ordre. Des mesures devront ensuite être prises pour combattre le trafic de stupéfiants, parce que l’argent de la drogue alimente aujourd’hui à la fois l’insurrection et la corruption au sein du gouvernement. Et, surtout, il faudra trouver le moyen de faire passer le revenu des habitants des campagnes de 1 à 4 dollars par jour, cette somme étant la charnière économique où l’opium perd son avantage concurrentiel. Inciter les forces de l’OTAN à “acheter afghan” en premier et garantir des débouchés en Europe pour les produits de l’agriculture afghane aideraient à atteindre cet objectif. Soutenir l’Armée nationale afghane (ANA) sera également crucial pour consolider les améliorations engendrées par cette nouvelle stratégie. L’armée est une réussite relative, surtout lorsqu’on pense aux 6 milliards de dollars [4,2 milliards d’euros] déboursés jusqu’à présent pour une police gangrenée par une corruption endémique. Pour le prix de l’affectation d’un soldat de l’OTAN, nous pourrions entraîner et envoyer sur le terrain 70 soldats afghans. Une promesse de financement et d’entraînement de l’ANA sur une longue période encouragerait d’autres institutions afghanes à prendre davantage de responsabilités dans le maintien de l’ordre. Pour tout cela, bien entendu, il faut de l’argent. Si les 20 milliards de dollars [14 milliards d’euros] dépensés chaque mois en opérations militaires étaient plutôt consacrés, sur quatre ans, à la formation des jeunes Afghans, et plus particulièrement les femmes, le sort des cinq générations à venir pourrait en être transformé.

Mais pour qu’il y ait progrès, il faudra aussi une action côté afghan, particulièrement contre la corruption. Toute stratégie de contre-insurrection sera vouée à l’échec si la population pense que l’Etat et ses représentants ne font rien d’autre que se remplir les poches. Pour entamer le processus de nettoyage du gouvernement, une nouvelle commission composée d’organisations issues de la société civile devra se pencher sur la vente et la location de terrains appartenant à l’Etat à des personnalités influentes au cours de ces dernières années. Une deuxième commission, composée cette fois d’experts internationaux, devra également examiner le trafic de carburant de mauvaise qualité, car il s’agit là d’une importante affaire d’intérêt public. Dans les deux cas, les coupables devront être rapidement jugés. Ensemble, toutes ces mesures – à prendre par l’OTAN, la communauté internationale et Kaboul – peuvent remettre le pays sur la bonne voie. Avec le scrutin du 20 août prochain, l’Afghanistan a réellement une deuxième chance.


* Ministre des Finances de 2002 à 2004, Ashraf Ghani est candidat à l’élection présidentielle du 20 août 2009.
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