Holy Trousers Homo Pacificus
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| Sujet: Billie Holiday est morte il y a 50 ans 17/7/2009, 19:11 | |
| Aujourd'hui c'est l'anniversaire de la mort de Lady Day. Il y a 50 ans, elle meurt dans son lit d'hôpital apres une vie tragique et abusive. - Citation :
- La plus grande chanteuse de jazz américaine du XXème siècle est morte il y a 50 ans tout juste. Vu de 2009, il est difficile de ne pas lire cet événement à l'aune des derniers heureux développements (Obama, Obama !) enregistrés par la cause noire ces derniers mois, même si le talent et l'héritage de Billie Holiday se suffisent à eux seuls.
Pour les amateurs de jazz, de blues et de musique en général, Billie Holiday est une perle à la valeur inestimable, une source d'amour et de tendresse d'autant plus forte que la chanteuse de Baltimore n'est pas la plus connue des grandes divas du jazz (Ella Fitzgerald, Bessie Smith à la rigueur, Amy Winehouse ?) et peut se savourer dans une relative discrétion. La chanteuse est connue pour sa capacité à déguster tout au long de sa vie : quasi abandonnée, pauvresse, violée à l'âge de 10 ans par un voisin, mère prostituée dans un bordel de New York, elle-même âme errante dès son plus jeune, emprisonnée, violée encore puis déçue par des hommes qui la tabassent. La voix de Billie Holiday porte sur elle cet héritage de gnons et de larmes, en même temps qu'elle dégage, lorsqu'elle s'échappe dans les boîtes de jazz de NY, une sensualité triste forcément troublante. En 1939, elle grave la chanson la plus signifiante de toute sa carrière : le "Strange Fruit" qui est présenté ici. Ecrite par un jeune prof, "Strange Fruit" désigne les noirs pendus aux arbres dans le Sud des Etats-Unis. Le texte est splendide et l'interprétation de Billie Holiday toute en délicatesse. C'est dans ce registre de la gravité, politique, poétique ou amoureuse, que la chanteuse est la plus juste. Certains épisodes de sa vie ressemblent trait pour trait aux épisodes les plus glauques et médiatisés de nos jeunes stars du rock préférées : arrestations, fuite, découvertes de drogue, tabassage par son mari et ses mecs... Parmi ses péripéties, la chanteuse au physique transformé par l'alcool offre, comme Chet Baker plus tard, de magnifiques moments d'émotion. Si Fitzgerald est la déesse du jazz gai, Holiday est celle du jazz triste, de la mélancolie et de l'avachissement. Sur "I Get Along With You Very Well", sa technique vocale est déjà en retrait mais l'émotion est palpable. La Lady in Satin meurt en juillet 1959, cirrhosée, abîmée, inquiétée jusqu'à la fin par la police et incapable de réformer sa vie pour durer plus longtemps. Restent la voix qui fait école chez Nina Simone, Diana Ross, l'influence chez Janis Joplin, Amy Winehouse bien sûr, Madeleine Peyroux (peut-être la plus proche vocalement d'Holiday) et les chansons grésillantes d'émotion gravées dans les années 30 ou plus tard. Comme certains l'écriront plus tard à l'occasion de son anniversaire : "la bougie s'est soufflée toute seule mais ne s'est jamais éteinte."
Strange Fruit ( télécharger) - Citation :
Ce n’est que rétrospectivement que l’on comprend la logique de l’histoire. Au départ, on observe de longs enchaînements de hasards, de coïncidences, de contradictions apparentes. Si l’on se penche sur els événements, on emploie automatiquement le conditionnel : que se serait-il passé si le professeur d’anglais Abel Meeropol (alias Lewis Allan), originaire du Bronx, ne s’était pas mis dans la tête que Billie Holiday, qui n’était absolument pas engagée sur le plan politique, devait chanter son poème intitulé « Bitter Fruit », qu’il avait lui-même mis en musique sous le titre de « Strange Fruit » ?
La chanteuse, elle savait effectivement pas quoi faire de cette chanson, qui n’avait rien de commun avec son répertoire habituel. Il fallut toute la force de persuasion de Barney Josephson et de Bob Gordon pour que Billie Holiday accepte de l’interpréter. Barney Josephson et Bob Gordon dirigeaient alors le club « Café Society », seul du genre à être ouvert à toutes les races. C’est devant un public d’intellectuels, de militants de gauche, de bohèmes et d’amoureux du jazz qu’eut lieu la première : ce fut la naissance de la chanson la plus bouleversante jamais écrite sur la pratique du lynchage, la première fois où le jazz se mêlait explicitement à la critique sociale. Par peur de protestations éventuelles d’Etats du sud, la maison de disques de Billie Holiday, Columbia Records, refusa d’enregistrer le titre. La chanteuse réussit alors à convaincre Milt Gabler, propriétaire du petit label Commodore Records, de l’enregistrer. « Strange Fruit » était devenu dans l’intervalle le point fort des apparitions sur scène de Billie Holiday : c’était un morceau impressionnant, qu’elle chantait en dernier, et qui ne pouvait être suivi par aucun autre. L’enregistrement dura quatre heures, bien plus que pour un titre classique. Cette première prise reste la plus intense, la plus convaincante et la plus émouvante.
Tout y est parfait : le phrasé de Billie Holiday, entre tristesse et rébellion, le texte, qui oscille entre poésie et accusation. L’arrangement,qui alterne entre intensité et calme, est génial sur le plan dramaturgique. « Strange Fruit », qui fut boycotté par de nombreuses stations de radio, fut le plus grand succès de Billie Holiday. Les enregistrements de Commodore la montrent à l’apogée de son art, elle qui savait apporter les nuances les plus fines à ses interprétations. « Fine and Mellow », « Billie's Blues », composé par Billie Holiday elle-même, « Yesterdays » : tous ces titres explorent l’univers de la mélancolie, qui est bien plus qu’une tristesse superficielle. Les nuances subtiles des sentiments, les contradictions intérieures, l’équilibre entre réserve et abandon, entre distance et proximité : personne n’a su rendre tout cela de façon aussi convaincante et réaliste que Billie Holiday.
Sa musique a toujours été intime, et jouée sans grands effets de manches. Son registre vocal limité ne l’empêchait pas d’en tirer des subtilités infinies, pour elle et pour nous. C’était un microcosme des sentiments. Ces enregistrements ne présentent pas une surface sans failles, parfaitement lisse. Le phrasé de Billie Holiday est sans cesse parcouru par des failles qui laissent apparaître ses troubles intérieurs. Les sons ne sont jamais ce qu’ils paraissent être. arte.tv Une petite séléction de ses chansons : Lady Sings The Blues Stormy Weather They Can't Take That Away From Me Billie's Blues Summertime ( je préfère la version de Fitzgerald ) | |
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lilia Homo Addictus
Nombre de messages : 1290 Age : 39 Date d'inscription : 04/02/2008
| Sujet: Re: Billie Holiday est morte il y a 50 ans 18/7/2009, 01:35 | |
| ma préférée à moi c'est Stormy Weather Dont know why theres no sun up in the sky Stormy weather Since my man and I aint together, Keeps rainin all the time keeps rainin all the time.. j'ai même fait une dédicace une fois avec cette chanson sur RTCI j'adore sa voix, sa performance.. Paix à son âme. | |
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