Delinquance routiere

Une délinquance qui n’avoue pas son nom

• 32,84% des morts et 34,82% des blessés sont des jeunes de moins de 25 ans. A qui la faute ?

Enorme paradoxe que l’on aura à assumer, à notre grand dam d’ailleurs, pendant des décennies encore, sauf coup de baguette magique :

pour détenteurs des meilleurs réflexes qui soient au volant, les jeunes de moins de 35 ans nourriront toujours les macabres statistiques en matière d’accidents de la route, des deux roues (moyenne ou grosse cylindrée jusqu’au 4x4). Sur cet état de fait ne pèse aucune fatalité. Tout ce qu’il y a, c’est que, de par leur engouement pour la vitesse (souvent excessive), de par leur amour du risque, les 18-35 ans s’exposent directement à tous les dangers de la circulation.

Irrespect du code de la route, farouche affirmation de soi, rejet un peu goguenard de tous les tabous…autant d’ingrédients qui contribuent à une réelle exacerbation des comportements des jeunes sur les routes.

A telle enseigne que les meilleurs experts réunis ne sauraient prévoir toute l’étendue de l’insécurité routière que les jeunes font peser sur la circulation, tous engins confondus.



Les «deux roues» et les «4x4»



L’on a beau tout imputer aux «deux roues» qui slaloment et zigzaguent même, en investissant les sites propres du métro-léger et en multipliant les dépassements irréguliers (dépassements à droite, non-respect de la ligne continue…). Il y a plus grave en fait : par les temps d’envolée du prix du carburant à la pompe, moult jeunes — en bandes certes — appuyant sur le champignon, atteignant des vitesses bien au-delà des limites tolérées (110 km/h sur les autoroutes). Du coup et au vu des «berlines-tombeaux» qui les transportent, l’on ne peut s’empêcher d’intenter un procès aux voitures inutilement rapides.

Mais, vite fait, l’on se ressaisit en considérant que l’industrie automobile est constamment condamnée à produire ce qui se vend le mieux et ce que la technique permet de réaliser.

Ceux qui appellent de leurs vœux une brigade des moteurs n’hésitent pas à se raviser.

Comment faire donc pour que les jeunes de moins de 25 ans ne forment plus de 30% des victimes des accidents de la route ?

Comment dissuader les jeunes à bouder le jus de la treille ou les moûts des fruits, avant de se mettre au volant de n’importe quelle cylindrée ? Comment omettre jusqu’à ce jour de désigner un capitaine du groupe qui, de par sa fraîcheur physique et son éveil mental, assure la sécurité du retour ?

Pourquoi toutes ces bravades sur la route, ces dépassements inutiles et ces fanfaronnades, qui ne riment à rien au moment où, à minuit ou plus tard encore, la vigilance baisse jusqu’à s’estomper ?



L’antichambre de la délinquance



A bien considérer maints comportements des jeunes au volant sur nos routes et autoroutes, l’on se demande si la conduite automobile n’est pas parfois (souvent) l’antichambre de la délinquance. Sachant que chaque écart à la norme constitue en fait un risque de plus pris au détriment de soi-même et des siens (les accompagnateurs). Le tout frappé du sceau de la gratuité qui n’est pas sans rappeler de célèbres accidents dont furent victimes le Prix Nobel de littérature Albert Camus (1960) ou l’idole des jeunes, l’écrivain Roger Nimier, pour qui ses Jaguar et ses Delahaye étaient autant de jouets (1962).

Sorties nocturnes vers les lieux d’animation, qui oserait dire non ou opposer des réserves? Sauts dans l’inconnu ou aventurisme qui ne tire pas à conséquence, voilà qui est de trop.

Ce trop-là personne n’en veut. Car les jeunes constituent avant tout l’essentiel des ressources humaines que l’on ne saurait perdre, à la suite d’actes irresponsables dont la fatalité s’encombrerait en vain.



Larbi CHENNAOUI