Karadzic enfin arrete

L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie inculpé de génocide et crimes de guerre par la justice internationale, a été arrêté lundi par les services secrets serbes, après 13 ans de traque. Un procureur serbe a ordonné son transfert au TPI.

Une page douloureuse de l'histoire du conflit bosno-serbe est en train de se tourner. Lundi, Radovan Karadzic, ex-chef politique des Serbes de Bosnie de 63 ans, inculpé de génocide et crimes de guerre par la justice internationale, a été interpellé par les services secrets serbes, mettant fin à 13 années de recherches.

Radovan Karadzic était réclamé par La Haye en particulier pour avoir été, avec le général Ratko Mladic, ex-chef militaire des Serbes de Bosnie, l'instigateur du génocide de Srebrenica où près de 8.000 hommes musulmans ont été éliminés en juillet 1995, le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Karadzic, qui n'a plus été vu en public depuis sa fuite en 1996, est également poursuivi pour son rôle dans le siège de Sarajevo qui a duré 43 mois et pendant lequel quelque 10.000 civils ont été tués.

Source: www.lefigaro.fr

Excellente nouvelle.
J'espere que non seulement lui, mais aussi les responsables de l'onu qui n'ont rien fait pour prevenir ce genocide vont payer cher.

Souhaitons qu'un vraie procés soit réalisé pour rendre justice aux victimes. Et pour donner une forte crédibilité au Tribunal de La Haye et aux institutions internationnales. Même si dans leur prison dorée, ces grands criminels (Karadzic et ceux déjà arrêtés) bénéficient de conditions de vie encore confortables.

Ce qui attend Karadzic dans sa prison de La Haye

Citation :

De notre envoyé spécial à La Haye Jean-Jacques Mével
28/07/2008 | Mise à jour : 07:33 | Commentaires 11 .

L'ex-président des Serbes de Bosnie est attendu derrière ces barreaux depuis le 25 juillet 1995, date de sa mise en accusation. «Même au bout de treize ans, nous n'allons pas bouder notre plaisir», dit en privé un responsable du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Dans l'histoire judiciaire, le psychiatre poète de Sarajevo reste un fameux précédent : il fut le premier dirigeant inculpé par la justice internationale, bien avant son patron yougoslave Slobodan Milosevic, le Libérien Charles Taylor, le Tchadien Hissène Habré ou encore, récemment, le président soudanais Omar el-Béchir.

Pour le Tribunal de La Haye, l'arrivée de l'ex-numéro un de la Republika Srpska après une longue cavale est une promesse d'accomplissement. Sur les 161 inculpés pour génocide, crime de guerre ou crime contre l'humanité dans l'ex-Yougoslavie, 158 ont vu leur dossier traité d'une façon ou d'une autre : la condamnation (56), l'acquittement (10), le renvoi devant une autre juridiction (13), l'engagement d'un procès (43) ou le décès (36). Il ne reste plus qu'une poignée de dossiers en suspens sur le bureau de Serge Brammertz, le procureur belge.

Derrière l'avalanche statistique se cache pourtant une frustration. Elle est aussi pesante à La Haye que dans les Balkans, où le souvenir des pires violences européennes depuis la Seconde Guerre mondiale n'est pas près de s'effacer : les trois têtes d'affiche du TPIY ont jusqu'ici réussi à esquiver tout verdict. Le général Ratko Mladic, bras armé des Serbes de Bosnie et bourreau de Srebrenica, court toujours. Une crise cardiaque mortelle a soustrait Slobodan Milosevic, architecte de la «Grande Serbie», à la condamnation. La capture de Radovan Karadzic ouvre enfin la perspective d'un procès à la fois exemplaire et concluant.

«Nous tenons notre gros poisson !» Le tribunal de La Haye aurait presque de la prévenance pour le fuyard qui coulait des jours tranquilles dans une banlieue de Belgrade. Il ne s'agit pas de respect. En 2006, la mort de l'ex-président Milosevic à Scheveningen et les accusations de négligences qui s'ensuivirent avaient été reçues ici comme un double échec. Cette fois, il s'agit de conduire la procédure, sans faille, jusqu'à son terme.

«Radovan Karadzic sera traité comme tous les autres avant lui» , assure Nerma Jelacic, porte-parole du tribunal. Mais à l'aune de l'acte d'accusation 20 pages rythmées par les mots génocide, extermination, assassinats, persécutions, torture, prise d'otages, violences sexuelles , le maître d'œuvre du «nettoyage ethnique» en Bosnie-Herzégovine s'apprête à vivre dans un 5-étoiles.

Derrière son enceinte de briques, la maison d'arrêt de Scheveningen ne ressemble en rien aux camps de concentration serbes d'Omarska et Prijedor, dont les images de barbelés révoltèrent l'opinion en 1992. Bâtiment réservé à l'ONU dans un complexe pénitentiaire néerlandais, l'institution s'honore au contraire de respecter «les normes internationales de droits de l'homme les plus élevées».

Radovan Karadzic y trouvera une cellule individuelle identique à celle de son maître Milosevic, sous la surveillance de fonctionnaires de l'ONU : 15 m² proprets, un vrai lit, un bureau, une télévision (avec programmes en serbo-croate), un coin toilette et un interphone pour appeler les gardiens. Les chambres ne sont verrouillées que la nuit. Dans la journée, les détenus sont libres de déambuler et de socialiser à leur étage. À la sortie quotidienne en plein air s'ajoutent les activités récréatives, salle de gym, cours d'anglais, initiation à l'ordinateur, baby-foot et même poterie. Le téléphone est collectif, payant et surveillé. L'accès à Internet, cependant, est interdit, «pour raison de sécurité». Dans ce purgatoire aux couloirs ripolinés, les pires ennemis d'hier se côtoient en voisins de palier. Radovan Karadzic y retrouvera Vojislav Seselj, chef de milice serbe et ultranationaliste belgradois ; Ante Gotovina, le général croate qui avait retourné l'arme du «nettoyage ethnique» contre ses inventeurs serbes ; et Rasim Delic, chef de guerre musulman accusé d'avoir fermé les yeux sur l'assassinat de Serbes désarmés.

La guerre de 1992-1995 a fait au moins 200 000 morts, musulmans et croates surtout. Mais dans les travées de Scheveningen, «nous n'avons pas constaté un seul incident depuis le début», signale Nerma Jelacic. De fait, ajoute un témoin bien placé, «tout ce petit monde s'entend remarquablement bien». Tous parlent la même langue. Milosevic, tel une diva, demanda un jour à la cantonade si on l'avait «trouvé bon devant ses juges». Vojislav Seselj, encore en procès, s'est taillé la réputation du farceur de la chambrée.

Les jours de fête ou d'anniversaire, les invitations pleuvent et tout le monde se retrouve à la même table. «Ceux qui aboutissent à La Haye ne se considèrent pas comme des tueurs de bas étage, mais comme des idéologues et des stratèges, explique le témoin. Ils s'imaginent en bonne compagnie et toujours au-dessus du panier.» Karadzic, connu comme beau parleur et facilement intoxiqué par ses propres mensonges, ne devrait pas dépareiller.

Dans les 48 heures suivant son arrivée à Scheveningen, le chef de guerre réincarné en gourou de la médecine alternative devrait comparaître pour la première fois devant le TPIY. L'utilisera-t-il comme une tribune à grand spectacle, à l'image de Milosevic ? Comme lui, Radovan Karadzic a déjà fait savoir qu'il compte assurer lui-même sa défense. Tout porte à croire aussi qu'il plaidera non-coupable.