[France] retour au pétrole subventionné?

Pétrole cher: le coup de pouce de Total


ÉNERGIE Le groupe pétrolier va financer la prime à la cuve mais
souhaite que ses concurrents soient aussi mis à contribution. C’EST LE
GENRE de négociation sous pression politique et médiatique que ne
goûtait guère l’ancien patron de Total, Thierry Desmarest. Son
successeur, Christophe de Margerie, s’est soumis à l’exercice avec
stoïcisme. Au terme d’une réunion de deux heures avec la ministre de
l’Économie Christine Lagarde, il a indiqué hier soir être prêt à
renouveler son effort pour financer la prime à la cuve l’hiver prochain
et a accepté « d’examiner de manière très favorable » le principe d’une
augmentation de cette prime.


Déjà, en début d’année, le groupe avait accepté de financer
l’intégralité du doublement de la prime – passée de 75 euros à 150
euros – pour un montant de 102 millions d’euros. L’État, de son côté,
finance les 42,7 millions restants. Cette prime, à laquelle peuvent
prétendre les contribuables non imposables se chauffant au fioul,
concernerait selon les calculs de Bercy quelque 700 000 foyers.


La pression était redevenue très forte sur Total depuis que le
président de la République avait indiqué fin mai vouloir porter le
montant de la prime à la cuve à 200 euros. Nicolas Sarkozy avait alors
évoqué l’idée de financer cette augmentation en utilisant le surcroît
de recettes générées depuis le début de l’année par la TVA, estimée à
environ 170 millions d’euros par le ministère du Budget. Mais Bercy et
Matignon ont refroidi les ardeurs élyséennes en faisant valoir qu’à ces
170 millions devaient être déduites les moinsvalues perçues sur la taxe
intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), assise sur les volumes de


Grogne des professionnels

Au terme d’un week-end où la polémique politicienne a enflé, Christophe
de Margerie a finalement accepté de financer en partie la nouvelle
augmentation, pour un montant compris « entre 30 et 40 millions d’euros
». Fait nouveau, le groupe souhaite en effet que d’autres entreprises
pétrolières présentes en France, telles BP ou consommation, lesquelles
sont en baisse depuis le début de l’année, à hauteur d’environ 100
millions d’euros, à cause de l’envolée des prix à la pompe. Du terrain
budgétaire, le débat s’est donc à nouveau reporté, ces derniers jours,
sur la participation de Total. Les recettes pétrolières dans le budget
de l’État Les recettes pétrolières ont rapporté 33,9 milliards d’euros
en 2007, soit la quatrième recette fiscale pour l’État français. Ce
chiffre se décompose ainsi : 25,3 milliards au titre de la TIPP (taxe
intérieure de consommation sur les produits pétroliers),
proportionnelle aux quantités achetées, et 8,6 milliards de TVA à 19,6
% indexée sur les prix du brut. Shell, participent elles aussi à cet «
effort citoyen ». Au sortir des discussions, Christine Lagarde a eu
beau jeu de remercier plusieurs fois le groupe et ses 140 000 salariés
pour leurs efforts. Elle a indiqué qu’au cours des prochains jours, ses
services et ceux de Total travailleraient ensemble à une réflexion
d’ensemble sur les futurs investissements qui devraient être accomplis
par l’industrie pétrolière française et mondialeenmatière de raffinage,
de rechercheouencore de développement d’énergie renouvelables.


Si ces mesures devraient satisfaire les particuliers les plus modestes,
elles ne dissiperont pas la grogne des professionnels contre les prix
du gazole, qui est restée palpable hier. Rien n’a été prévu pour eux,
en dehors des annonces du ministre de l’Agriculture, Michel Barnier.
Celui-ci mettra en placeunplan destiné à effectuerun diagnostic
énergétique des entreprises agricoles françaises frappées par la hausse
des carburants, prévoyant notamment une aide de 100 millions d’euros
sur cinq ans




et

T. D.
CY. L.