Phidias Homo Pacificus
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| Sujet: [France] Festival International du Livre et du Film ETONNANTS VOYAGEURS 26/4/2008, 06:17 | |
| Festival International du Livre et du Film ETONNANTS VOYAGEURS Saint-Malo du 10 au 12 Mai 2008 Quand les écrivains redécouvrent le monde… Etonnants Voyageurs, et, en sous-titre, dès la première édition, en 1990, en forme de manifeste : « Quand les écrivains redécouvrent le monde ». Pour dire l’urgence, à nos yeux d’une littérature aventureuse, voyageuse, ouverte sur le monde, soucieuse de le dire - et qu’on en finisse une bonne fois avec les prétentions des avants-gardes, le poids des idéologies, le nombrilisme prétendument si « français » ! Nous portait cette conviction qu’un nouveau monde était en train de naïtre, devant nous, sans plus de cartes ni de repères et qu’il appartenait de nouveau aux artistes, aux créateurs, aux écrivains de nous le donner à voir, de nous en restituer la parole vive. Sans considération de genres, roman, récit de voyages, B.D., science fiction ou roman noir ; seuls importaient cette allegresse à se risquer, ce « frisson du dehors », qui est la marque des grandes oeuvres quand le dehors de l’aventure est d’abord celui des limites transgressées. C’était un rêve : c’est aujourd’hui un mouvement. Au point qu’Etonnants Voyageurs est probablement devenu le premier festival du livre en France, en tout cas le plus original, drainant les foules les plus nombreuses. Et quel lieu pouvait-on imaginer pour cette fête, sinon à Saint-Malo, la cité corsaire d’où partirent tant et tant d’aventuriers, d’explorateurs et de marchands vers les quatre horizons ? Michel Le Bris Directeur du festival - Spoiler:
Partir… Depuis l’aube des temps, une force nous jette sur les chemins du monde, un rêve, qu’il est des îles vertes, par delà l’horizon, où cueillir enfin les pommes d’or du soleil, une soif d’inconnu, le besoin d’un ailleurs — et ce murmure obstiné charriant en tumulte mythes, récits, légendes, qui nous presse sans relâche, comme s’il y allait de notre survie de ne pas s’arrêter. Besoin d’ailleurs, besoin des autres. Besoin du monde. Mais rêve, encore, ou cauchemar — quand chaque mot, devant nous, paraît s’inverser, les images, les repères se brouiller ? Et tant de questions, alors, qui nous interpellent…
Exil, exode, errances, personnes déplacées, chassées par la misère ou fuyant l’oppression — et la litanie du malheur, jour après jour, excroissances monstrueuses de mégapoles devenues bidonvilles, images insoutenables du Darfour, après celles des Balkans, du Rwanda, de tant d’autres encore : la planète, demain, un camp de réfugiés ? Nos villes, demain, devenues de simples galeries marchandes internationales, partout identiques, dans l’indifférence de « cultures du monde » juxtaposées, réduites à des images vides ?
Et dans ce maelström, où meurt un monde et s’engendre un autre, le plus fantastique télescopage de cultures, peut-être, de l’histoire humaine. Sans doute peut-on décrire la ville comme destructrice de liens, de traditions, d’identités, tissée toujours de gens venus d’ailleurs — mais créatrice tout autant, et bien plus, d’identités nouvelles, multiples, parcellaires, instables, toujours réinventées, et pour cela même lieu par excellence de civilisation.
Avec, en réponse, les tentatives de maintenir coûte que coûte des permanences, traditions, religions, identités : nostalgie des racines – réelles ou fantasmées –, création pour soi de patries imaginaires, d’autant plus meurtrières que déconnectées de toute réalité, rêve de communautés unifiées, sans plus de division, où se retrouver enfin « entre soi », délivrés du tragique de l’histoire — rêve qui, à deux pas de nous, se dit purification ethnique, délires identitaires, fureurs génocidaires.
Et pourtant, chevillée au corps, demeure la conviction que rien ne nous importe plus que l’esprit d’aventure, cet élan qui depuis l’aube des temps nous précipite par-delà l’horizon dans l’inconnu immense. De même que serait illusoire une « identité » se construisant dans le rejet de l’autre — et l’ignorance de l’autre en soi — de même toute revendication d’un « ici » se refermerait en prison sur chacun sans la promesse d’un ailleurs. Besoin d’ailleurs, besoin de l’autre.
En sorte que rien n’importe plus, aujourd’hui, pour reprendre le titre du chef-d’œuvre de Nicolas Bouvier, auquel nous rendrons cette année un hommage particulier, que de s’assurer, dans le tohu bohu planétaire, d’un bon « usage du monde ».
Où il sera question de la quête et des pièges de l’identité, de la ville Moloch et de la Ville lumière, de l’errance et de la demeure, des épopées fondatrices, des diasporas à travers les âges, de la perte et de la reconquête de soi, de la langue, aussi, et de son invention. De la langue, où toutes ces questions se retrouvent, portées à incandescence, et d’abord celle de la littérature. Ainsi : la langue nous détermine-t-elle, nous impose-t-elle au final ses valeurs quoi que nous fassions ? Dit-elle « l’âme d’un peuple », signe-t-elle son identité ? Est-il une « langue du maître » dont les opprimés devraient se libérer pour être ? Il se pourrait bien, au contraire qu’aucune langue, pour personne, ne soit pleinement sienne — et que ce soit pour cela que nous pouvons, par elle, communiquer avec les autres ? En sorte que l’enjeu, pour un écrivain serait moins de revendiquer une langue propre, que d’affirmer un style…
Où nous retrouvons l’urgence de la littérature. Poètes, romanciers, ce sont les écrivains, d’abord, qui nous donnent à voir l’inconnu du monde. Faisant œuvre de son chaos, ils le mettent en forme, du même coup, lui donnent un visage, le rendent habitable. Pas étonnant, tandis que la course des choses nous interpelle, met bas nos catégories, nos convictions, nos préjugés, nous intime de penser autrement, si à travers revues, colloques, manifestes nous nous interrogeons de nouveau sur les puissances de la fiction… Le « manifeste pour une littérature monde », au printemps dernier, avait spectaculairement marqué cette exigence. Et nous comptons bien faire de cette nouvelle édition d’Étonnants Voyageurs, son prolongement : le temps d’un week end, le cœur battant des littératures du monde.
Toutes les interrogations du temps, contenues dans celle de la littérature, pendant trois jours de fête, à la Pentecôte prochaine, à Saint-Malo.
Michel Le Bris Président de l’Association Etonnants Voyageurs
Etonnants voyageurs ! Quelles nobles histoires nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers ! Montrez-nous les écrits de vos riches mémoires, Faites pour egayer l’ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits, tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons. Dites, qu’avez-vous vu ? Charles Baudelaire"Il n'y a pas de grand livre de voyage si on reste dans l'exotisme."Michel Le Bris, journaliste, écrivain et fin connaisseur de la littérature de voyage. "Une classification comme celle de littérature de voyage pose certains problèmes. Je pense qu'un livre est bon ou pas. L'aspect local doit conduire à l'aspect humain. C'est la vision humaine qui compte. " "Le français n'est pas qu'une langue. C'est une manière de voir le monde. "Alaa El Aswany, écrivain égyptien, auteur de L'immeuble Yacoubian. Il vient de publier Chicago. | |
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