En complément de la visite, une synthèse (compile à partir de plusieurs sources différentes) de l'historique du Baron d'Erlanger et de son beau palais :
Ce baron français, né le 7 juin 1872 à Boulogne-Billancourt dans une famille de riches banquiers, prend la nationalité britannique en 1894. Peintre d’inspiration orientaliste, savant et mécène, il était un grand musicologue, auteur d’un ouvrage de référence : « la Musique arabe, ses règles, leur histoire ».
D’Erlanger fait construire à Sidi Bou Saïd un palais entre 1912 et 1922 selon les normes de l’architecture andalouse, avec notamment la participation d’ouvriers marocains, et il appelle son palais Ennejma Ezzohra : "l’Etoile de Vénus". Dans ce lieu prestigieux, d’Erlanger s’adonne à la peinture (précisément, en tant que portraitiste orientaliste).
Grand amateur de musique, il oeuvra pour la promotion du malouf, musique tunisienne traditionnelle, s’entoure de musiciens de l’époque, d’origines diverses, s’initie à la cithare sur table (le qanoûn) ; il s’intéresse également aux traités musicaux arabes du Moyen-Âge et finit par entamer son projet colossale qui prévoit, entre autres, la traduction de ces traités en français, la collecte et la transcription des répertoires musicaux de son époque ; ses travaux et son intérêt pour la musique sont d’une importance telle que Farouk, le roi égyptien de l’époque, le charge de la préparation du Ier Congrès de la musique arabe, qui se tient du 28 mars au 3 avril 1932. D’Erlanger y travaille avec l’aide de musiciens tunisiens et proche-orientaux, ainsi que du Baron, arabisant, Carra De Vaux. Malheureusement, sa santé ne lui permet pas de se rendre au Caire pour participer au Congrès et décède le 29 octobre de la même année.
Grâce à ses collaborateurs, notamment, son secrétaire Mannoubî Snoussî, le musicologue Henri George Farmer, le Baron Carra De Vaux, le Syrien Alî Darwîsh et le Tunisien Ahmed al-Wâfi, six tomes sur la musique arabe vont voir le jour : le premier est publié du vivant de son auteur ( en 1930 ), les cinq autres, respectivement, en 1935, 1938, 1939, 1949 et 1959.
Les travaux de d’Erlanger constituent une source d’informations incontournable pour les musiciens et les chercheurs ; le Congrès du Caire, dont d’Erlanger a été la cheville ouvrière, a réuni des musiciens d’origines diverses, notamment des Occidentaux, comme Bartok et Hindemith,…et le Turc Raoûf Yekta.Tous ont travaillé côte à côte pour consigner et appeler à la préservation d’un patrimoine qui, en définitive, appartient à l’Humanité tout entière, un patrimoine auquel ont participé aussi bien les Grecs que les Indiens, les Perses et les Arabes, et dont les musiciens et poètes européens du Moyen-Âge à l’époque de l’Espagne andalouse se seraient inspirés ; à savoir : les Troubadours, puis les Trouvères et les Minnesänger.
Il contribua à développer la notoriété de Sidi Bou Saïd. Il obtient, le 28 août 1915, la protection intégrale du site et choisit d’imposer une couleur unique pour les boiseries des portes, fenêtres et moucharabiehs. Un décret est pris pour assurer la protection du village, imposant le bleu lumineux et le blanc si chers au baron et interdisant toute construction anarchique sur le promontoire, faisant de Sidi Bou Saïd le premier site classé au monde.
Après sa mort le 29 octobre 1932 à Tunis, le palais prit le nom de Ennejma Ezzahra. Monument historique classé et considéré parmi les joyaux de l'architecture en Tunisie, et partant du fait que le baron d'Erlanger symbolise l'ouverture d'esprit et le dialogue des cultures, le palais est devenu le Centre des musiques arabes et méditerranéennes en 1991, un établissement culturel multidisciplinaire consacré à la musique. Il abrite de multiples activités liées à la conservation et à la diffusion du patrimoine musical. Il réunit dans le cadre d'une vision globale et intégrée les activités scientifiques et intellectuelles avec une programmation musicale de qualité. Des concerts y sont régulièrement organisés.