Forum Tunisien de Discussions Libres et Constructives |
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| a lire absolument | |
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+6tchen'tchina Max Hyperion sof nimz TunisianMan 10 participants | Auteur | Message |
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TunisianMan Homo Habilis
Nombre de messages : 467 Age : 56 Date d'inscription : 01/08/2007
| Sujet: a lire absolument 3/3/2008, 02:00 | |
| il est plusque probable que vous avez lu cet article a ceux qui ne l'ont pas fait
http://www.realites.com.tn/index1.php?a=detail1&art=20186 | |
| | | nimz Homo Bannitus
Nombre de messages : 100 Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 3/3/2008, 03:02 | |
| Ecrit par Habib Touhami (Ancien ministre de la Santé) TunisianMan une petite question quelle origine Sfaxien sont il arabe ou berbere ?
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| | | sof Homulus Administratus
Nombre de messages : 2314 Age : 44 Date d'inscription : 02/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 3/3/2008, 12:45 | |
| - Citation :
- une petite question quelle origine Sfaxien sont il arabe ou berbere ?
question incomprehensible est-il ! | |
| | | Hyperion Homo Pacificus
Nombre de messages : 3432 Age : 46 Date d'inscription : 01/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 3/3/2008, 12:47 | |
| - nimz a écrit:
- Ecrit par Habib Touhami (Ancien ministre de la Santé) TunisianMan une petite question quelle origine Sfaxien sont il arabe ou berbere ?
il faut faire des test adn | |
| | | sof Homulus Administratus
Nombre de messages : 2314 Age : 44 Date d'inscription : 02/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 3/3/2008, 12:51 | |
| TunMan,
Le lien ne marche pas (plus) Tu peux poster l'article en spoiler si tu veux.. | |
| | | Max Maitre du Monde
Nombre de messages : 6294 Age : 104 Date d'inscription : 30/06/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 3/3/2008, 12:57 | |
| Voici l'article - Spoiler:
SFAX et les Sfaxiens. Par Habib Touhami (Ancien ministre de la Santé) A l’instar de Tunis ou de Sousse, Sfax est devenue une ville cosmopolite. Forcément, cela la rend moins «sfaxienne» qu’il y a trente ou quarante ans, au grand désespoir des Sfaxiens eux-mêmes et de quelques « irréductibles gaulois» comme moi. Naturellement le problème « identitaire » ne réside pas dans la présence en masse « d’étrangers », mais dans la disparition feutrée de la fameuse « sfaxite ». Celle-ci a fini par être terrassée par les coups de buttoir d’un double flux d’émigration qui a littéralement fait exploser la ville de Sfax. Des Sfaxiens sont partis en masse pour Tunis, aussitôt remplacés par des « étrangers ». Certains vous diront qu’il en a été ainsi dans pratiquement toutes les villes tunisiennes, ou du moins dans celles qui ont connu un fort taux d’émigration intérieure comme Tunis, Sousse ou d’autres encore. Le phénomène serait somme toute d’une banalité toute sociologique. Certes oui, mais je ne sais pour quelle raison, les transformations que Sfax a subies se sont distinguées par une plus nette perte d’identité. Peut-être s’agit-il tout simplement d’un regard plus nostalgique qu’ethnologique, dû à quelqu’un dont la jeunesse fut tout à fait heureuse à Sfax. Quoi qu’on dise cependant, Sfax n’est plus le Sfax d’antan, avec ou sans nostalgie.
A la fin des années 50 et le début des années 60, était, sans exagérer le moins du monde, la quibla de la moitié sud de la Tunisie. Son influence économique et « culturelle » s’étendait jusqu’aux confins de la Tripolitaine. A cette époque lointaine, seule Sfax avait des lycées. Au-delà, c’est-à-dire Gabès, Kébili, Gafsa, Mednine, Sidi-Bouzid, Kasserine, Tataouine et le Jérid n’étaient que des déserts “culturels”. En matière de santé, c’était la même chose. Si l’on voulait consulter un médecin ou se faire opérer, on était contraint d’aller à Sfax. Peu de Sudistes ou de Tripolitains choisissaient de pousser jusqu’à Tunis. C’était pour eux ou trop loin ou trop mystérieux. Quant au commerce, n’en parlons pas. Sfax était et reste encore aujourd’hui la vraie capitale économique du Sud tunisien et d’une grande partie du centre du pays.
Comment peut-on introduire la présentation d’une ville comme Sfax sans être trop injuste ou passablement schématique? Je choisirai pour ma part trois particularités “fondatrices” de la ville.
Les lundis du Sfax
A ma connaissance, Sfax est la seule cité de Tunisie où le commerce et l'activité industrielle, petite et artisanale, sont fermés le lundi. C'est à se demander si cette règle, qui prévaut encore aujourd’hui, n’exprime pas à elle seule "l'intelligence" supérieure des Sfaxiens en matière économique par rapport à la "bêtise" affligeante des autres créatures de Dieu. En effet, fermer le lundi paraît effectivement être plus intelligent et en tout cas plus pratique que fermer le dimanche, jour de repos pour la majorité des « consommateurs ». Sfax est aussi la seule ville de Tunisie et même du monde entier où les marchands de beignets, les ftairia, ne sont pas systématiquement originaires de Ghomrassen. A Sfax, les ftairia sont sfaxiens pour la plupart. Bien plus, les beignets de Sfax ne ressemblent aucunement aux autres beignets de Tunis ou de n'importe quelle autre ville de ce vaste monde. Ils sont, si j’ose m’exprimer ainsi, « particuliers » eux aussi. On met la pâte dans une espèce de récipient en cuivre, puis on verse le contenu dans l'huile chaude pour le remuer un petit peu en faisant attention à ne pas trop l'étaler. A la sortie, le beignet sfaxien ressemble plus à un pain frit qu'à un beignet "classique". Mais les Sfaxiens ne pensent pas commettre ainsi un grand sacrilège par rapport à la normalité. Depuis qu'existent des beignets à Sfax, les choses se passent ainsi et personne ne s’en est plaint. La ville de Sfax peut se targuer enfin de détenir le record mondial du nombre moyen de bicyclettes et de motocyclettes par habitant. En comparaison, la grande Hollande est battue à plate couture. Pas une maison à Sfax n'est vide d'une bicyclette au moins, même si elle ne sert pas et si elle n'est là finalement que pour le décor. Certains accrochent la sourate "Yassin" pour appeler la baraka, les Sfaxiens, eux, font appel à la « protection divine » des bicyclettes.
Chose extraordinaire, les lundis sont souvent maussades à Sfax. On dirait que le vent sablonneux ou la pluie torrentielle ne s'abattent sur la ville que les lundis. Tout se passe comme si un pacte secret était conclu entre Sfax et Dame Nature, éventuellement avec Dieu lui-même, faisant coïncider les calamités naturelles avec le jour de repos du commerce. Il paraîtrait que le bordel de Sfax est lui aussi fermé le lundi, mais c'est à vérifier. Après tout ces « honorables dames » ont droit au repos, elles aussi, pourquoi pas le lundi alors ? Bref, Sfax est une ville morte le lundi. Elle l'est du reste chaque jour, de 6h de l'après-midi au lendemain matin. Si l’on se promène à Sfax au-delà de cette heure fatidique, en dehors de l’été surtout, c'est qu'on n’est pas «sfaxien », Dieu merci, donc obligatoirement un "kalb souk", un "zoufri", un "arbi" et un "gaabout". Il faut croire que j'étais tout ça à la fois, puisque j'allais trop souvent au cinéma la nuit, y compris la veille du jour où je devais subir l'épreuve de mathématiques du bac.
Du “bon” et du “mauvais” étranger
Dans les années 60, les « arbi » et les « gaabout » n’étaient pas aussi nombreux qu’on pourrait le croire à Sfax. Dans la catégorie « étrangers », on pouvait compter une petite colonie d’élèves provenant de la moitié sud de la Tunisie et surtout une partie non négligeable de la populace qui habitait « Rbat El Gouabsia », qui comme son nom l’indique avait accueilli jadis une petite colonie en provenance de Gabès, mais d’autres provenances aussi d’ailleurs. Simplement, les Sfaxiens ont étiqueté de facto les autres «Gaabout et arbi» de «Gouabsia ». «Rbat el Gouabsia » existe toujours et il continue à porter une dénomination qu’il ne mérite pas puisque il y a si peu de «gouabsia » dans «Rbat el Gouabsia ». Ce quartier est bien évidemment situé à l’extérieur des murailles de la ville, au-delà des anciennes cimetières et des anciens «mwajin », c'est-à-dire les citernes d’eau de pluie construites en nombre pour récolter la «manne» de Dieu. Sa position en dehors de la ville devait signifier jadis aux « intrus » leur positionnement en « classes inférieures » ou du moins en citoyens Sfaxien de seconde catégorie. N’empêche, l’accent «gawbaji» très typique des sfaxiens « purs et durs», a droit de cité lui aussi chez les «Gouabsia » de Sfax.
Dans les lycées, les « étrangers » étaient en nombre au début des années 60. Toutefois, ils étaient considérés par les Sfaxiens comme une « minorité » tolérable, à certaines conditions cependant. Un « étranger », s’il voulait être accepté par les Sfaxiens, devait être « moyen », exclusivement moyen. Si sa moyenne le classait en bas du classement, les quolibets pleuvaient aussitôt. On était bon à rien, un «arbi», un «gaabout », j’en passe et des meilleures. Si on se classait premier ou parmi les premiers, c’était pire. Pour les Sfaxiens, la première place dans une classe leur était réservée de droit. Déjà qu’un « étranger » était bien reçu par eux, si maintenant il lui vient l’idée saugrenue de travailler mieux qu’eux et d’avoir de meilleures notes, alors là ce n’est plus acceptable. C’est même honteux de la part de tout « étranger » : venir à Sfax et battre les Sfaxiens qui l’ont si bien accueilli chez eux. Je n’ai jamais su pourquoi moi j’étais toléré par les Sfaxiens puisque je ne me défendais pas trop mal au jeu des moyennes et du classement. Peut-être était-ce mon trop jeune âge ou peut-être un solide copinage avec quelques-uns des cracks du lycée, devenus de bons amis par la suite (salut Mohamed Abid et Abdelmajid Mhiri) .
“El Hay”
Ce fameux lycée dont il est question ici était jadis appelé «El Hay» en référence au mot «El Hay Zeitouni» qui, comme son nom l’indique, fait allusion au fait que ce lycée abritait avant la réforme de l’éducation de 1958 une « succursale » de la Zeitouna. Des vestiges « zeitouniens » ont persisté bien longtemps après la fin de l’enseignement zeitounien, en particulier la «kachta» sur la tête de quelques professeurs. Aujourd’hui «El Hay» s’appelle « Lycée du 15 Novembre », en référence au Congrès décisif du Néo-Destour qui s’est réuni dans ses murs en 1955. Il trône sur la route d’El Aïn, à près de deux kilomètres de Bab Jebli. De mon temps, le proviseur s’appelait Si Ahmed Zghal et le censeur Si Ahmed Bellassoued. Ils étaient tous les deux, patriotes, destouriens et intègres. Ils ont occupé tous les deux les postes administratifs et politiques les plus éminents dans leur ville, dont celui de Maire de Sfax. Ils étaient animés tous les deux de la même flamme et de la même ambition qui voulaient faire de «El Hay» un meilleur lycée que celui de la Route de Gabès, celui-là même où les cours étaient dispensés en français alors qu’à «El Hay» c’était l’arabe qui dominait, série A oblige. Mais là s’arrête la ressemblance entre les deux hommes. Tout dans Si Ahmed Bellasoued transpirait la modestie, la sagesse et la bonté : l’intonation de la voix, les traits du visage, les mots et les gestes. Si un jour les Sfaxiens ou les anciens du «Hay» devaient montrer quelque reconnaissance à quelqu’un, une « kobba » ou une statue devraient être érigées à la mémoire de Si Ahmed Bellasoued. A l’opposé Si Ahmed Zghal était perçu comme un « fier », un pète-sec et un « dictateur ». Cette image lui convenait parfaitement parce qu’il voulait passer, lui, pour le méchant de service. Je le soupçonne quant à moi d’être aussi affectueux et sensible que Si Ahmed Bellassoued. Simplement, il ne voulait pas qu’on le sache, à cause de la fonction qu’il occupait et peut être aussi en raison d’un célibat qui s’est trop longtemps prolongé , tout bel homme qu’il fût. Un jour, à la fin de ma troisième année secondaire, Si Ahmed Zghal m’a fait chercher en urgence par un surveillant aussi tremblotant que moi à l’idée d’affronter « la bête ». En chemin je me suis demandé quel crime j’avais commis. Dès mon entrée dans son bureau, Si Ahmed Zghal me jeta un regard noir et m’envoya à la figure ma feuille d’orientation en m’intimant l’ordre d’y mettre «Mathématiques » à la place de « Lettres ». C’est ainsi que Si Ahmed Zghal devait contrarier irrémédiablement une vocation quasi tracée d’historien et de professeur d’histoire.
Les professeurs du «Hay » constituaient un curieux mélange de rescapés de l’enseignement zeitounien, de Tunisiens et de Palestiniens diplômés de diverses universités arabes du Moyen-Orient, et de coopérants belges, français et américains. Les deux premiers groupes développaient quelques ressentiments à l’égard d’un régime politique qui ne leur convenait pas, mais ils avaient en commun la volonté de faire de notre lycée le meilleur lycée de Sfax, sinon de toute la Tunisie. C’était pour eux le lycée pilote avant l’heure. Du lot émergeaient quelques maîtres qui nous ont laissé des traces indélébiles. En premier Si Tahar Hachicha, un enturbanné, ancien zeitounien et professeur d’arabe de son état. Personne ne l’a jamais vu consulter un cahier ou un livre. Il entrait en classe, jetait un regard rapide au cahier d’un élève du premier rang pour savoir où il en était arrivé dans son cours et reprenait celui-ci, imperturbablement, avec une éloquence qui frisait l’insolence. Ce maître avait un accent sfaxien à couper au couteau et se plaisait à écorcher mon nom, volontairement, en le rapportant très exactement à une montagne situé non loin de la Mecque. Il trouvait drôle mais juste de changer la « Thamma » de mon nom de famille en une « Kasra », et me ponctuait ses encouragements quand il m’appelait à discourir en classe avec des « Aya ya foulen, zidana sammaah » avec un merveilleux accent sfaxien de derrière les fagots. Naturellement, j’avais eu avec mes professeurs d’histoire des liens quasi filiaux, amour de la matière oblige. C’était le cas avec Si Abdelkarim Azeiz, ami de toujours, avec Si Boubaker Talmoudi ou encore avec Si Mohamed Salah Hermassi. Malgré les différences d’âge, les distances ou les choix politiques, j’ai gardé pour ces trois professeurs d’histoire une tendresse infinie. Ils me l’ont bien rendue. Lors de ses absences, Si Boubaker Talmoudi s’amusait à me laisser faire son cours à sa place devant des camarades ébahis. Quant à Si Mohamed Salah Hermassi, mes relations avec lui étaient si peu protocolaires qu’il en avait profité pour m’initier à la drague dans les rues de Sfax. Cela ne l’a empêché pas de me traiter quelques fois de « bourjoisi khader », c'est-à-dire de sale bourgeois parce que je refusais de regarder avec lui des films hindous d’action en leur préférant des films « bourgeois » selon la terminologie « hermessienne » tels « Cléopâtre » et « la Chute de l’Empire romain ». Si Béchir Souayeh, mon professeur de mathématiques pendant des années, se distinguait par une très grande rigueur et par une sévérité exemplaire. Un jour, par inadvertance, un de ses papiers nous tomba sous le regard. Il y avait inscrit à l’intention de sa femme « Réveille-moi à 6 heures ». Nous avons trouvé ce message extraordinaire et passablement troublant. On ne soupçonnait pas qu’un Si Béchir puisse être marié encore moins qu’il demandât à son épouse de le réveiller si tôt pour qu’il puisse « faire ses devoirs » exactement comme nous. L’année du bac, nous tombâmes sur un professeur de philo dénommé Si Ali Tahar Mkadmini. La plupart d’entre nous n’ont retenu de Si Ali que le fait qu’il se disait « le plus grand spécialiste de macaronis au monde » et le sobriquet comique que tout Sfax lui donnait quand il se promenait avec sa femme italienne trois fois plus grande que lui : voilà le « dix », un et zéro en chiffres hindous. Ah oui j’ai failli oublier : il fallait l’appeler Si Ali «Sidi fakat » en faisant avec son coude un angle droit sur la table et surtout pas «Sidi Ali » parce que, disait-il avec dédain, « je ne suis pas Ali Riahi ».
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| | | Max Maitre du Monde
Nombre de messages : 6294 Age : 104 Date d'inscription : 30/06/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 3/3/2008, 12:57 | |
| deuxieme partie - Spoiler:
Une “race” à part ?
Jusqu’à une date récente, Sfax était composée de trois blocs principaux : la ville « arabe », jalousement « préservée » par des murailles presque intactes; un front de mer construit pour et à l’intention d’une forte colonie italienne, maltaise, juive et française appelé « Bab Bhar, Pic-Ville etc) et des « thénaya », c'est-à-dire des chemins ou des routes disposés en rayons de soleil à partir de « Bab Jebli » là où il n’y a pas l’ombre d’un « jebel » ou même d’un monticule. Tout partait et aboutissait à la « ville arabe » qui doublait de « résidents » chaque matin, une population de commerçants, d’artisans, d’industrieux et de travailleurs de toute nature. Ceux-ci commençaient à travailler très tôt le matin et finissaient tôt aussi le soir, vers 16-17 h, hiver comme été. Ils ne rentraient pas chez eux, dans les « jnan » sur la route de Gremda, Taniour, El Aïn et autre Sakiet Ezzaït sans passer d’abord par le marché de « Bab Jebli » pour acheter la « mrikha » quotidienne. Le jour faste, cette « mrikha » pouvait laisser un peu de place dans le couffin du Sfaxien à d’autres « bénédictions » de la mer, bien à la portée des bourses modestes alors, comme les poulpes par exemple, lesquels poulpes sont devenus de nos jours inabordables pour l’immense majorité des Tunisiens. C’est ainsi que même ceux qui n’étaient pas originaires de Sfax prenaient presque immédiatement les bonnes habitudes sfaxiennes : boulot, dodo et quelquefois « gousto ». Peu à peu et presque par inadvertance, les Sfaxiens ainsi que ceux qui venaient leur tenir compagnie dans leur cité se sont construits, au fil du temps, un rythme, des usages et un mode de vie particulier.
A leurs propres yeux comme à ceux des autres, les Sfaxiens passent (ou veulent passer) pour une communauté particulière, voire pour une "race" à part. Cela tient à la somme considérable d'idées reçues que les Sfaxiens ont d’eux-mêmes et que tout un chacun a d'eux. Bien malin qui pourrait d'ailleurs démêler le vrai du faux dans une nébuleuse d'idées reçues qui enveloppe l'image réelle des Sfaxiens comme le "brouillard" dense d'une dizaine de "chichas" les visages hagards d’une arrière-salle. Certains jurent que les Sfaxiens sont farouchement régionalistes, et ils le sont peut-être. D'autres que les Sfaxiens sont fondamentalement matérialistes, terre à terre, peu friands de culture et foncièrement pratiques, et ils le sont peut-être. Pour tous, les Sfaxiens passent pour être égoïstes, '"accapareurs" et négociants, même quand il ne s'agit pas de commerce. Cela ne fait pourtant pas des Sfaxiens des êtres à part, encore moins des pestiférés. De nos jours, qui n'est pas régionaliste, égoïste, matérialiste, inculte et prêt à commercer avec tout et en tout? Absolument personne, et surtout pas ceux qui jettent les premiers la pierre aux Sfaxiens. Simplement, les Sfaxiens ont eu pour ainsi dire un léger temps d'avance sur les autres. Ils se sont donc avérés par la suite mieux préparés aux "bienfaits" de l'enrichissement outrancier et de la mondialisation. Apparemment, cela dérange certains.
Le tournant de 1969
A dire vrai, les Sfaxiens d'avant 1969 ressemblent peu aux Sfaxiens de l'après 1969. Il faut peut-être rappeler aux plus jeunes qu'à cette date, un cyclone violent et brutal avait littéralement balayé des certitudes et des attitudes sfaxiennes quasi ancestrales. Si pour les Français, il y a un avant juillet 1789 et un après juillet 1789, pour les Sfaxiens, il y a un avant septembre 1969 et un après Septembre 1969. Avant 1969, les Sfaxiens les plus nantis cachaient pudiquement leur fortune et gommaient systématiquement tout signe extérieur de richesse. Les plus riches Sfaxiens vivaient quasiment comme les plus humbles. La "marka" constituait le plat commun pour tous, et le luxe relatif de certaines demeures sfaxiennes se terrait dans les "jenan", loin des regards envieux. Avant 1969, les Sfaxiens n'étalaient pas leur richesse par principe sinon par religiosité, et un des rares signes d'opulence pour un Sfaxien nanti est de boire un café au "Régence", lieu préféré des "bourgeois" par excellence. Avant 1969, les différences sociales n'étaient nullement criardes à Sfax. Tout bascula après 1969. Comme par enchantement, les Sfaxiens ont commencé à beaucoup dépenser et à le faire connaître autour d'eux et en toute occasion. Les mariages furent des occasions opportunes pour agir follement, sans aucune retenue et sans la moindre pudeur. Les discussions au coin du feu ne tournaient plus qu'autour de celui qui achetait la plus belle voiture, le plus beau salon, celui qui construisait la plus grande villa ou la plus luxueuse. Le Sfaxien devenait consommateur et gaspilleur, comme tout le monde. Avant 1969, une famille sfaxienne aisée prenait "beaucoup de risques" en achetant un paquet de cigarettes à l'occasion de l'Aïd, « Salem mentholé » de préférence, pour le distribuer cigarette par cigarette à l'assistance rassemblée, femmes comprises. Après 1969, le Sfaxien moyen n'a plus hésité à acheter un paquet de cigarettes tous les jours pour se pavaner sans risque et sans fausse honte comme un fumeur "diplômé". Au demeurant, quelque temps auparavant, tout fumeur était considéré par les Sfaxiens comme un mécréant et un "kalb souk". Bref, pour les Sfaxiens, 1969 a été l'année du big-bang, l'année du chambardement intégral, de l'apocalypse et de la mort de la tradition et du particularisme sfaxien. La raison est simple. En 1969, l'expérience socialiste a pris fin, rendant aux Sfaxiens leurs biens, leur commerce et leur liberté d'entreprendre. Mais le souvenir douloureux des "coopératives" et de la collectivisation forcée a si profondément marqué les esprits que jamais plus les Sfaxiens n'ont été capables de se libérer totalement de cette hantise. Ils n'ont jamais oublié non plus que tout pourrait recommencer, alors autant consommer jusqu'à la folie et l'ivresse. De nos jours, un Sfaxien travaille et "produit" beaucoup, mais il dépense et fait le fou beaucoup aussi.
Avant 1969, si un Sfaxien était marié à une Tunisoise, celle-ci était automatiquement traitée de cuisse légère, de voleuse de mari, quelquefois même d'une quasi pute. C'est bien pire si la dame était du Sahel, du Sud ou d'ailleurs. Une Sfaxienne qui se marie avec un non Sfaxien était traitée automatiquement de moins que rien (rkhissa), de "gaabouta", et sous le manteau de quasi pute elle aussi. Certains sont allés jusqu'à contester à une pareille énergumène son "certificat d'origine". Naturellement, une Sfaxienne mariée à un "étranger" est bien entendu moins quasi pute qu'une "étrangère" mariée à un Sfaxien. Tout de même, enfer et damnation pour celui ou celle qui "souille" la lignée magnifique des Sfaxiens.
Avant 1969, les Sfaxiens sortaient peu de leurs tanières, et une infime minorité avait osé braver l'interdit et construit ou acquis un logement à Tunis. Alors qu'une forte colonie "djerbienne", "ghomrasienne", "métaoua" , "douirat" et je ne sais encore, s'étaient installées à Tunis depuis des lustres, peu de Sfaxiens s'étaient installés à Tunis. Tout s'est passé comme si Sfax n'avait pas été touchée par les conséquences économiques et démographiques désastreuses de la pénétration coloniale, dont on peut par ailleurs mesurer aisément les ravages dans le Nord-Ouest, le Centre, le Sud et même le Sahel. Cela ne veut pas dire que les Sfaxiens n'ont pas souffert de la colonisation ou qu'ils se soient montrés moins patriotes sous le protectorat français. Les Sfaxiens ont souffert et ont été martyrisés comme les autres Tunisiens, ni plus ni moins. Certes, Sfax n'était pas une zone "militaire" comme Kébili ou Tataouine, mais Sfax, comme Gabès ou Gafsa, a produit elle aussi des patriotes et des syndicalistes de renom, animée qu'elle était par un farouche patriotisme et par une non moins religiosité exacerbée.
Culture et religion
La religiosité des Sfaxiens n'était pas feinte. Elle est apparue à la surface avec l'émergence du fondamentalisme religieux au cours des années 70. Mais cette religiosité est très ancienne, réelle et profonde, et en aucun cas factice ou « commerciale ». De surcroît, Sfax n'a pratiquement pas produit des "cheiks" scélérats, accommodants ou quelque peu "défroqués" ou apostats. Jusqu'à une époque récente, les "cheiks" sfaxiens étaient rigides et rigoureux, voire rigoristes. Cela ne les a pas empêché d'aimer et de "faire" de la musique. Ainsi rencontrait-on parfois à Sfax des musiciens qui étaient "cheiks" aussi, et des "cheiks" qui se défoulaient gaiement lorsqu'ils devenaient musiciens ou chanteurs. Partout les "cheiks" sont souvent ou repoussants ou peu respectables. A Sfax, les "cheiks" sont généralement avenants, joyeux et même sympathiques. Curieux mélange dira-t-on. Rien de plus normal au fond, car les Sfaxiens c'est ça, un mélange détonant de tous les contraires, mais un cocktail explosif qui n'explose pas : beaucoup d'abandon à Dieu, confinant parfois à l'ascétisme, et une soif de vie confinant souvent à l'épicurisme.
Le seul évènement culturel à Sfax est constitué par un mariage, disent certaines mauvaises langues. A défaut de culture, un mariage à Sfax se transforme inévitablement en une occasion rêvée pour se goinfrer et se soûler aux frais de la princesse. Certes, un mariage est partout propice à tous les débordements et à tous les défoulements, mais à Sfax, c'est carrément une suite ininterrompue et "légale" de beuveries et de bouffes. J'ai rencontré un jour un ancien haut responsable politique qui me disait choisir de passer ses vacances d'été à Sfax parce que chaque soir était pour lui une occasion de se soûler gratis, sans honte, presque à la demande générale et en récoltant les remerciements chaleureux et reconnaissants des familles invitantes. Si avec ça les mariages à Sfax ne sont pas une bénédiction pour certains!
Aujourd'hui les Sfaxiens sont bien plus nombreux et en tout cas plus voyants dans les quartiers chics de Tunis que dans leur ville d'origine, qu'ils ont par ailleurs désertée en masse depuis plus de trois décennies. De nos jours, toutes les barrières ou presque sont tombées : les Sfaxiens se marient en nombre en dehors de leur "pays", et les Sfaxiennes font de même pour le plus grand bonheur de tous. Sfax n'est plus aussi sfaxienne qu'il y a quarante ans. Cela annonce la mort prochaine du particularisme sfaxien, et si l'on ne prend pas garde, le merveilleux accent sfaxien "ghawbaji" disparaîtra lui aussi, au grand dam des puristes et des nostalgiques comme moi. Peut être "la marka", la "bjaouia" et quelques autres vestiges d'un temps révolu réussiront-ils à passer entre les mailles du filet, mais rien n'est moins sûr. Nul doute que beaucoup se réjouiront d'une fin aussi inéluctable, digne au demeurant de celle des dinosaures. Le patriote que je suis et l'amoureux fou de son pays et de ses «pays» , éprouve, au contraire, une immense tristesse devant une fin si programmée. Dans mon cœur et dans celui de beaucoup, Sfax restera la ville où il faisait bon de manger un "keftaji", une "marka", de boire un mélange de citronnade et de "rouzata et de "gambader un dimanche entier entre Bab Eddiouan et le port sur l’Avenue Hédi Chaker sans jamais se lasser d'un spectacle finalement banal et passablement anodin.
Habib Touhami (Ancien ministre de la Santé)
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| | | nimz Homo Bannitus
Nombre de messages : 100 Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 3/3/2008, 13:15 | |
| - supracrevette a écrit:
- nimz a écrit:
- Ecrit par Habib Touhami (Ancien ministre de la Santé) TunisianMan une petite question quelle origine Sfaxien sont il arabe ou berbere ?
il faut faire des test adn Pas forcément les Djerbiens sont pour la plupart berbere et ont pas besoin du recours aux test ADN pour le savoirss ... | |
| | | tchen'tchina Homo Habilis
Nombre de messages : 648 Age : 49 Date d'inscription : 06/09/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 3/3/2008, 22:13 | |
| et est-ce que tu peux nous expliquer la pertinence de ta question ? | |
| | | H.L Homo Habilis
Nombre de messages : 124 Date d'inscription : 08/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 4/3/2008, 02:00 | |
| C'est mechamment regionaliste cet article.... | |
| | | OverDrive homulus magnus celer
Nombre de messages : 2123 Age : 49 Date d'inscription : 02/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 4/3/2008, 02:39 | |
| - H.L a écrit:
- C'est mechamment regionaliste cet article....
Non je ne dirai pas ça. Il essaye de dédramatiser une certaine réalité. Des régionalistes qui reprochent le régionalisme des sfaxiens. Des matérialistes qui reprochent le matérialisme aux sfaxiens. Ils n'ont pas inventé le régionalisme, ni le matérialisme, en plus cette généralisation occulte l'orientation au niveau de chaque individu pris à part. Quand on veut parler de régionalisme ou de matérialisme il faut parler en général car tout le monde est concerné et il ne faut pas laisser glisser un épanchement d'une certaine rancune envers les sfaxiens, les sahéliens, les Tunisois, les jandoubiens ou autres | |
| | | BoukhaGold Homonculus Belli
Nombre de messages : 1630 Date d'inscription : 03/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 4/3/2008, 04:06 | |
| [quote="OverDrive"] - H.L a écrit:
Quand on veut parler de régionalisme ou de matérialisme il faut parler en général car tout le monde est concerné et il ne faut pas laisser glisser un épanchement d'une certaine rancune envers les sfaxiens, les sahéliens, les Tunisois, les jandoubiens ou autres haou on a fait le tour ..chkoun 93ad ? | |
| | | sof Homulus Administratus
Nombre de messages : 2314 Age : 44 Date d'inscription : 02/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 4/3/2008, 11:44 | |
| les capbonnais ya Boukha | |
| | | BoukhaGold Homonculus Belli
Nombre de messages : 1630 Date d'inscription : 03/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 4/3/2008, 21:25 | |
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| | | Exupérence Homo Genius
Nombre de messages : 2119 Date d'inscription : 03/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 4/3/2008, 23:56 | |
| ba3d el marsaweya, ey (les vrais! mouch les arrivistes elli jéyin 3ala 5ater moudha w y7abbou villa pied dans l'eau -au point d'avoir provoqué, j'sais pas si c'est exprès ou pas, une érosion- w vue sur la mer ) mel b7ar lazreg lel gammarth, ta7ya el marsa!!!!!! quand elle deviendras une principauté, faites moi savoir quand vous aurez besoin d'un visa | |
| | | OverDrive homulus magnus celer
Nombre de messages : 2123 Age : 49 Date d'inscription : 02/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 5/3/2008, 00:47 | |
| el b7ar lazra9 ou 7ay el riadh( bou salsla) hévoukom wallaw "el marsa el gharbia". Bech trassi principauté 7oula | |
| | | TunisianMan Homo Habilis
Nombre de messages : 467 Age : 56 Date d'inscription : 01/08/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 5/3/2008, 01:57 | |
| aya mela haou sfeqsiya bech ideclariou l'independance maveb il marsaouiya 3andhom naz3a infisaliya wil gaboniyin heu les capboniyin may ji 7ad fi vfarhoum essghir | |
| | | BoukhaGold Homonculus Belli
Nombre de messages : 1630 Date d'inscription : 03/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 5/3/2008, 02:01 | |
| bsara7a 7add lehou mech idamma3 3achermoula ki etji tchouf .endhou anava ( pour le drapeau haouka Hannibal barça 3andou 7aja heyla ) | |
| | | Exupérence Homo Genius
Nombre de messages : 2119 Date d'inscription : 03/07/2007
| Sujet: Re: a lire absolument 5/3/2008, 04:06 | |
| - OverDrive a écrit:
- el b7ar lazra9 ou 7ay el riadh( bou salsla) hévoukom wallaw "el marsa el gharbia". Bech trassi principauté 7oula
ma demhom marsaweyya, koll chay labes! ça va être une principauté d'un genre nouveau! iiiih! mezzélou ya7kiw 3addrabouètes a7na 3anna mte3na ba3da (ey ey, kel asfer w a5dher, ama ejmal téba3 l'ASM hein! ) | |
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