[RUSSIE] Poutine ...

Vladimir Poutine juge "réaliste" de devenir Premier ministre
Reuters
Par Michael Stott Reuters - Lundi 1 octobre, 20h32

MOSCOU (Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine a déclaré lundi que l'hypothèse de le voir devenir un jour Premier ministre était "tout à fait réaliste".

Le maître du Kremlin, qui ne peut pas constitutionnellement briguer un troisième mandat consécutif à l'élection présidentielle de mars 2008, a également annoncé qu'il conduirait la liste du parti Russie unie aux élections législatives du 2 décembre.

Vladimir Poutine n'avait encore jamais livré d'indications aussi claires sur ses intentions.

En nommant un inconnu, Victor Zoubkov, au poste de Premier ministre le 25 septembre, il avait déconcerté la plupart des observateurs qui s'attendaient à le voir désigner une personnalité plus en vue comme "dauphin".

C'est alors que le scénario selon lequel il pourrait choisir délibérément un président fidèle et discret pour continuer à diriger le pays d'un poste-clé, comme celui de Premier ministre, a pris corps.

"En ce qui concerne la direction du gouvernement, c'est une suggestion tout à fait réaliste mais il est encore trop tôt pour y penser", a dit Poutine à l'ouverture du congrès de Russie unie.

"Deux conditions doivent être remplies au préalable: Russie unie doit remporter l'élection et une personnalité convenable, capable et moderne avec qui je puisse travailler en équipe devra être élue comme président."

La réalisation de ces deux conditions n'offre qu'un suspense très relatif.

Russie unie, parti présidentiel formé en 2001 avec la bénédiction du Kremlin, est donné largement vainqueur des prochaines législatives par les sondages, avec au moins 50% des suffrages. Il détient déjà avec ses alliés plus des deux tiers des 450 sièges de la Douma.

"LE MARCHÉ AIME TOUT CE QUE FAIT POUTINE"

La deuxième force politique, le Parti communiste, est créditée de 10 à 20% des intentions de vote.

En outre, la popularité de Poutine et le large contrôle exercé par le Kremlin sur la vie politique et les médias garantissent quasiment à celui que Poutine choisira comme successeur la victoire à la présidentielle de mars.

"Le futur statut du président, si Poutine devient Premier ministre, n'est pas très clair. Je ne peux pas exclure que le président devienne une figure purement honorifique même si c'est impossible sans amender la Constitution", a déclaré un analyste de la banque ING, Stanislav Ponomarenko.

"Zoubkov pourrait devenir une telle figure si l'on observe, à travers ses apparitions publiques, que l'une de ses principales tâches est de faire respecter les ordres du Kremlin."

Poutine a ouvert le congrès de Russie unie en saluant "une force qui maintient la stabilité politique et la réalisation de nos programmes sociaux et économiques".

A la proposition de conduire la liste du parti pour les élections législatives, Poutine a déclaré sous un tonnerre d'applaudissements qu'il accepterait "avec gratitude".

Cette décision, s'est félicité, Andreï Vorobiov, qui dirige le comité central de Russie unie, va assurer en décembre une victoire "inconditionnelle" à la formation présidentielle, qui selon lui devrait s'octroyer au moins 300 des 450 sièges parlementaires.

RÉACTION AMERICAINE

"C'était la décision la plus logique", a commenté Gleb Pavlovski, directeur de la fondation Politiques efficaces, liée au Kremlin.

"Elle lève le soi-disant problème de succession, qui supposait que Poutine remettre ses pouvoirs et quitte la scène à la fin de son mandat.

"C'est une initiative révolutionnaire parce que, pour la première fois depuis 1991, le pouvoir véritable pourrait se trouver ailleurs qu'au Kremlin. Il y aura un président au Kremlin, mais pas forcément un responsable national", a-t-il ajouté.

Dans les milieux d'affaires, on ne doute pas non plus que Poutine, devenu Premier ministre, conserve toutes ses prérogatives.

"Poutine sera chef de l'Etat dans les faits, il le sera simplement en tant que Premier ministre. Le marché aimera ça. Le marché aime tout ce que fait Poutine", assure Ian Hague, membre de Firebird Management, société new-yorkaise qui a investi un milliard de dollars en Russie.

A Washington, la Maison blanche a exhorté les autorités russes à organiser les prochaines élections de manière "libre, équitable et démocratique".

"Il reviendra, en dernier ressort, au peuple russe de se déterminer", a déclaré aux journalistes Dana Perino, porte-parole de la présidence américaine. "Nous suivrons avec beaucoup d'attention les consultations à venir en Russie".

WASHINGTON (Reuters) - Le magazine Time a désigné le président russe Vladimir Poutine
"personnalité de l'année" 2007, mercredi, en notant qu'il avait sorti son pays du chaos et l'avait replacé
au rang de puissance mondiale, mais sans guère se soucier des principes démocratiques.L'ancien officier du KGB tiré de l'obscurité en 1999 par le président Boris Eltsine figurera en
couverture d'un numéro spécial de Time, dont les rédacteurs voient en lui la personnalité qui, pour le
meilleur ou pour le pire, a eu l'impact le plus fort sur les événements.
"Ce n'est pas un 'type bien', mais il a fait des choses extraordinaires", estime Richard Stengel,
rédacteur en chef de Time, qui a annoncé le choix de Poutine sur la chaîne NBC.
"C'est un nouveau tsar de Russie et il est dangereux en ceci qu'il ne se préoccupe pas des libertés
civiques; il est indifférent à la liberté d'expression; il a le souci de la stabilité. Mais la stabilité, c'est ce
dont la Russie avait besoin, c'est pour cela que les Russes l'adorent."
"POUTINE A REMIS SON PAYS SUR LA CARTE"
Sur son site internet (www.time.com), la revue américaine relève que Poutine, fils d'ouvrier dont le
grand-père cuisinait pour Staline, a dirigé la Russie avec une persévérance résolue, une vision acérée et le
sentiment d'incarner le caractère russe.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a réagi au choix de Time en y voyant une reconnaissance du rôle
de Poutine dans la reconquête de la fierté nationale de son pays.
"Sous la conduite de Poutine, la Russie a réémergé comme un partenaire constructif et fiable dans la
structuration des relations internationales", a dit Peskov.
Le président russe avait pour "concurrents" l'ancien vice-président américain Al Gore, qui est arrivé à
la deuxième place devant l'auteur britannique J.K. Rowling, créatrice de Harry Potter, le président
chinois Hu Jintao et le général David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak.
Le président russe, dont le mandat expire l'an prochain, a exprimé l'intention de se maintenir au
pouvoir, peut-être en qualité de Premier ministre de son "dauphin" Dmitri Medvedev.
"Poutine a remis son pays sur la carte. Et il a l'intention de la redessiner lui-même", écrit Time. "Il va
continuer à diriger le pays en tant que Premier ministre et tenter d'en faire une nation d'un nouveau type,
qui ne serait redevable ni à l'Est ni à l'Ouest."
Version française Philippe Bas-Rabérin